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Atcher : "Agir pour le rugby avec un grand R"

Par Rugbyrama
  • Claude Atcher (Directeur Général de France 2023, à gauche) et René Bouscatel (Président de la Ligue nationale de rugby, à droite).
    Claude Atcher (Directeur Général de France 2023, à gauche) et René Bouscatel (Président de la Ligue nationale de rugby, à droite). MIDI OLYMPIQUE - MIDI OLYMPIQUE
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A l’aube d’une première collaboration autour de la 23e journée de Top 14, les deux hommes ont accepté de partager leurs idées et leurs projets avec ce même objectif commun de rendre le rugby français, qu’il soit professionnel ou amateur, plus fort à l’horizon 2023. N’en déplaise à certains...

Qu’est ce qui vous a conduit à associer France 2023 au Top 14 ?


Claude Atcher : Que France 2023 trouve un temps de communication partagé avec les clubs professionnels et la Ligue sur l’optimisation de l’impact de la Coupe du monde de rugby, c’est naturel. Qu’on le fasse le 23 avril sur la 23e journée de Top 14, cela relève de la symbolique. C’est une question d’opportunité que nous avons saisie.

René Bouscatel : Je veux surtout insister sur l’importance de la Coupe du monde en France 2023. Faisons en sorte qu’elle soit une réussite même si j’en suis convaincu. Aujourd’hui, c’est une question d’hommes et de feeling. Il est important d’agir en bonne entente dans l’intérêt du rugby, qu’il soit amateur ou professionnel.

C.A. : Oui, nous voulons agir pour le Rugby avec un grand « R ».

Quelles seront les actions concrètes menées conjointement ?

C.A. : C’est une association où nous allons mobiliser notre capacité à exposer notre logo France 2023, nos ambassadeurs sur les stades.

R.B. : Il y aura notamment un « marquage terrain ». C’est assez unique que nous mettions à disposition cet espace de communication autrement que pour nos partenaires. Il y aura des messages dans les écrans géants, les leds aux couleurs de France 2023 et d’autres activations.

C.A. : Le trophée sera également exposé à Marseille dans le cadre de la rencontre entre le RC Toulon et le Stade toulousain. Le coup d’envoi fictif sera donné par un apprenti de notre programme Campus 2023 et par Frédéric Michalak.

R.B. : Il a appris à buter (rires) ? Plus sérieusement, sur chaque terrain, un apprenti de Campus 2023 donnera le coup d’envoi de la rencontre.

C.A. : Dans la dynamique de la famille 2023, nous allons aussi faire gagner des places de match de Top 14. Aujourd’hui, nous avons 850 000 membres actifs.

Les résultats du XV de France, les records d’affluence dans les stades de Top 14 et de Pro D2 et l’organisation en France du Mondial tendent-ils à montrer une conjoncture très favorable au rugby français actuellement 

R.B. : C’est une œuvre commune et notre passion à tous. En travaillant ensemble et en se fédérant, nous parvenons à de beaux résultats. Le grand chelem n’est qu’une étape. Il faut viser plus haut, avec beaucoup de travail et un peu de chance.

C.A. : C’est une chance incroyable de recevoir une deuxième Coupe du monde en 16 ans. Peu de fédérations sportives ont cette opportunité. Aujourd’hui, nous avons l’expérience de 2007, d’où la mise en place de Campus 2023, un programme destiné à former des jeunes qui œuvrent dans les clubs, dans les territoires, pour mieux anticiper l’afflux de nouveaux licenciés. Tout ça conjugué avec le grand chelem et l’attractivité du Top 14, c’est une dynamique incroyable. Mais ne nous reposons pas sur nos lauriers. René a raison, le grand chelem n’est qu’une étape. Sans vouloir mettre trop de pression, nous devons poursuivre dans cette voie pour être en capacité de remporter cette Coupe du monde. C’est hyperimportant pour l’ensemble du rugby français. L’objectif de tous ces vecteurs, c’est de faire du rugby le premier ou le deuxième sport en France après 2023.

R.B. : Quand les hommes partagent un même objectif, une même passion, on finit par s’entendre et à créer une belle émulation. On le voit aujourd’hui. C’est peut-être imperceptible pour certains, mais c’est une évidence pour nous. Il y a vraiment de bonnes ondes.

C.A. : On a l’habitude de dire que ce sont les hommes qui font les projets, mais cette dynamique aujourd’hui est capitale. Et les relations entre France 2023, la Fédération et la Ligue sont au beau fixe. Cette volonté de collaborer et de tirer profit de tous ces événements est capitale.

R.B. : Même si ça peut faire grincer les dents de certains…

Justement, cette bonne entente n’a pas toujours été le cas par le passé. La réussite actuelle du rugby français n’est-elle pas la meilleure des réponses ?

R.B. : J’en suis un exemple. Quand j’étais président de club, je n’ai pas toujours eu de bonnes relations avec la FFR. Je crois qu’il faut dépasser les intérêts corporatistes et les intérêts de chaque club dans le cadre de l’intérêt général. Je l’ai découvert en devenant président de la LNR. C’est l’intérêt général qui doit primer. Aujourd’hui, le grand chelem du XV de France, c’est la réussite de tout le rugby français. C’est la promotion du rugby. Nous sommes tous là pour faire vivre le rugby.

C.A. : Et nous devons être conscients que si nous parvenons à réunir toutes nos valeurs ajoutées, 1+1 ne sera pas égal à 2. Pour moi, c’est ça que tout le monde doit comprendre. 1+1 = 3. Notre objectif doit être de poser le rugby à niveau qu’il n’a jamais atteint dans son histoire. Un exemple. Quand je vois l’ambitieux programme RSE de la LNR, quand je vois ce même type de programme pour France 2023, quand je vois que la FFR commence à suivre, cette image est capitale dans notre société d’aujourd’hui. Si l’on n’est pas capable d’exposer des notions de responsabilité et d’exemplarité, on passe à côté de l’essentiel. Nos trois institutions vont aujourd’hui dans la même direction.

R.B. : Ce sont les valeurs du rugby : le savoir-vivre et vivre ensemble.

C.A. : Il y a un an, la LNR avait créé l’opération des « seniors isolés ». Nous avons décidé de la reprendre sur la Coupe du monde de rugby avec cette association des petits frères des pauvres. Tous nos apprentis de Campus 2023 vont prendre contact avec ces personnes isolées et vont les inviter sur un match de la Coupe du monde. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas hésiter à se copier les bonnes idées.

R.B. : Ce sont des idées que l’on partage confusément, mais qu’on ne savait pas exprimer jusque-là. Aujourd’hui, on les exprime parce qu’on se parle et qu’on collabore. En fait, jusqu’à présent, chacun travaillait chacun chez soi. On se rend compte qu’en se fédérant, nous devenons plus visibles.

C.A. : Nous n’allons pas régler le problème des « seniors isolés » puisqu’ils sont je crois au nombre de 3 millions. Mais nous allons en chercher 1 500 pour leur offrir un peu de plaisir. Et pour nos apprentis, c’est aussi une sensibilisation à la citoyenneté de l’engagement sur les relations intergénérationnelles.

Quelles seront les prochaines synergies ?

C.A. : Certains clubs professionnels vont accueillir des camps de base. Le Lou reçoit la Nouvelle-Zélande, Montpellier les Samoa et le RC Toulon pourrait accueillir l’Afrique du Sud. La Rochelle sera aussi un camp de base pour une nation participante. Certains managers nous ont d’ailleurs fait part de leur envie d’un partage d’expérience avec les staffs des clubs qui vont les accueillir. Des clubs de Top 14 sont également impliqués dans la commercialisation des hospitalités. Et puis, nous avons ouvert le sujet très important de l’héritage.

Justement, Bernard Laporte a souvent évoqué que cet héritage serait intégralement à destination du rugby amateur. Les clubs professionnels ne seront-ils pas du tout intéressés ?

C.A. : C’est le sujet sur lequel nous travaillons aujourd’hui.

R.B. : Nous réfléchissons à coordonner des actions fléchées.

C’est-à-dire ?

R.B. : Tout dépendra de l’héritage, mais nous travaillons sur des sujets tels l’arbitrage, la formation. Nous en discutons entre gens de bonne compagnie.

C.A. : Le principe est acté que les clubs professionnels et la Ligue vont bénéficier d’un pourcentage de l’héritage de la Coupe du monde. Et nous paraît logique, tant à France 2023 qu’à la FFR.

R.B. : Ces discussions portent leurs fruits. Nous devons un plan global du développement du rugby en général en concertation avec la fédération dans l’intérêt de tous.

Comprenez-vous qu’il puisse encore y avoir des réticences ou des freins à cette collaboration ?

R.B. : Il en faut des réticences, c’est à nous de savoir les dépasser. Je sais que certains clubs professionnels n’étaient pas d’accord pour collaborer avec la FFR. Tout le monde sait qu’il y a des intérêts parfois contradictoires. Quand un club a dix joueurs en équipe de France, ça peut s’entendre. Et pourtant, ce ne sont pas toujours les plus impactés qui crient le plus fort.

C.A. : Pour renforcer cette idée de collaboration, je tiens à remercier encore la LNR d’avoir voté un calendrier 2023-2024 qui laissera toute sa place à la Coupe du monde. Aucun match de Top 14 ne se déroulera pendant la compétition. Sacraliser la Coupe du monde, c’est une décision capitale pour nous.

R.B. : Peut-être que certains ont grincé des dents en dehors du comité directeur, mais cela s’est fait très naturellement. Nous jouerons en amont du Mondial et nous reprendrons juste après la finale. Je comprends que cette longue coupure puisse poser problème dans la préparation, mais cela nous semblait être un effort nécessaire. Ce n’est pas tous les ans que nous avons une Coupe du monde en France. Le plus dur, ce sera 2024. Tout sera question d’équilibre.

En quoi une Coupe du monde en France peut permettre aux clubs professionnels de capitaliser sur cet événement ?

C.A. : Vous savez, nous avons avec la famille 2023 une base donnée immense que nous mettrons à disposition des clubs. Ça représente 850 000 personnes. Cet héritage a une valeur commerciale. Tout comme nos 28 partenaires que nous allons inciter à poursuivre leur investissement dans le rugby.

R.B. : Notre travail à tous, ce sera de savoir comment nous allons les fidéliser au-delà de l’événement. Nous y travaillons avec France 2023.

C.A. : Tout comme nous réfléchissons avec nos partenaires Facebook et Instagram pour aller chercher de nouveaux publics, notamment les femmes. C’est encore une valeur commerciale qui sera laissée en héritage à la LNR et la FFR.

R.B. : La Coupe du monde est pour moi un « starter » pour développer tous nos rugbys. Nous espérons surfer et capitaliser sur le succès de l’événement.

C.A. : Mais attention, restons mobilisés. Rien n’est encore gagné. Il nous reste, par exemple, encore 80 millions de recettes à aller chercher.

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