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La chronique de Richard Dourthe : « Et du fond du cœur, merci... »

Par Rugbyrama
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Publié le Mis à jour
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Comme chaque semaine, l'ancien international français Richard Dourthe décrypte la performance des Tricolores. Aujourd'hui, c'est avec une certaine émotion que le petit chameau prend la plume...

J'ai entendu, ici et là, que « cette équipe de France était la plus grande de tous les temps ». J'ai beaucoup d'admiration -un amour inconditionnel, même- pour nos Tricolores mais je n'aime pas ce genre de sentence. C'est beaucoup trop simpliste, trop réducteur. Le XV de France de 1977 était terrifiant, celui de 1987 brillantissime et notre génération, en 1999, avait aussi de la gueule si je me souviens bien. À mon sens, l'équipe de France actuelle sera « la plus grande de tous les temps » lorsqu'elle aura remporté la Coupe du monde. Avant que cela ne se produise, elle est une belle et grande équipe, certes, mais une sélection à qui il reste une marge de progression importante. Et ce que j'aime, chez elle, c'est qu'elle en est consciente et reprendra le travail, lorsque la fête s'arrêtera... Si elle s'arrête un jour, ceci dit...

A-t-on vu le meilleur match des Bleus depuis le début du Tournoi des 6 Nations ? Clairement, non. Antoine Dupont et ses coéquipiers ont souffert sur quelques enchaînements anglais, laissé tomber six ou sept ballons en première période et ont globalement eu du mal à développer le jeu léché qu'on leur avait vu si souvent produire ces dernières semaines. Malgré tout, cette sélection a pour elle le triptyque « défense-occupation-conquête » dont ont besoin toutes les meilleures nations au monde, dans la mesure où elles sont un jour ou l'autre candidates au trophée Webb Ellis. Elle a pour elle un rideau de fer, une conquête quasi parfaite et un jeu au pied assez long pour prétendre étouffer un jour, et le plus tôt possible si j'en crois sa progression, les champions du monde sud-africains.

Mais on n'en est pas là, n'est-ce pas ? On peut bien profiter d'un tel bonheur pendant quelques semaines, avant de se basculer totalement vers la Coupe du Monde ? Non ? Parce que pour l'avoir remporté à deux reprises (1997 et 1998), je sais à quel point un grand chelem marque la vie d'un homme et la carrière d'un joueur. Je sais comme les gens me parlent encore, vingt-cinq ans plus tard, d'un essai à Lansdowne Road ou d'une victoire contre la Rose. Je sais que de mon côté, je n'oublierai jamais non plus comment je m'étais ruiné l'épaule en tentant d'assommer le centre gallois Mark Taylor, à qui je rendais dix kilos, et comment il m'avait été insupportable de quitter ce jour-là la pelouse du Parc des princes...

Eux non plus, n'oublieront rien de ce qu'ils viennent de vivre et d'offrir, puisqu'en rugby, l'un ne va jamais sans l'autre. Au moment de l'au revoir, les petits, j'ai donc juste envie de vous dire que c'était chouette. J'ai envie de vous dire que vous m'avez emporté ces six dernières semaines dans un tel tourbillon de sentiments (la joie, l'angoisse, la fierté ou la colère, parfois...) que je demande, à l'heure de conclure ma bafouille, si un sport peut s'asseoir à la table du Tournoi des 6 Nations et lui dire : « Je procure plus d'émotions que toi ».

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Les commentaires (2)
monach Il y a 2 années Le 22/03/2022 à 22:01

Attention aux blacks, à la coupe du monde, il vont arriver en France avec les dents qui labourent la pelouse, n'oublions pas qu'ils ont une revanche à prendre et qu'on les a battus alors qu'il étaient en fin de saison et en fin de tournée donc pas à leur meilleur forme.
Donc méfiance méfiance.........

Chabalou Il y a 2 années Le 20/03/2022 à 18:38

Belle chronique Richard que je partage. C'est effectivement une très belle équipe de France avec beaucoup de talents qui nous a procuré beaucoup d'émotions et de plaisir comme longtemps. Mais ils sont très perfectibles...quid de tous ces ballons en avant alors que des décalages et des trous étaient faits...cela nous aurait encore fait plus vibrer.
Et bravo aux autres générations qui nous ont aussi apporté de la joie. il ne faut pas comparer les chelem