L'édito : rien qu’une larme

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L'édito du vendredi par Léo Faure... Il faut croire que le rugby français, dans son entièreté, en avait tant besoin. Pas seulement de gagner, de toucher des pognes un trophée qui change tout à une glorieuse campagne et la concrétise. Ce sport et ces hommes avaient surtout besoin de pleurer un bon coup. Comme si ce grand chelem mettait un point final à douze années d’expiation collective, tout le monde a soudain laissé aller ses larmes. Sans plus de honte. Comme s’il en avait enfin le droit, que le trop-plein de frustration pouvait déborder. Un soulagement.

Leader en tout et parfois malgré lui, jusque dans l’émotion, Antoine Dupont fut le premier de cordée. Dès le coup de sifflet final, samedi, plongeant dans l’embrassade chaleureuse que lui offrait son "Cyssou" Baille pour craquer un bon coup, le demi de mêlée et capitaine des Bleus laissait ruisseler des larmes de mi-bonheur, mi-délivrance. Lui qu’on pensait impavide, imperméable à toute émotion exacerbée portait finalement sur ses épaules d’acier plus qu’un simple destin personnel. Il pouvait enfin relâcher la pression. Comme libéré.

Les larmes furent aussi celles de Fabien Galthié, mercredi. Dans le long entretien qu’il nous accorde (voir ci-contre), le sélectionneur assume ne plus vouloir voiler ses émotions. Il a craqué, au moment de revoir les images marquantes de ce grand chelem, dont certaines qu’il ignorait. Comme celles de Damian Penaud, pleurant lui aussi, dans les bras de son père Alain sur les barricades fiévreuses du Stade de France. La passation, la transmission, l’héritage et la fierté du nom. Tout a alors débordé.

Les larmes furent encore celles de Marc Lièvremont sur le plateau de Canal +, et celles d’Imanol Harinorquoquy dans l’émission Arrêt Buffet sur Rugbyrama. Parce qu’on pleure toujours d’un trop-plein d’émotions, mais que ces émotions peuvent être diverses. Multiples. Extrêmes et parfois antagonistes. Le détestable assassinat de l’Argentin Federico Martin Aramburu, en ce samedi 19 mars qui marquera décidément l’histoire du rugby français, a profondément fendu les armures. Une balafre à l’âme. Pour toujours, il s’est évaporé un peu de l’idée innocente que ces soirs de bringue, qui entourent les matchs du Tournoi, sont figés dans le temps du bonheur.

Les larmes, enfin, furent celles de Serge Betsen. Dans nos vidéos "Comme à confesse", diffusées sur Rugbyrama, l’ancien troisième ligne des Bleus craque au moment d’évoquer sa première sélection. Ce maillot bleu, fade pendant dix ans et de nouveau teinté du clinquant des rois, a marqué sa vie d’homme. Il a marqué la vie de tous les hommes et femmes qui l’ont porté. Les Bleus de Galthié et Dupont, qui viennent de lui accrocher une étoile supplémentaire, ne dérogeront pas à la règle. Ils entrent à leur place, dans le grand livre de l’histoire du XV de France. Cela vaut bien quelques larmes.

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Les commentaires (1)
Sergiou Il y a 2 années Le 25/03/2022 à 10:45

Que de bonheur sportif et émotif, a très juste titres ..
Les pleurs sont la force libérée de la victoire ,après les incertitudes du sport lui même. Le travail , les contraintes n'effaçant pas souvent le putain de grain de sable qui gâche la réussite finale!
Bravo aux vainqueurs de ce Grand Chelem 2022 !