L'édito : le droit de rêver

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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard... Merci, Messieurs. Merci pour les émotions partagées. Merci pour la leçon de réalisme dispensée samedi à Murrayfield. Pour être honnête, il nous a semblé que nous avions changé d’ère et de dimension, peut-être même d’équipe et de culture, tellement ces Bleus à l’efficacité insolente figurent aujourd’hui à des années-lumière de leurs prédécesseurs.

Ce n’est pas le moindre des exploits que d’avoir à briller par la froideur quand tant de générations tricolores, qui portaient haut la beauté du geste et le goût de l’attaque, ont tout perdu parce qu’ils fondaient les plombs à la première contrariété venue.

S’il faut davantage que six victoires enchaînées pour nous prémunir des risques d’une rechute, avouez quand même que ces scalps argentins, géorgiens, néo-zed, italiens, irlandais et écossais accrochés à la flèche du temps de Fabien Galthié ont une sacrée gueule.

Il y a désormais de quoi rêver en grand, même si l’époque fait hélas- la part belle aux principes d’une communication tellement corsetée et caricaturale que les acteurs n’osent même plus partager leurs ambitions. Ne parlez donc pas de Grand Chelem à ce XV de France des talents, c’est tabou. Trop tôt dans le calendrier. Trop risqué face à l’adversité à venir des Gallois, puis des Anglais… Bah voyons. Comme si nos adversaires avaient besoin de ça pour nous accrocher une cible dans le dos, avec la mention "équipe à battre."

Ne soyons pas dupes. Même s’ils n’en disent rien, les Bleus de Dupont doivent penser au Grand Chelem quasiment tous les jours en se rasant. Une fois le titre gagné, ils raconteront combien ce rêve les a portés, match après match. Cet automne, ils nous avaient déjà fait le coup en jurant ignorer le défi majuscule qui les attendaient face aux All Blacks… Avant d’avouer qu’ils n’avaient pensé qu’à ça.

On pourrait en rire, si cette com’éculée ne nous semblait pas aller à l’encontre du panache dégagé par cette équipe, généreuse et décomplexée ; ce XV de transe, comme nous le rebaptisons à la Une de ce journal, a tout pour emporter son monde sur le porte-bagages.

On pourrait en rire, si le rugby ne porte pas dans ses gènes cette part de légèreté face aux défis les plus invraisemblables ; ce soupçon d’irrationnel qui a renversé tant d’évidences, nourri tant d’exploits ; ce supplément d’âme qui a transcendé tant de collectifs, désormais écrits dans d’histoire.

On pourrait en rire, si l’évidence ne nous sautait pas à la gueule : ces Bleus, diantre, font référence aujourd’hui. Quand tout le monde s’accorde à glorifier leurs talents, ce n’est plus la peine d’essayer de se cacher. Puissent-ils désormais vivre au grand jour avec leurs ambitions. Avec leurs rêves, aussi. Les assumer, et goûter au "plaisir" d’avoir à supporter la pression qui accompagne sans cesse les favoris.

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