Les fruits du salary cap
Le grand roman de notre rugby a ceci de fascinant qu’il ne s’arrête jamais. C’est aussi son péril, certes, avec un calendrier qui déborde. Mais il offre un rebond infini au feuilleton proposé aux (télé) spectateurs. Et cette saison particulièrement, l’histoire ne manque pas de sel.
Tout juste refermée la page d’un Tournoi des 6 Nations beau comme on l’espérait, le récit du Top 14 reprend ses droits. Et là encore, cette année, il est éminemment excitant. Plus encore que d’habitude. Parce qu’il ne manque personne. Pas de Montpellier ou Lyon de la saison dernière, qui avaient trop vite décroché. Pas de La Rochelle ou Toulouse, qui avaient tôt fait de distancer la concurrence. En 2022, tous ceux qui ambitionnaient de regarder vers le haut sont au rendez-vous. Même Pau est encore "vivant" et, en cas de scénario très largement favorable, ne doit pas s’interdire de rêver. Enfin ! C’est une nouveauté, six ans après sa remontée en Top 14.
Au sujet de cette lutte plus ouverte que jamais, où onze clubs sont encore en course pour les phases finales à cinq journées du terme, il ne faut pas voir qu’une question de conjoncture un rien chanceuse, où toutes les planètes s’aligneraient soudain sans véritablement d’explications. Il faut aussi reconnaître les mérites où ils se trouvent. Ceux du salary cap, pour ce qui nous concerne ici.
La pratique n’est pas une invention française et, dans un registre beaucoup plus élaboré, elle avait déjà fait ses preuves en NBA par exemple. Son importation en 2010 dans notre Top 14 fut une riche idée. Par la régulation des masses salariales, la LNR alors dirigée par Pierre-Yves Revol, trouvait le meilleur des moyens pour garantir son spectacle. Parce qu’il n’y a pas de spectacle sans rivalité et sans suspense. C’est ce que la Ligue s’est assurée de préserver.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que les onze clubs en lice sont aussi ceux qui "bloquent" le salary cap. Qui en utilisent toute l’amplitude. Tous sur la même ligne de départ, ils luttent donc à armes égales ; au moins pour ce qui est de la constitution de leur effectif. À chacun, ensuite, d’en faire le meilleur usage.
Cela évite au rugby français ce que vit actuellement son cousin du foot : un club hégémonique (le PSG), aux moyens financiers démesurés par le fait d’un homme ou d’un état, et qui écrase la concurrence en s’adjugeant le titre avant même que la saison ne commence, sauf accident industriel. Ajoutez à cela la glorieuse incertitude des phases finales, joyaux de notre sport par la convivialité qu’il véhicule, et l’incertitude qu’il maintient jusqu’au bout, et vous avez ici tous les ingrédients d’un grand spectacle. Cette année plus encore.
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