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Les Bleus aux portes de l'histoire

Par Vincent Bissonnet
  • L’histoire n’attend qu’eux
    L’histoire n’attend qu’eux Midi Olympique
Publié le
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Samedi 21 heures, à Paris, toute la France du rugby va pousser fort derrière la bande à Dupont. Avec la ferme intention de les voir décrocher le dixième grand chelem tricolore de l’histoire. Ce serait un des plus beaux, assurément.

Samedi soir, une dizaine de millions de supporters suivront des yeux, avec le cœur proche de chavirer, la bande à Dupont lorsqu’elle pénétrera sur la pelouse du Stade de France. Plus d’un siècle d’histoire les contemplera, aussi. Le meilleur joueur du monde et ses partenaires seront alors à 80 minutes d’inscrire leurs noms dans la légende en réalisant le dixième grand chelem de l’histoire du rugby tricolore. En quatre-vingt-douze participations, seulement neuf équipes de France ont signé une telle performance. Depuis douze ans, aucune ne s’en est même approchée. Le décor est posé. Les chiffres et les noms donnent le tournis et créent l’envie.

L’odyssée des protégés de Galthié mérite un bel épilogue. Ainsi qu’une place de choix au panthéon du rugby national, au milieu des Spanghero, Rives, Berbizier, Blanco, Benazzi, Pelous, Betsen, Magne et autre Jauzion. Tous, ici, nous parlent de leur admiration pour cette génération dorée et décomplexée.

Chacun à leur manière, ces prédécesseurs ont contribué à forger la légende des Bleus, à base de french flair et de casque à pointe. 1968 avait été marquée du sceau des frères Cambérabéro, Lilian et Guy, associés de la charnière pour l’éternité ; 1977, avec Jacques Fouroux aux commandes, a élevé la défense au rang d’art majeur avec un en-but resté inviolé pendant toute la compétition ; 1981 reste le sommet de Jean-Pierre Rives comme meneur d’hommes avec, pour haut fait d’armes, l’héroïque bataille de Twickenham ; 1987 incarne à merveille l’alliage du fer, métal dont était constitué le trident Ondarts-Dubroca-Garuet, et du feu, incarné par les Mesnel, Charvet, Sella, Blanco ; 1997 puis 1998, sous la férule de Skrela et Villepreux, a consacré une génération dorée, la même qui devait échouer aux portes du titre suprême la saison suivante, avec Lamaison à la botte ; 2002 et 2004 ont marqué la réussite de la combine à Bernard Laporte, axée autour de la rigueur et de la toute-puissance ; enfin, 2010 est désormais vue comme une oasis d’espoir au milieu d’une traversée du désert, avec Morgan Parra et François Trinh-Duc en symboles.

Le fol amour du public

Maintenant, place à 2022, donc. Et au dixième grand chelem, cap symbolique. Ce XV de France, aussi généreux que talentueux, s’apprête à écrire une des plus belles lignes des mémoires tricolores. Car l’attente a été décuplée par le poids des années et des désillusions. Et pour tout un tas d’autres raisons autrement plus réjouissantes. Car cette équipe possède en Antoine Dupont ce qui sera peut-être le meilleur joueur français de tous les temps.

Car il est composé par de surprenants Ovnis, Gabin Villière, l’ailier triathlète au parcours de marathonien, et Melvyn Jaminet, artilleur venu de loin, en tête. Car il regorge de talents rares, à l’image des Baille, Woki et autres Ntamack. Car il émane de son vestiaire un souffle magique, entre maîtrise et panache. Car son encadrement, mené par Galthié et Ibanez, constitue un magnifique pont entre les générations, avec les fils Penaud et Ntamack en traits d’union, vingt-cinq ans après le sacre des papas. Au-delà du simple élan de patriotisme, les supporters aiment follement cette équipe pour ce qu’elle est - un collectif jeune, déterminé et enflammé - et pour ce qu’elle laisse entrevoir à l’avenir.

Toutes ses promesses doivent être tenues samedi soir sous peine de susciter un profond dépit amoureux. Une défaite et les Bleus perdraient tout : le grand chelem et la victoire finale. L’étiquette de beaux perdants allait bien un temps, il leur faut plus et mieux désormais : un titre et la gloire. "Maintenant, on y est, on peut y penser et ça nous fait rêver à chaque fois qu’on pense qu’on est à une victoire de ça", s’extasiait, ce mardi, Romain Ntamack. Du rêve à la réalité, il ne reste plus qu’un pas. Un adversaire. Quatre-vingts minutes. Ce 19 mars constitue un premier rendez-vous avec la postérité pour la troupe de Fabien Galthié. Un autre est déjà prévu pour le 28 octobre 2023. Même heure, même lieu. Samedi, c’est une fin autant qu’un commencement. Le dernier jour d’une quête que l’on espère mémorable et accomplie. Le premier d’une nouvelle ère.

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