« Un meneur donne envie d'être optimiste et ambitieux »

Par Rugbyrama
  • Régis Brandinelli, au centre, lors de la signature de la convention entre son Stade niçois et l'Académie de Nice
    Régis Brandinelli, au centre, lors de la signature de la convention entre son Stade niçois et l'Académie de Nice Stade niçois
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Interview de Régis Brandinelli, président du Stade Niçois Rugby (Nationale/rugby)

Pourquoi votre club peut-il être considéré comme un club de Meneurs ? Qu’est-ce qui le rend à la fois unique et innovant ?

Ce qui peut qualifier le club de Nice d'innovant, c'est que d'abord, on est parti d'en bas. Suite à un dépôt de bilan dans les années 2000, on a eu la chance ou la malchance de descendre en Fédérale 3. Il a fallu reprendre l'intégralité du club. Globalement, les entrepreneurs niçois se sont mis autour de la table aux côtés d'anciens rugbymen avec l'objectif de garder l'esprit de club de rugby mais tout en assurant une gestion plus sécurisante pour éviter de remettre chaque année les compteurs à zéro. Nous avons monté trois divisions en cinq ans. Aujourd'hui, même en Nationale, notre association s'occupe de la formation qui comprend les Gaudermen, Alamercery, Crabos et espoirs. La SAS est en charge de l'équipe première. Et la holding, détentrice de la SAS, est constituée d'entrepreneurs des Alpes-Maritimes qui ont mis de l'actif pour acheter de l'actif. En l'occurrence nous avons fait l'acquisition de deux brasseries, des appartements dans Nice, des boutiques... On réfléchit à diversifier nos sources de revenus pas seulement en brûlant du cash tous les mois, mais en ayant des activités économiques qui nous rapportent de l'argent régulièrement et nous permettent de passer des périodes plus compliquées comme le Covid. On a décidé d'ouvrir une quatrième structure juridique là aussi qui est innovante. On a ouvert 5% du capital à nos supporters, soit des socios à travers une plateforme de crowdfunding. Ils ont mis entre 500 et 3000€ pour devenir des actionnaires prenant part au conseil d'administration du club. Notre modèle économique a vocation de créer une marque forte dans Nice. On développe une belle image de marque. À Toulouse, Castres ou Albi, il n'y en a pas besoin mais à Nice, c'est nécessaire. On a été obligé d'être innovant pour exister. Une ville comme Nice se doit d'évoluer en Top 14 ou en Pro D2. Les entreprises sont au cœur de notre fonctionnement. Toutes les semaines elles viennent faire des séminaires au club.

En quoi votre club est un acteur essentiel sur les plans économique, social et sociétal au sein de votre territoire ?

On essaie d'être un lieu de rencontres pour les entrepreneurs dans la semaine et pendant les matchs. Ça marche bien car ils retrouvent une ambiance qu'ils aiment bien. On a deux fois 400 m² de loges entièrement ouvertes. D'un point de vue social, l'association et la SAS travaillent énormément dans les cités de Nice. Les gamins niçois ne connaissent pas le rugby. Dans les quartiers défavorisés on a un rôle social mais aussi de prescription. Ça permet à certains gamins d'avoir un cadre et les familles sont contentes. Ce week-end on a eu beaucoup de jeunes de quartiers pas très orientés vers le rugby. Sur la partie sociétale, c'est une vraie différence que nous cultivons avec le Stade Français, notre partenaire stratégique. On oblige les jeunes dans le cadre de l'académie et du centre de formation de faire les études qu'ils souhaitent. Dans ma vie professionnelle j'étais chef d'établissement collège-lycée-classe préparatoire. Je suis aujourd'hui directeur général de l'université Côte-d'Azur. Je refuse même des joueurs qui veulent pas suivre des études supérieures. Je considère que nous avons d'abord un rôle d'éducateur. Je me sens bien quand je sais que les gamins s'en sortent bien. On connaît notre sport, les blessures existent. Les anciens rugbymen qui arrivent dans le professionnalisme sans avoir préparé quoi que ce soit, c'est une tragédie.

Comment souhaitez-vous faire grandir votre club dans le futur ? Quelle est votre vision d’avenir ?

On a la chance d'être dans une grande ville, avec un maire et des collectivités locales qui nous aident énormément. Nos infrastructures, pour une équipe de Nationale, sont très bonnes. Surtout, grâce à la nouvelle ligne de tramway, nous sommes proches du nouveau centre ville de Nice, pas loin de la promenade des Anglais. Aussi, c'est un paradoxe mais c'est beaucoup plus simple pour nous d'être en Pro D2 qu'en Nationale. J'ai plutôt tendance à avoir des inquiétudes si nous évoluons au niveau fédéral. À l'inverse, si l'on accède en Pro D2, nous aurons des investisseurs potentiels. Ensuite, la mairie a souvent dit que le rugby devait être tout en haut. La ville accueille les demi-finales de Top 14, héberge des matchs de la Coupe du monde... Sur la formation, nous souhaitons poursuivre notre travail. Cette année six de nos Alamercery sont rentrés dans le top 100 en France. Pour nous c'est une réelle réussite. Et pour promouvoir encore plus le rugby dans le territoire, puisque le Stade Niçois en est le club phare, nous allons faire des reportages insides avec BFM.

Enfin, quelle est votre propre définition d’un meneur ?

Pour moi un meneur est quelqu'un qui donne du sens, qui organise les choses correctement et donne envie d'être optimiste et ambitieux. Un dirigeant donne la direction et s'arrange pour que les équipes participent à ce projet, et aient la même ambition. Tout en partageant une vision, le leader doit rester positif même dans les moments difficiles. Il trouve des solutions, accompagne et donne de l'ambition et des sourires.

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