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Mesdames, révoltez-vous !

  • Les Bleues de Gabrielle Vernier, soutenue par Laure Sansus, Romane Ménager et Gaëlle Hermet vont affronter l’Angleterre, référence mondiale. Photo MO
    Les Bleues de Gabrielle Vernier, soutenue par Laure Sansus, Romane Ménager et Gaëlle Hermet vont affronter l’Angleterre, référence mondiale. Photo MO Photo MO - Photo MO
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Restant sur neuf défaites face aux Anglaises tenantes du titre, les Bleues doivent briser cette malédiction pour réaliser le sixième grand chelem de leur histoire, après celui de 2018.

« Il n’y a pas de recette magique. À un moment, il faut savoir dire « stop ». On met le casque à pointe et on va sur le terrain avec l’envie de rouler sur l’adversaire. » Voilà ce qu’a répondu ce mercredi Imanol Harinordoquy, triple grand chelemard de son état, quand on lui demanda ce qu’il fallait faire pour battre un adversaire contre qui on connaît une longue série de défaites. Le Basque avait connu cela, contre l’Angleterre justement. Les Bleus avaient perdu deux demi-finales de Coupe du monde contre les « English ». Et au Mondial 2011, ils avaient fini par dire « stop ».

Ce samedi, à Jean-Dauger, ce sera au tour des Bleues de Gaëlle Hermet de le faire. De se révolter. De mettre un terme à cette foutue série de neuf défaites contre les « Red Roses » du sélectionneur Simon Middleton. La série en question dure depuis le 10 mars 2018, date de la dernière victoire des Tricolores contre l’Angleterre (18-17) dans un Stade des Alpes plein à craquer. C’était l’année du dernier grand chelem de nos Bleues, après ceux de 2002, 2004, 2005 et 2014, sans oublier la victoire dans le Tournoi en 2016. Depuis, les Red Roses imposent une domination sans partage sur le rugby européen et mondial.

Les Anglaises sont invaincues depuis 22 rencontres. À Jean-Dauger, elles joueront pour remporter leur quatrième Tournoi consécutif. Et elles l’ont même annoncé : « Nous n’avons pas peur de dire que nous venons en France pour remporter le grand chelem », déclarait la capitaine et numéro huit Sarah Hunter au sortir de la correction donnée aux Irlandaises (69-0). Les Bleues en prendront bonne note.
 

Pas de complexe d’infériorité

Sur le papier, les chiffres leur donnent raison. Les Red Roses ont littéralement roulé sur toutes leurs adversaires durant les quatre premières journées. Avant de défier la France, elles comptent 258 points marqués, pour seulement… 10 encaissés. Soit 42 essais inscrits et seulement deux concédés. Les Bleues présentent un bilan comptable tout aussi irréprochable (quatre victoires bonifiées), mais inférieur dans le détail avec 140 points marqués (dont 20 essais) et 24 points encaissés. Leur plus grande fierté ? Celle de n’avoir encaissé que trois essais sur l’ensemble de la compétition. Alors, certes, elles n’ont pas encore fait montre de la même force de frappe offensive que les Anglaises… Mais dans le chaudron de Jean-Dauger, les chiffres, les statistiques et toutes les autres « data » que les scientifiques du rugby aiment empiler ne vaudront plus rien.

Les Tricolores ne font pas de complexe d’infériorité : « Toutes nos défaites nous ont construites, déclarait la capitaine Gaëlle Hermet. Mais c’est une nouvelle saison, un nouveau Tournoi avec une Coupe du monde en fin d’année. On connaît notre passif avec elles. Ce sera une finale. Ça se joue à l’instant T. » « On souhaite vraiment oublier les défaites et repartir à zéro, prolongeait cette semaine la troisième ligne Céline Ferer. Dans le groupe il y a quand même beaucoup de filles qui n’ont pas connu ces défaites donc elles n’arriveront pas avec la même pression sur le terrain. Honnêtement, on a les moyens de battre les Anglaises. Le tout, c’est de bien faire les choses et de se concentrer sur ce que l’on aura travaillé. »
 

Jean-Dauger en fusion, Laporte sera présent

La seule chose que l’on pourrait regretter, c’est que les coéquipières de la demi de mêlée Laure Sansus s’avancent vers cette finale sans avoir signé de match référence, une prestation pleine, maîtrisée de bout en bout. À chaque journée, elles ont réalisé une première mi-temps tonitruante avant de s’éteindre dans le second acte. Sauf que cette fois, elles pourront compter sur un renfort de poids : 11 000 supporters qui seront massés dans un stade Jean-Dauger, pour un match que l’Aviron bayonnais se réjouit d’accueillir : « C’est la finale, on est à guichets fermés depuis un mois, nous confiait le président de l’Aviron Philippe Tayeb. Le seul regret qu’on peut avoir, aujourd’hui, c’est que le stade n’est pas fini. Ce match aurait mérité plus de 11 000 personnes. Honnêtement, ça va être un très gros match avec un grand spectacle. La Fédération sera présente. Bernard Laporte m’a confirmé sa venue. C’est vraiment une chance de pouvoir accueillir ces deux équipes. »

Bien qu’habitué aux chaudes ambiances de son stade, le boss de l’Aviron s’attend à ce que ce dernier s’embrase : « Si l’on peut s’attendre à une ambiance comme sur les gros matchs de Bayonne ? Sûrement, même plus ! On est dans une dimension nationale, c’est une finale. Cela déplace des gens de partout. La Fédé, qui gère la billetterie, a des demandes de toute la France. » Le diffuseur, France Télévisions, s’attend également à un carton en termes d’audience. On peut difficilement faire mieux, comme seizième joueuse…
 

Deshayes, la rage de vaincre

Alors, pourquoi ne le feraient-elles pas ? De toute évidence, toutes les conditions d’un exploit sont réunies. Et quand on connaît la rage de vaincre qui anime certaines des joueuses qui seront sur le terrain samedi, on se dit que tout est possible. Vous voulez un exemple ? Prenons celui d’Annaëlle Deshayes, qui signe un Tournoi remarquable. Parfois mise en difficulté dans l’épreuve de la mêlée fermée, la Lyonnaise compense par une énorme activité dans le jeu courant et une défense de fer, comme en témoignent ses 29 plaquages réussis pour seulement deux manqués depuis le début de la compétition. Savez-vous ce qu’elle fait pour progresser plus vite en mêlée ? Elle s’entraîne avec les Espoirs du Lou. Rien que ça. Et dès qu’elle dispose de trois jours de congés, elle fait six heures de voiture pour rentrer chez elle, en Seine-Maritimes, pour s’entraîner avec les séniors de son club formateur, le Rugby Club Yvetotais, qui dispute ce week-end une demi-finale de championnat Honneur contre Le Havre. Voilà un bon exemple de cette équipe qui aime faire honneur à son surnom, « les Affamées ».

Après tout, ces Anglaises ne sont pas invincibles : leur dernière défaite remonte au 14 juillet 2019 contre les Néo-Zélandaises (28-13 à San Diego). Et elles n’étaient pas aussi diminuées qu’elles le seront samedi (lire page 4). Aussi, les Bleues les ont déjà battues. À maintes reprises, et dans un passé pas si éloigné que cela : entre 2013 et 2016, les joueuses d’Annick Hayraud les ont vaincues à quatre reprises. Deux fois en France (à Grenoble en 2014 et à Vannes en 2016), et deux fois à Twickenham (2013 et 2015). Comme on l’a dit plus haut, elles ne font pas de complexe d’infériorité. Et elles ne doivent pas subir la pression : « On n’a jamais voulu cacher nos ambitions, martelait la manager Annick Hayraud la semaine dernière après la victoire contre le Pays de Galles. Que ce soit pour le Tournoi ou pour la Coupe du monde. On doit s’habituer à ce type de match et on doit tout mettre en œuvre pour réussir. Cela fait plusieurs années que l’on y met des moyens, que l’on étoffe notre groupe. On ne va pas se cacher derrière cette forme de pression. »

À Jean-Dauger, il n’y aura pas de pression. Juste l’ambition immense d’aller chercher un titre, avec l’aide d’un public somptueux : « À l’extérieur, on doit aller chercher l’énergie du public ailleurs, nous confiait la talonneuse Agathe Sochat. On a hâte de jouer à Bayonne parce que c’est toujours quelque chose d’exceptionnel que de jouer là-bas. Et puis, on a hâte de retrouver notre public, c’est une certitude. » Cela tombe bien, lui aussi. Et ce dernier mérite bien une rébellion contre l’ennemi anglais. Alors révoltez-vous !

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