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Tournoi des 6 Nations féminin : Les filles brillent en tête d’affiche

Par Jérôme PREVOT
  • Les filles brillent en tête d’affiche
    Les filles brillent en tête d’affiche Patrick Derewiany - Patrick Derewiany
Publié le
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Désormais, le tournoi des filles ne se déroule plus en marge de celui des garçons. Il lui succède, fruit d’une stratégie du comité des Six Nations qui fait le pari d’une compétition qui existe par elle-même, en profitant d’un engouement général pour le rugby féminin.

Les Bleues sont peut-être en train de marcher sur les traces des Bleus. On sentait bien, depuis quelques années, la montée en puissance du rugby féminin. Les récents rendez-vous l’ont vraiment fait toucher du doigt. Ils et elles étaient 14 000 à Grenoble pour France-Italie, puis 11 657 à Toulouse samedi pour France-Irlande avec la rude concurrence du Top 14 et d’un match décisif du TFC, à quelques kilomètres de là. Pour le France-Angleterre du 30 avril, le stade est déjà à guichets fermés à Bayonne (18 000 places).

France-Italie a aussi attiré 825 000 téléspectateurs, un bon score pour un week-end très estival et face à un adversaire qui n’est pas le plus prestigieux. En novembre, le match France-Nouvelle-Zélande avait passé la barre des 2 millions, une vraie performance. Le rugby féminin rencontre donc un vrai succès populaire. Un peu à l’image de ce que vit le football féminin, ramené à la proportion de son audience forcément plus universelle.

Pour en revenir au ballon ovale, 2022 est le début d’une nouvelle ère. Pour la première fois, le Comité des 6 Nations a décidé de programmer le tournoi féminin, non pas en même temps, mais tout de suite après celui des garçons, entre le 27 mars et le 30 avril. La nuance est de taille. Le Tournoi Féminin n’est plus dans l’ombre mais s’assume pleinement. Il vit sa vie, dans le cadre d’un rugby féminin en pleine croissance. Plus de 26 000 joueuses en France, soit +22% entre 2019 et 2021. Le Tournoi devient un axe majeur de développement pour le rugby européen, et même mondial.

Un effet halo

Benjamin Morel, patron du Tournoi, explique : «En 2021 sous l’effet de la covid, nous avions décalé la compétition des filles en avril, dans un format réduit. Et nous avons pu démontrer ce que nous pressentions depuis un moment : mettre les Bleues dans leur propre fenêtre allait produire un effet projecteur très bénéfique. En 2022, nous avons donc pérennisé cette solution, dans le format traditionnel du tournoi. Soit quinze matchs.»

Pour les spectateurs, les diffuseurs et les sponsors, le rugby féminin a quitté le rang de «sous-produit». Il se présente comme un sport à part entière. «En plus, ça met aussi en lumière des choses à améliorer. ça va forcer tout le monde à devenir meilleur, plus rapidement. Désormais, tout est sous l’œil des projecteurs et pour nous, c’est une manière de développer plus rapidement le rugby féminin», poursuit Benjamin Morel.

Le Tournoi des 6 Nations est fréquemment cité comme la plus belle compétition du monde, celle qui attire la plus forte moyenne de spectateurs, celle que tous les autres sports nous envient par sa régularité et sa stabilité. 140 ans d’histoire, ça laisse des traces. Ce sens de la tradition est un capital qu’il faut savoir faire fructifier : «Pour les diffuseurs, il est plus facile de promouvoir l’événement alors que le Tournoi masculin est terminé. L’un sert de locomotive à l’autre. Il y a un effet de halo. Il est plus facile de servir plus spécifiquement le rugby féminin, sans se trouver noyé par toute la couverture du Tournoi masculin.»

En plus, pour la première fois, tous les matchs du tournoi féminin seront visibles sur les antennes, les sites et les applications des diffuseurs des six pays. «C’est vraiment très important que notre compétition soit visible dans sa totalité.»

Tik Tok : soutien décisif ?

Car, quand on parle de sports et de médias, tout est lié. Autre signe de cette montée en puissance : le tournoi féminin 2022 porte officiellement le nom de Tik Tok, réseau social fondé en Chine en 2016 dont l’application a envahi les smartphones depuis les années 2020-2021.

L’intérêt est d’abord financier, même si le montant du contrat est resté confidentiel (rappelons qu’il concerne tout le Tournoi, hommes et femmes, mais le naming ne concerne que ces dernières). Mais pour le volet féminin, la force de ce partenariat se ressentira au moins autant en termes d’exposition.

«Il nous permettra d’étendre notre exposition en dehors des matchs pour faire découvrir ce sport à un public plus jeune. Dans la semaine, entre deux matchs, cette application proposera des images et suscitera un intérêt croissant auprès des jeunes pour qu’ils regardent les matchs et se mettent à la pratique du rugby»

Les têtes pensantes du Tournoi surveillent de très près cette édition 2022, considérée comme "charnière". «Ce tournoi spécifique a joué un rôle propulseur avant la Coupe du Monde qui va se dérouler en fin de saison en Nouvelle-Zélande. Nous attendons cette épreuve depuis cinq ans puisqu’elle a été retardée d’un an à cause de l’épidémie»

Évidemment, le Tournoi féminin souffre aussi d’un certain déséquilibre au profit de couple franco-anglais : «Mais les autres nations travaillent d’arrache pied. L’Écosse, un temps délaissée vient de se qualifier pour la Coupe du monde. Le pays de Galles vient de gagner en Irlande.»

Mais c’est vrai, Benjamin Morel se félicite que l’aventure 2022 se termine par un France-Angleterre qui promet d’être tellurique avec le cap des 2 millions de téléspectateurs comme enjeu suprême. Ce fut déjà le cas en 2019, il faudra donc faire au moins autant.

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