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Facundo Isa : "Je veux soulever des trophées avec Toulon et l’Argentine"

Par Mathias MERLO
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Devenu un cadre du club au muguet, avec qui il s’est lié jusqu’en 2025, l’Argentin se livre avec franchise sur le renouveau du RCT, son statut de joueur étranger dans un club français, et sur l’état du rugby argentin.

Dans la ville, on entend que Toulon est de retour. Est-ce que vous êtes d’accord ?

Oui. Beaucoup de choses ont évolué dans notre état d’esprit. On a récupéré des cadres de l’infirmerie. Ce groupe développe une envie de gagner tous les week-ends, à domicile et à l’extérieur. On veut tous remettre l’équipe vers le haut. Depuis plusieurs semaines et l’arrivée de Franck (Azéma), on est forts sur nos systèmes de jeu. Le groupe comprend ce que veut Franck et, sur le terrain, ça fonctionne. On commence à monter en puissance.

Ce nouvel état d’esprit se voit-il notamment sur certains secteurs de jeu comme la mêlée ?

La mêlée, c’est un secteur particulier à Toulon. Toulon se doit d’être fort en mêlée. Avec le classement, le départ de Patrice (Collazo), le groupe s’est remis en question. On s’applique à avoir une conquête presque parfaite. On doit améliorer notre touche. La force que l’on a en mêlée, il faut maintenant l’amener en touche. Grâce à ses bases, on va pouvoir mieux s’exprimer de manière collective et on va prendre beaucoup de points.

Depuis votre prolongation, on vous sent complètement libéré…

Ce n’est pas qu’une impression (sourire). Oui, je suis libéré. Je commence plus de matchs et j’ai l’impression que je retrouve mon niveau. C’est fatigant de jouer tous les week-ends, c’est dur pour beaucoup de joueurs, on n’a pas eu de vacances. On n’en aura pas avant longtemps (rires). Six matchs de Top 14, on espère le plus de matchs possibles en Challenge, il ne faut pas lâcher. On est proche de la fin, on doit serrer les dents. On a la tête à Toulon. Tout le monde est très sérieux, on fait tout ce que l’on peut pour donner le maximum au club.

Sur la rade, la rumeur dit que Mignoni vous a envoyé un message pour vous retenir. Confirmez-vous ?

(sourire) Elle est dure cette question, non ? Je ne savais pas trop s’il allait vraiment venir. En 2017, avec lui, en trois mois, j’ai joué à un super niveau. J’étais touché de quitter de nouveau l’Argentine, surtout dans la manière dont ça s’est fait. Je voulais absolument jouer le Super Rugby. Il y a eu une histoire avec Toulouse, la Fédération a cru que j’avais déjà signé avec eux alors que pas du tout ! Pierre (Mignoni) m’a beaucoup aidé à cette période.

Comment Mignoni a-t-il tiré le meilleur de Facundo Isa ?

Il m’a donné beaucoup de confiance. La relation avec Pierre a été très forte. Tout est basé sur la confiance. Il savait de quoi j’étais capable en tant que joueur, mais aussi comme homme. J’ai eu envie de tout lui rendre sur le terrain.

Avant votre prolongation, votre président Bernard Lemaître avait qualifié votre situation, joueur étranger et international, comme un "handicap" pour le RCT. Comment avez-vous vécu cet épisode ?

Je comprends la situation dont parle le président. C’est dur d’avoir un joueur international. Mais, ce n’est pas de ma faute. C’est la faute d’un système. On a des calendriers horribles. Le joueur est prisonnier de cette situation. Je représente Toulon, quand je mets le maillot de l’Argentine. Je reçois beaucoup de messages de Toulonnais quand j’évolue avec les Pumas. On ne m’oublie pas, je le sens ! Je suis un joueur de Toulon, et quand je fais une bonne partie avec l’Argentine, je le fais aussi pour le club.

Est-ce que ça vous a fait douter au moment de prolonger ?

Je commence à connaître la maison (sourire). Je parle en privé, je ne parle pas dans la presse. Ce genre de choses, il vaut mieux laisser tout ça dans un bureau avec les bonnes personnes. Je n’en veux à personne. Je pars du principe que tout le monde peut se tromper ou faire quelque chose de mal sans faire exprès. Dans la presse, tout résonne beaucoup plus fort. Je vous le redis, je comprends le président.

À votre arrivée en 2014, est-ce que vous auriez cru rester autant de temps à Toulon ?

C’est une histoire complètement folle quand j’y repense. Je suis venu très tôt après la Coupe du monde avec les Pumitas (la sélection des moins de 20 ans argentins, N. D. L. R.). Depuis ce moment, tout passe vite. J’ai vieilli avec ce club (rires). On est toujours là ! J’essaie de faire l’histoire de Toulon. Je veux laisser quelque chose, un héritage. Je veux laisser mon maillot du RCT le plus haut possible.

Facundo Isa lors d'un match de coupe d'Europe cette saison avec le RCT
Facundo Isa lors d'un match de coupe d'Europe cette saison avec le RCT PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport

Vous le décririez comment cet amour pour le RCT.

C’est ma deuxième maison. C’est mon deuxième club après Santiago del Estero, mon club formateur. Je suis toujours en contact avec mes partenaires de l’époque. J’ai laissé beaucoup d’amis en Argentine. Je sais que je leur dois d’être à Toulon aujourd’hui. Je suis toujours là pour eux, et je serai toujours là pour Toulon même une fois que mon aventure sera finie. Toulon, ça restera à vie.

À 18 ans, vous étiez reparti en Argentine, car le manque était trop fort. Comment gérez-vous, maintenant, cette distance ?

L’Argentine me manque toujours. J’ai une part de ma vie à Toulon, ma maison, ma compagne, mes amis, j’ai tout ici. En quittant l’Argentine, j’ai laissé ma famille, les amis et mon club formateur. Depuis deux ans, je n’ai pas pu rentrer dans mon pays. C’est très dur…

On vous sent ému…

(des larmes montent dans son regard) Ça me touche tellement, vous savez. Avec le Covid-19, depuis deux ans, je n’ai pas pu rentrer en Argentine. Je n’ai plus vu ma famille depuis tout ce temps… Cet été, mon papa va venir me voir. Je veux essayer de faire venir ma mère à la fin de l’année. Deux ans, c’est tellement long… Ils me manquent beaucoup. Avec ma compagne, on se soutient. On a conscience qu’on a une belle vie en France même si on en a laissé une dans notre pays. On parvient à séparer les choses. Ici, je cours après mon rêve. C’est incroyable de porter le maillot de Toulon. Ça me rend toujours aussi fier.

Justement, il rêvait de quoi le petit Facundo de Santiago del Estero.

Il rêvait de faire quelque chose de grand pour lui et pour les siens. Je voulais être un Puma. Vous savez, de grands joueurs l’ont porté ce maillot. Maintenant, je représente Toulon même quand je mets le maillot des Pumas. Ce sont de grandes responsabilités.

Et maintenant, qu’est-ce qu’il vous dirait ce gamin ?

De continuer comme ça, le meilleur est devant lui. Il y a quelque chose qui l’attend à la fin. Je veux soulever des trophées avec Toulon et l’Argentine. Depuis 2017, je suis revenu en France pour chercher un titre avec Toulon. C’est ça mon plus grand rêve.

Comment avez-vous vécu le départ de Mario Ledesma, à la tête de l’Argentine depuis 2018 ?

Son départ m’a surpris. En novembre, on a eu une rencontre difficile face à l’Irlande (défaite 53 à 7). Ça ne s’est pas passé comme on le voulait. Au sein du groupe, personne n’imaginait le départ de Mario à un an du Mondial. L’annonce de Cheika m’a aussi surpris (rires). C’est un très grand coach. Il a beaucoup d’expérience. On va tout faire pour faire le meilleur parcours à la Coupe du monde.

Cette Coupe du monde en France, est-ce qu’elle est déjà dans votre tête ?

J’y pense tous les jours ! Quand je m’entraîne, quand j’entre sur le terrain, j’essaie de faire le mieux pour Toulon, en premier, puis pour les Pumas. Je veux montrer que je suis digne de jouer avec ma sélection. Je me suis déjà imaginé le premier match face à l’Angleterre, à Marseille, avec plein de Toulonnais qui poussent derrière les Pumas (rires). J’espère que tout le monde supportera l’Argentine !

À la vue de vos résultats, on a parfois le sentiment que les Pumas sont en régression. Qu’en pensez-vous ?

Le Covid-19 a beaucoup touché le rugby argentin. Depuis 2020, on n’a pas beaucoup joué et, surtout, on ne s’est pas beaucoup entraînés ensemble. On manque un peu de repères. Depuis la pandémie, on n’a également pas pu jouer à domicile. Le calendrier est horrible pour notre sélection. C’est dur à supporter pour notre groupe. Et, en plus, vous ajoutez des blessés… On est dans un processus d’amener de la jeunesse à certains postes. Bon, cette année, on a douze matchs pour construire et s’unir. On a trois matchs en Argentine, cet été, face à l’Écosse. Vous pouvez nous faire confiance, pour le retour à la maison, vous verrez une Argentine forte. On veut maintenir l’Argentine dans le haut niveau. L’Argentine en a besoin.

Interrogation plus légère, vous êtes le seul Argentin de l’effectif. Avez-vous converti vos partenaires aux asados* ?

Baptiste (Serin) et Gervais (Cordin) s’y intéressent ! J’essaie de leur apprendre, mais c’est dur. Ils ne sont pas encore très bons (rires).

* viandes grillées sur une sorte de barbecue

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