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Reportage - C’est quoi la « Racing family » ?

  • Boris Palu et Antoine Gibert sont deux des nombreux exemples de la réussite de la formation. Une formation qui s’est construite en opposition avec le Stade français.Mais pas seulement.On y développe aussi un état d’esprit dont l’identité est «La Racing Family» à travers diverses actions comme la dépollution de la Seine.
    Boris Palu et Antoine Gibert sont deux des nombreux exemples de la réussite de la formation. Une formation qui s’est construite en opposition avec le Stade français.Mais pas seulement.On y développe aussi un état d’esprit dont l’identité est «La Racing Family» à travers diverses actions comme la dépollution de la Seine. Icon Sport - Icon Sport
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S’il affiche une régularité éclatante ces dernières années en Top 14, le club francilien le doit en grande partie à la qualité de sa formation. Et au développement d’un état d’esprit propre à ses racines, construit aussi en opposition avec le Stade français. Reportage.

« Le Stade français nous a volé notre stade. » Dans la voix d’Antoine Gibert, la colère, dix ans après, est encore bien présente. Le jeune ouvreur du Racing 92 parle ici de l’épisode du Stade du Saut-du-Loup, devenu le complexe Christophe Dominici. « Gibus » porte alors les couleurs de l’ACBB qui évolue chaque week-end sur ces terrains nichés au cœur du bois de Boulogne. Las, par le biais de jeux politiques, le Stade français a hérité de cet espace destiné à devenir le centre d’entraînement des professionnels, provoquant un séisme en Ile-de-France. « Pour faire le chemin entre notre centre de formation du Plessis et la Paris-La Défense-Arena, il y a deux chemins : soit on prend le périph, soit on passe par les quais, raconte hilare son pote Boris Palu. Et chaque fois qu’on prend les quais, il me reparle de cette histoire. Il l’a vraiment encore en travers de la gorge. » Certes, ce n’est qu’une anecdote, mais elle nourrit une notion de derby qu’on s’attache à cultiver du côté du Plessis-Robinson.

Racing 92 v Castres OlympiqueBoris Palu et Antoine Gibert sont deux des nombreux exemples de la réussite de la formation. Une formation qui s’est construite en opposition avec le Stade français.Mais pas seulement. On y développe aussi un état d’esprit dont l’identité est «La Racing Family» à travers diverses actions comme la dépollution de la Seine.  - Top 14
Racing 92 v Castres OlympiqueBoris Palu et Antoine Gibert sont deux des nombreux exemples de la réussite de la formation. Une formation qui s’est construite en opposition avec le Stade français.Mais pas seulement. On y développe aussi un état d’esprit dont l’identité est «La Racing Family» à travers diverses actions comme la dépollution de la Seine. - Top 14 Icon Sport - Icon Sport

Et ça débute dès le plus jeune âge. Dans sa reconstruction, sous l’impulsion de Jacky Lorenzetti, le club des Hauts-de-Seine a priorisé la formation, marqueur fort de son identité. « Cette identité, elle se construit à travers nos opposants avec notamment les derbys contre le Stade français, souligne Christophe Mombet, directeur du centre de formation. Tout démarre de l’école de rugby. La première valeur de notre club, c’est la famille. La deuxième, c’est le respect. Le respect des anciens, des valeurs, des structures. » Et d’ajouter : « Ici, on aime porter le blaser.  » Cette image un tantinet bourgeoise qui colle aux Racingmen depuis toujours, elle est assumée. « C’est un état d’esprit, développe-t-il. Nous sommes un club qui a une histoire. Sur notre blason, il y a une date (1882). Et ça se respecte. » Au plessis-Robinson, quel que soit la catégorie d’âge, on ne s’entraîne qu’avec un maillot ciel et blanc sur les épaules. Une façon d’imprégner les gamins d’une culture « so british », très différente de celle qui sied au Stade français. Et ça marche.

Palu : « Je suis tombé sur un coach en cadet qui nous a inculqué la haine du Stade français »

« Dis papa, c’est vrai que ce ne sont pas nos amis le Stade français ? » Gaspard évolue chez les moins de 8 ans du Racing 92. Son père, c’est Maxime Machenaud. Et l’interrogation s’est pointée à l’aube de cette trilogie. « Chez les jeunes, le derby est une notion très forte, souligne Florent Guichard, manager des espoirs racingmen. Il y a peu de turn-over dans l’encadrement et nos éducateurs sont les meilleurs relais pour développer ce sentiment d’appartenance et insuffler notre état d’esprit. » « Je suis tombé sur un coach en cadet qui nous a inculqué la haine du Stade français, souligne d’ailleurs Boris Palu. Lui, il n’attendait que ce match tout au long de la saison. Et je sais qu’au Stade français, c’est pareil. Jean-Max Calice, qui est aujourd’hui au Racing depuis quelques années, a longtemps entraîné les jeunes au Stade français. Et lui, il faisait la même chose. Plus on monte dans les catégories, plus il y a de tensions d’ailleurs. » À tel point qu’au début de la présente saison, quelques débordements ont eu lieu autour d’un derby chez les moins de 18 ans. Une réunion a même été convoquée avec les responsables des clubs de Massy, du Stade français et du Racing sous l’égide de la Ligue et de son président Florian Grill. « Il ne faut pas tomber dans la bêtise, reprend Christophe Mombet, mais ce qui fait que cette notion de derby est très forte chez nous, c’est que notre effectif professionnel est truffé de joueurs issus de notre formation, ce qui est moins vrai au Stade français. »

La « Racing family » ? Un vrai melting-pot

En effet, la liste est une véritable litanie : Antoine Gibert, Boris Palu, Cedate Gomes Sa, Teddy Baubigny, Eddy Ben Arous, George-Henri Colombes, Hassane Kolingar, Ibrahim Diallo, Camille Chat, Nolan Le Garrec, Louis Dupichot, Max Spring. Sans oublier la figure tutélaire : Henry Chavancy, le premier de la lignée, ni les joueurs partis peupler les clubs de Top 14 et de Pro D2. « Quatorze en Top 14 et 21 en Pro D2 », annonce fièrement Mombet. « On pourrait presque faire un XV de départ uniquement avec des joueurs de la région parisienne, reprend Boris Palu. C’est là que la Racing family prend tout son sens. Mais, il y a aussi un vrai melting-pot. Il y a des gars qui viennent du XVIe arrondissement de Paris, des beaux quartiers, mais aussi de Colombes, Argenteuil ou ailleurs. C’est un mélange de fou, une richesse. Et quand on se retrouve chez les Pro, on est tous du Racing, tous de la même famille. » Tous enclins à défendre une certaine idée du rugby et une identité très forte.

Cette marque de fabrique, les responsables de la formation s’attachent à la développer. Différentes actions sont mises en place. « Ponctuellement, nous essayons de créer des passerelles avec notre histoire, précise Florent Guichard. Sous la forme de quizz, d’intervention des joueurs professionnels. » Mais pas seulement. Un exemple ? « En 2014, les jeunes avaient été sensibilisés à l’engagement des joueurs du Racing durant la première guerre mondiale, raconte Mombet. Je me souviens que les gamins de l’époque avaient été marqués. » Tout comme ils ont été sensibles dernièrement aux actions de dépollution de la Seine ou la récolte de denrées alimentaires en faveur de l’Ukraine orchestrées par Florent Guichard. Prochainement, Xavier Chauveau, ancien pensionnaire du centre de formation, passé par l’équipe professionnelle puis parti du côté d’Agen, aujourd’hui responsable de site et de la coordination Intégration pour France 2023, viendra témoigner de l’importance du double projet. « C’est difficile de mesurer l’impact sur les individus, souligne Mombet. Mais, ça colle aux valeurs que nous souhaitons véhiculer. Tout comme ça contribue au développement de l’esprit de groupe. C’est aussi pour ça que nos jeunes sont fiers de leurs couleurs, de leurs résultats, de leur appartenance à une famille. » Parce que la « Racing family » n’est pas qu’un simple concept. Et qu’elle fait sens quand sonne l’heure du derby contre le Stade français.

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