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XV de France - Fickou, service gagnant

  • Fickou, service gagnant.
    Fickou, service gagnant. Midi Olympique. - Patrick Derewiany.
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Joyau individuel capable d’exploits en cascade à ses débuts en équipe nationale, le trois-quarts centre a su se muer en un patron de la défense, qui rassure dans les moments faibles, et en un partenaire idéal pour ses coéquipiers.

Que faut-il retenir de la partition de Gaël Fickou samedi ? Beaucoup se souviendront à juste titre qu’il a délivré ce XV de France en étant à la réception de la sautée de Romain Ntamack au quart d’heure de jeu pour inscrire son deuxième essai du Tournoi 2022. Joli clin d’œil du destin puisque chacun se souvient d’un autre essai de sa part contre ces mêmes Anglais. C’était le 1er février 2014 et, plutôt que de lancer les Bleus, le trois-quarts centre avait achevé la Rose en accélérant et en réalisant une merveille de feinte de passe à la 77e minute pour aller dans l’en-but adverse. L’action du succès et premier grand fait d’armes de Fickou en équipe nationale, puisqu’il avait ce jour-là ouvert son compteur international. Il célébrait sa quatrième cape, n’avait que 19 ans…

Huit ans et plus de soixante sélections plus tard, Gaël Fickou a grandi et a tellement élargi sa palette. Lui, le gamin surdoué, aux jambes de feu et crochets dévastateurs, n’est plus le même. D’un joyau individuel, le Racingman s’est mué en une perle collective. En février 2021, Fabien Pelous — qui l’a vu passer chez les moins de 20 ans — nous avait confié à son sujet : " Des bons joueurs, il y en a tous les ans et j’en ai vu passer un paquet. Mais Gaël, je ne comprenais pas, et je ne comprends toujours pas, comment il n’est pas devenu le meilleur joueur du monde."

Bien sûr, l’ancien Toulousain est toujours capable de fulgurances personnelles, comme sur son exploit qui l’a conduit derrière la ligne en écosse voilà trois semaines au bout d’un travers d’anthologie. Mais, si Fickou a longtemps laissé sur leur faim les techniciens qui l’avaient entre leurs mains tant son talent n’était pas exploité à la hauteur qu’il méritait, il a aujourd’hui décidé de le mettre au service des autres.

Trajectoire à la Conrad Smith

Depuis l’arrivée de Fabien Galthié à la tête du XV de France, et de Shaun Edwards à ses côtés, Gaël Fickou a été ultra-responsabilisé sur la défense, dont il est le capitaine et le garant. "On progresse beaucoup dans ce domaine avec lui, qui est un excellent coach, confiait Fickou récemment. Il nous fait énormément évoluer. […] On doit continuer dans le même état d’esprit. Il ne faut pas s’emballer mais, sur ce secteur clé au haut niveau, l’équipe a pris le bon wagon." Et elle le doit en partie au Varois de naissance, qui guide, dirige et replace à la perfection ses partenaires.

"J’essaye d’aider mes coéquipiers sur les systèmes défensifs, de leur apporter un peu de confiance. […] Je veille juste à faire quelques rappels quand je sens que nous sommes dominés, dans les moments où on glisse mal, où on ne monte pas assez fort." Au-delà, il montre l’exemple dans les tâches obscures. Voilà pourquoi, sur sa copie de samedi, il conviendrait surtout de retenir ses deux ballons grattés si importants. D’abord un, à l’entrée des 22 mètres français en fin de première mi-temps, deux minutes avant l’essai libérateur de François Cros. Puis un autre encore dans le camp des Bleus, à la 55e minute, quand les siens étaient sous pression. Un patron, un vrai. Revient cette réflexion, qu’on lui avait exposée après le match en écosse, qu’il fallait une sacrée dose d’humilité pour connaître une telle évolution quand on conserve un potentiel offensif pareil. "C’est gentil de me le dire mais le rugby est avant tout un sport collectif, nous avait-il rétorqué. Je pars du principe que, si je fais briller les autres, je brillerai aussi avec eux. […] Au début de ma carrière, je faisais plus d’exploits individuels mais je voulais varier mon jeu pour être plus complet."

Trajectoire qui rappelle celle de Conrad Smith, formidable attaquant devenu cheville ouvrière indispensable à la ligne de trois-quarts all black pendant dix ans, et décisive dans les titres mondiaux de 2011 et 2015… Et vous savez quoi ? à presque 28 ans, Fickou a remporté samedi le premier titre de sa carrière professionnelle.

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