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Toulouse : dans les coulisses d’une rébellion

  • Les Toulousains en mode mobilisation avant ce huitième de finale retour. Signature d’autographes pour Julien Marchand. Détermination de Dupont, Delibes et Jelonch à quelques instants de s’approcher de cette rencontre décisive pour le suite de la saison des Toulousains. Photos Icon Sport et Twitter Stade toulousain Les Toulousains en mode mobilisation avant ce huitième de finale retour. Signature d’autographes pour Julien Marchand. Détermination de Dupont, Delibes et Jelonch à quelques instants de s’approcher de cette rencontre décisive pour le suite de la saison des Toulousains. Photos Icon Sport et Twitter Stade toulousain
    Les Toulousains en mode mobilisation avant ce huitième de finale retour. Signature d’autographes pour Julien Marchand. Détermination de Dupont, Delibes et Jelonch à quelques instants de s’approcher de cette rencontre décisive pour le suite de la saison des Toulousains. Photos Icon Sport et Twitter Stade toulousain Photos Icon Sport et Twitter Stade toulousain
Publié le Mis à jour
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Samedi, à Belfast, les champions de France et d’Europe en titre disputaient le premier match couperet d’une saison jusqu’alors mitigée. mais, malgré les mauvaises nouvelles du début de semaine, ils ont su forcer leur destin. Plongée au cœur de la révolte.

Plus que quarante-huit heures, ou à peine plus, pour renverser le cours de l’histoire. D’une saison en tout cas. C’est aux alentours de 15 heures, jeudi, que les joueurs toulousains se sont présentés à l’aéroport de Toulouse-Blagnac pour s’envoler en direction de l’Irlande du Nord. Fidèle à ses habitudes européennes, le club avait décidé de voyager deux jours avant ce huitième de finale retour face à l’Ulster. Jusque-là, ce programme a plutôt souri aux Rouge et Noir, lesquels avaient cumulé dix victoires lors des quatorze précédents déplacements européens sur les quatre dernières campagnes.

L’idée étant de renforcer encore les liens entre les hommes. Pour ce faire, rien de mieux que ces instants à l’étranger, propices à faire partager aux joueurs des moments privilégiés, parfois même totalement déconnectés du rugby : repas commun, activité ludique ou simple détente. « La semaine a été studieuse et sérieuse mais cela ne nous a pas empêchés de bien rigoler en jouant aux cartes ensemble », racontait Thomas Ramos.

Au cœur d’une saison si particulière, où s’entremêlent digestion d’un doublé historique Top 14 - Coupe d’Europe, reports incessants de décembre et janvier qui ont multiplié le nombre des doublons ou absence prolongée de sa dizaine d’internationaux ayant dominé les All Blacks puis offert au rugby français ce grand chelem tant attendu, le Stade toulousain avait besoin de se resserrer. Belfast pour basculer. Un match, pas seulement pour combler ces six points de retard, mais aussi donner aux deux mois à venir une autre dimension. Et les transformer encore en or.

Les Toulousains en mode mobilisation avant ce huitième de finale retour. Signature d’autographes pour Julien Marchand. Détermination de Dupont, Delibes et Jelonch à quelques instants de s’approcher de cette rencontre décisive pour le suite de la saison des Toulousains. Photos Icon Sport et Twitter Stade toulousain
Les Toulousains en mode mobilisation avant ce huitième de finale retour. Signature d’autographes pour Julien Marchand. Détermination de Dupont, Delibes et Jelonch à quelques instants de s’approcher de cette rencontre décisive pour le suite de la saison des Toulousains. Photos Icon Sport et Twitter Stade toulousain

Le défilé des troupes et l’humour de Brennan

C’est souvent (voire toujours) dans les difficultés qu’un groupe se révèle, ou se réveille. Ces derniers mois, le club en a connu son lot. Et le retour des Bleus sacrés n’a pas changé ce destin capricieux. En début de semaine, Cyril Baille et François Cros avaient rejoint une infirmerie qui se remplit inexorablement. Jeudi, il s’agissait de scruter le défilé des champions de France et d’Europe en titre en salle d’embarquement pour mesurer l’état définitif des troupes. Le duo ne s’est pas présenté. Ce sera sans eux. Sans Zack Holmes aussi qui, comble de l’infortune, s’est assommé sur la dernière action de la mise en place en fin de matinée, à peine trois heures avant de décoller. La loi des séries, vous connaissez ?

N’empêche, les visages des quelques partenaires du club (lequel avait organisé leur déplacement pour la rencontre) se sont éclairés quand le meilleur joueur du monde s’est pointé, passeport à la main. Antoine Dupont, ménagé mardi en raison de maux de ventre, était bien là, comme Pita Ahki, malgré un genou toujours douloureux. De quoi rassurer les anciennes gloires toulousaines déjà assises dans l’avion, tels Hervé Lecomte, Franck Belot, Grégory Lamboley ou Trevor Brennan, qui confiait en se marrant : « Je vais me cacher dans les tribunes samedi. Il ne faut pas qu’une caméra me voie. » En 2007, sa fin de carrière avait été précipitée quand il était monté dans les gradins d’Ernest-Wallon pour asséner un coup de poing à un supporter de… l’Ulster qui, éméché, proférait des insultes à son encontre.
 

Les Toulousains en mode mobilisation avant ce huitième de finale retour. Signature d’autographes pour Julien Marchand. Détermination de Dupont, Delibes et Jelonch à quelques instants de s’approcher de cette rencontre décisive pour le suite de la saison des Toulousains. Photos Icon Sport et Twitter Stade toulousain
Les Toulousains en mode mobilisation avant ce huitième de finale retour. Signature d’autographes pour Julien Marchand. Détermination de Dupont, Delibes et Jelonch à quelques instants de s’approcher de cette rencontre décisive pour le suite de la saison des Toulousains. Photos Icon Sport et Twitter Stade toulousain

L’entreprise de persuasion

L’ironie de l’histoire, c’est que les Toulousains avaient raté de peu, du côté de Blagnac, leurs meilleurs ennemis castrais, partis pour Brentford où ils devaient affronter les London Irish le lendemain soir. Et la décontraction des troupes du CO, qui n’avaient pas grand-chose à perdre en Challenge, tranchait nettement avec la concentration déjà prégnante des Toulousains, conscients qu’un immense défi se présentait à eux. Malgré les vents contraires, lesquels n’ont heureusement pas atteint les ailes de l’appareil en vol, ils avaient indéniablement déjà pris la mesure de l’événement.

Ce qui ne privait pas, quelques minutes après l’atterrissage sur le tarmac irlandais, Julien Marchand - capitaine blessé mais venu avec ses coéquipiers - d’amuser les quelques journalistes sur place : « Déconnez pas les gars, ne sortez pas qu’on leur fait une esbroufe et que je vais jouer les dix dernières minutes samedi. » Mieux vaut parfois en rire… Et Virgile Lacombe, dans la foulée, de nous confier : « On a perdu des gars mais on ne va pas s’apitoyer, il nous reste des armes. » Puis le manager Ugo Mola, attendant son bagage, de prophétiser : « Quand des joueurs manquent, ça révèle le caractère des autres. »

Ce fut d’ailleurs le sens du propos livré à ses hommes avant ce premier rendez-vous réellement couperet de l’exercice. Évoquant notamment qu’en décembre 2020, son équipe s’était imposée de sept points (écart suffisant pour se qualifier cette fois !) au Kingspan Stadium avec déjà un effectif amoindri. À l’heure d’aller chercher la victoire en fin de match, étaient sur la pelouse David Ainu’u, Yannick Youyoutte, Emmanuel Meafou (dont c’était seulement le deuxième match européen), Alexi Balès ou Louis-Benoît Madaule, lequel avait même contré une pénaltouche décisive pour offrir ce succès aux siens.

À la vérité, c’est à une véritable entreprise de persuasion que le manager s’est livré depuis le lundi. Il a martelé à ses troupes que, quel que soit le contexte, Toulouse ne lâcherait pas son titre de champion d’Europe comme ça. « Tôt dans la semaine, Ugo nous a mis en tête qu’on était capable de le faire et qu’on allait le faire, souriait Ramos. Forcément, quand tu l’entends dix fois par jour, tu commences à te l’imprimer. » Le but était là : l’ancrer au plus profond des esprits.
 

« J’ai senti qu’on avait basculé »

En prenant leurs quartiers au Crowne Plaza, les Toulousains connaissaient leur mission : montrer que l’histoire de l’institution la plus titrée de France et d’Europe était encore en marche. Et ce n’est sûrement pas leur président Didier Lacroix, né dans ce club, qui allait leur livrer un autre discours quand il a pris la parole devant tout le groupe. « Nous étions à peine arrivés et c’était un moment assez fort, avec des mots forts, soulignait Ramos. Didier nous a mobilisés. » En somme, voilà ce qu’il a dit à ses hommes : « Entre les reports, le calendrier, l’arbitrage et autres, vous avez mille excuses pour expliquer une élimination samedi soir. Personne ne vous en voudra et le club ne sera pas en danger. Mais perdre ne doit pas faire partie de votre langage. Je sais que vous ne voulez pas vous chercher d’excuses, justement parce que vous voulez simplement gagner. »

Encore fallait-il, cette fois, garder les ressources nécessaires pour la bataille. Vendredi, le staff avait axé sa journée sur la récupération. Une obsession : maximiser la fraîcheur, physique et mentale, clé de la rébellion. Et juste une séance au milieu de l’après-midi dans les installations d’une université voisine.

Pour la longue journée du samedi, le fil rouge était essentiellement le même, avec pour but de monter en régime jusqu’au coup d’envoi. Un réveil musculaire dans la matinée, une mise en jambes vers 16 heures, puis direction le Kingspan Stadium. « En débarquant sur place, j’ai senti qu’on avait basculé », assurait Ramos. La suite, au cours d’une nouvelle soirée d’anthologie, n’était qu’une page supplémentaire dans le légendaire roman toulousain. Laquelle peut accoucher d’un glorieux chapitre dans les semaines à venir.

À Belfast, cette équipe a peut-être changé son destin. Au moment de repartir vers la ville rose, les visages étaient soulagés, l’humeur plus légère. Au moment d’enregistre, en bon ancien flanker qu’il est, le président Lacroix s’extasiait de la performance de sa troisième ligne quelques heures plus tôt. La suite ? Mieux qu’une simple métaphore : malgré un retard à l’allumage, Toulouse pouvait enfin décoller. Vers un titre ou même un doublé ? « On n’en parle pas », prévenait Ramos. Puis de confesser : « Mais on aimerait bien. »

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