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Tournoi des 6 Nations 2022 - Shaun Edwards, qui aime bien châtie bien !

  • Artisan majeur des succès gallois pendant une décennie, le technicien reste une figure très appréciée dans la principauté
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Artisan majeur des succès gallois pendant une décennie, le technicien reste une figure très appréciée dans la principauté. Vendredi, son plan défensif et ses troupes ont joué un vilain tour aux Dragons rouges.

« Vous avez de la chance. Vous savez que tout le monde vous envie, les Français, par ici ? » Sur la route menant de l’aéroport au centre de Cardiff, Daniel, chaleureux conducteur de taxi habitué à véhiculer les joueurs du XV du Poireau, attise notre curiosité en cette pluvieuse matinée de vendredi. Fait-il référence à la série de six succès de la bande à Galthié ? De l’estampillé meilleur joueur Antoine Dupont ? De ce talent qui afflue dans tous les lignes tricolores ? Notre pilote, anglais d’origine, gallois d’adoption, lève le voile sur le fond de sa pensée : « Vous avez de la chance d’avoir Shaun Edwards, franchement. Je ne comprends pas comment l’Angleterre a pu ne pas le prendre en 2019 ? Et pourquoi le pays de Galles n’a pas tout fait pour le conserver ? Il se dit que la WRU ne lui proposait qu’un an… C’est fou, non ? »

Et nous de lui répéter les propos tenus par le technicien, une semaine plus tôt, dans nos colonnes. Ironie de l’histoire, l’intéressé, en visite familiale sur ses congés, se baladait alors dans les rues d’un village de la principauté : « J’avais beaucoup d’offres à la fin de mon contrat avec le pays de Galles. Il y avait au moins quatre nations qui me proposaient de travailler pour elles. J’ai choisi la France car j’avais décelé son potentiel unique pour le futur et je voulais faire de ses grands attaquants d’aussi bons défenseurs. Je ne veux pas être irrespectueux envers les autres sélections qui m’avaient contacté en disant ça… » Nul besoin de s’excuser, surtout quand l’on a raison. Shaun Edwards avait bien flairé l’aubaine. Le président de la FFR Bernard Laporte aussi, lui qui avait ficelé l’arrivée de l’Anglais avant même d’acter la nomination de Galthié.

Gallois d’adoption, presque de sang

Deux ans et demi après son départ sur une demi-finale de Coupe du monde perdue in extremis, la personne de Shaun Edwards suscite une profonde nostalgie au pays de Galles. Dans le Western Mail de vendredi, sur les cinq pages présentant le choc du soir, deux étaient consacrées aux souvenirs laissés par les onze années du divin chauve auprès du XV du Poireau. Pêle-mêle, Shane Williams y parlait de « ces entraînements qui étaient plus durs que les matchs », ceux qu’il avait surnommés « bone on bone », littéralement « os sur l’os », Dan Biggar y confessait « avoir été effrayé à plusieurs reprises » par le spécimen et Alun-Wyn Jones y présentait le concept de « violence légalisée » prônée par l’Anglais. James Hook, Lee Byrne, Jamie Roberts ou encore Gethin Jenkins y allaient aussi de leur couplet flatteur. Rarement un entraîneur a suscité autant d’attente et de crainte dans un avant-match.

L’attraction reste réciproque entre la principauté et son ancien serviteur : « J’ai une relation spéciale avec ce territoire, notamment avec ses supporters », reconnaissait dans nos colonnes l’ancien treiziste. Une histoire presque inscrite dans l’ADN de ce natif du Grand Manchester, à une cinquantaine de miles seulement de l’invisible frontière avec le pays de Galles : « Mon père était un mineur. Comme mes deux grands-pères. Quand j’étais jeune, il y avait les révoltes. Moi, j’étais rugbyman professionnel mais je soutenais leur lutte. » Jusqu’à arborer un logo en soutien à leur combat sur son maillot, en 1984. Une question de principe et d’identité : « L’industrie minière a une part aussi importante dans l’histoire de Wigan que dans celle du pays de Galles. Ce sont des environnements proches. »

« Je suis fier des gars »

Vendredi, pour la deuxième fois depuis son départ, Shaun Edwards est revenu sur cette terre qui lui est chère. Dans la peau du rival, donc. Et avec la réussite que l’on sait, à l’arrivée. À un tel niveau, la coïncidence ne tient pas du hasard : « Est-ce qu’il est plus facile pour moi de préparer un match face au pays de Galles ? Honnêtement, non. Certes, je connais un certain nombre de joueurs mais il y a eu tant de nouveaux qui sont arrivés depuis. » Quoi qu’il en dise, qui mieux que lui connaît le rugby gallois, sa propension à multiplier les attaques plein fer, le jeu au pied de Dan Biggar, les attitudes des Davies, Williams et autres Faletau ? À voir les Danty, Villière et Cros stopper les assauts de ses anciens protégés, ses récentes paroles prenaient tout leur sens : « Le secret de la défense est d’avoir une agressivité intelligente. Ça part de là. J’attends de mes joueurs qu’ils aient une attitude positive dans leur manière de défendre, qu’ils le fassent avec plaisir. » Au coup de sifflet final, le nom d’Edwards bruissait encore sur toutes les lèvres au Principality Stadium, de Dan Biggar aux chroniqueurs de tous bords. Pour la première fois dans le Tournoi depuis 2009, le XV du Poireau n’avait pas marqué d’essai à domicile. De ce stade où il a vécu tant de grands moments, emportant quatre 6 Nations, l’Anglais est reparti avec le sentiment du devoir accompli par ses hommes, vendredi. « Je suis fier des gars en défense, ils ont été très bons », nous glissait, dans un sourire masqué, le divin chauve de Wigan, samedi matin, au hasard d’une rencontre à Cardiff Bay. En le voyant presque radieux, on repensa à cette ultime question de notre chauffeur de taxi, la veille — « Il ne vous a pas intimidé ? » — ou encore au titre du Western Mail — « Il se trimballe avec une tête énervée mais c’est un grand penseur du rugby dans le fond  — et il nous vint cette conclusion : en tant que Français, le sorcier de Wigan ne peut nous inspirer rien d’autre qu’un franc sourire.

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