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Eddie Jones sur la sellette

  • L’Angleterre a raté son Tournoi et, logiquement, son sélectionneur Eddie Jones est en première ligne pour essuyer le feu des critiques. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
    L’Angleterre a raté son Tournoi et, logiquement, son sélectionneur Eddie Jones est en première ligne pour essuyer le feu des critiques. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Le caoch anglais doit assumer un second tournoi d’affilée à trois défaites. Samedi soir, il était clairement sur la défensive. Pour l’instant, la RFU le soutient, mais il faudra se coltiner une tournée en Australie.

La question a fusé presque tout de suite, aussi cinglante qu’un coup de fouet. "Un 6 Nations à trois défaites pour la deuxième année consécutive. C’est en deçà de ce que les Anglais attendent. Il faut se poser des questions qui fâchent. Pensez-vous toujours être l’homme de la situation alors que vous êtes critiqués de partout ?" Imperturbablement, Eddie Jones a répondu : "Ce n’est pas une question à laquelle j’ai envie de répondre." L’interlocuteur a maintenu la pression : "Mais pourquoi ?" Eddie Jones n’a pas perdu son sang-froid : "Je fais juste mon boulot. C’est une question qui est destinée à d’autres." Nouvelle offensive : "Qui doit y répondre alors ? La RFU ?". Nouvelle levée de bouclier : "Ecoutez, je ne pense pas à ça. Je n’ai aucun avis là-dessus."

Eddie Jones, le gourou recruté à prix d’or en 2015, l’homme aux trois tournois gagnés (2016, 2017, 2020) joue désormais clairement en défense. La RFU l’a pourtant confirmé dans ses fonctions, avec les limites de cet exercice évidemment (il est sous contrat jusqu’en 2025). Mais samedi, nous avons senti le technicien australien sous la pression. Il n’affichait plus le ton bravache de la semaine passée, quand l’expulsion précoce d’un joueur lui a déroulé un tapis rouge victimaire. Il a su en user pendant les jours qui ont suivi. Mais samedi, le roi était presque nu. Aucun fait de jeu n’explique la défaite anglaise. Elle fut nette et sans bavure. Les Anglais n’ont pas été ridicules, mais ils ont été dominés sur les points chauds avec ces six ballons gagnés par les Bleus sur grattages ou récupérations.

Au cœur du "vrai rugby", le pack anglais a souffert. "Après, si vous me demandez des tournants du match, j’en vois deux. L’essai des Français juste avant la pause fut un ballon d’oxygène pour eux. Puis, à un moment donné, Alex Dombrandt a été retenu sur la ligne. À un moment donné, c’est nous qui faisions l’essentiel des courses dans ce match. Si les Français s’étaient retrouvés à dix minutes de la fin avec juste cinq points d’avance, le match serait devenu très, très intéressant."

L’Australien joue profil bas

Mais Eddie Jones, quand il récupéra l’initiative du dialogue dans les coulisses du Stade de France, n’a pas voulu en rajouter. Il se sait sur le fil du rasoir, pas la peine de venir défier le danger en dansant sur un parapet. "Je suis déçu pour les supporteurs et pour les joueurs. Évidemment, je n’ai pas fait du bon boulot. Je veux bien le reconnaître, mais je pense que nous sommes dans la bonne direction."

Dimanche, la RFU s’est sentie obligée de publier un nouveau communiqué, toujours de soutien : "Eddie Jones est en train de construire une nouvelle équipe avec une stratégie claire. Un bilan sera bientôt effectué, mais comme après chaque Tournoi. Nous soutenons Eddie, son staff et les joueurs et nous attendons la prochaine tournée pour voir la reconstruction d’une équipe gagnante." La tournée en question se déroulera quand même… en Australie.

Eddie Jones traverse une passe difficile, c’est incontestable. Il est objectivement sur la sellette. Dans ce tourbillon qui pourrait l’engloutir, il se raccroche aux branches. Elles sont incarnées par les jeunes qu’il a lancés : Marcus Smith, Freddie Steward ou Harry Randall par exemple, ou des sélectionnés sur le tard comme Sam Simmonds ou Alex Dombrandt. Mais des esprits caustiques se demandaient si cette équipe n’avait pas besoin d’un bon vieux Owen Farrell, l’anti-flamboyance, pour rassurer tout le monde.

Pour qui le connaît, Eddie Jones jouait profil bas, c’est entendu mais même sur un mode atone, sa verve a continué à se déployer : "Je pense que ce match restera dans nos mémoires, comme une sorte de référence. Nous ne nous sommes pas sentis si loin, mais l’effort sera difficile si l’on veut franchir la marche qui nous sépare aujourd’hui des Français. Je remarque que nos joueurs les plus anciens continuent de pratiquer un bon rugby, nous avons donc un bon mélange pour avancer. J’en suis sûr."

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