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Top 14 - Les derniers coups de griffe de Maxime « Wolverine » Médard

Par Jérôme Prévôt
  • Maxime Médard vit sa dernière saison professionnelle après plus de 350 matchs disputés sous le maillot rouge et noir. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
    Maxime Médard vit sa dernière saison professionnelle après plus de 350 matchs disputés sous le maillot rouge et noir. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
  • Maxime Médard vit sa dernière saison professionnelle après plus de 350 matchs disputés sous le maillot rouge et noir.
    Maxime Médard vit sa dernière saison professionnelle après plus de 350 matchs disputés sous le maillot rouge et noir. MIDI OLYMPIQUE - PATRICK DEREWIANY
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Maxime Médard a annoncé sa retraite en fin de saison. Pour quelques semaines encore, l’arrière-ailier aux rouflaquettes nous fera admirer son sens inné de l’offensive.

On n’avait jamais autant attendu un joueur qui, finalement, n’a joué que 19 minutes. Mais la veille de ce Toulouse-La Rochelle, Maxime Médard avait annoncé sa retraite. Avec un peu de chance, on verra encore les rouflaquettes les plus célèbres du rugby français pour une poignée de matchs. Dans le meilleur des cas, Toulouse a encore huit matchs à jouer cette saison.

Maxime Médard a joué son premier match professionnel sous le maillot rouge et noir en novembre 2004, deux jours après son dix-huitième anniversaire. Déjà, un essai à la clé. On le disait alors timide : « Je me retrouvais dans une équipe avec des gars comme Fabien Pelous, Gareth Thomas, Xavier Garbajosa qui nous mettait un coup de tête tous les matins… (rires) Le groupe était constellé de grands joueurs. Je n’étais pas timide mais respectueux de ces gars-là, que j’admirais devant mon écran. » La suite a plutôt fait côtoyer un homme sympathique et décontracté, facile d’accès et surtout, d’une politesse impeccable (après tout, ça compte). Il donnait, de loin, une image d’artiste un peu dilettante. Les journalistes anglais lui trouvaient l’air d’un intellectuel de Saint-Germain-des-Prés. Dans la réalité, il se posait beaucoup de questions sur son rugby.

Avec lui, c’est une figure de plus de la génération championne du monde des moins de 21 ans en 2006 qui range ses crampons. Il en était le talent le plus éclatant, celui qu’on attendait très vite chez les Bleus adultes. Il fut effectivement présent à ce rendez-vous dans la peau d’un attaquant pur, un vrai créateur. Il a régalé avec des tas de gestes brillants. Une préférence ? Sa science des petits coups de pied « dosés », par-dessus. De vrais délices.

Il a connu 63 sélections entre 2008 et 2019 et une finale de Coupe du monde en 2011. Mais curieusement, il n’a jamais vécu de grand chelem, ni même gagné le Tournoi des 6 Nations. Son palmarès, il l’a forgé sous les couleurs du Stade toulousain : cinq Boucliers de Brennus et trois Coupes d’Europe. Comme il a débuté à Blagnac, sa carrière s’est construite sur quelques kilomètres, un simple franchissement la Garonne pour se retrouver tout de suite aux Sept Deniers, sans même prendre la rocade.

« Je ne peux pas comparer avec un autre club puisque je n’ai connu que celui-là. (rires) C’est le club qui te permet de réaliser tes rêves. Quand j’ai quitté Blagnac pour venir au Stade, c’était pour gagner des titres et je savais que je tapais à la bonne porte… Le Stade toulousain a aussi traversé une période difficile. D’autres clubs me voulaient et me proposaient plus d’argent, mais mon but a toujours été de rester au Stade. J’ai déjà essayé, mais je n’ai jamais pu m’imaginer avec un autre maillot sur le dos. J’ai réalisé mon rêve en devenant pro au Stade toulousain. Mais le rugby, pour moi, c’est encore comme quand j’étais en cadets avec mes potes. Bien sûr, il y a eu après de l’argent en jeu, mais ce n’est pas pour ça que je suis resté dans ce club.»

« Je ne suis fâché avec personne »

Samedi soir pour ses adieux au Stadium, il a parlé avec une sincérité assez touchante. « Il faut bien comprendre que l’on n’est que de passage dans les clubs ou dans les entreprises. Il faut accepter de laisser la place aux jeunes. Il ne faut pas, selon moi, se laisser pousser par son ego pour faire toujours une saison de plus. À vouloir pousser jusqu’au bout du bout, il n’y a plus que l’ego qui parle. On finit fâché avec tout le monde. Moi, j’ai maîtrisé ma décision. Je ne suis fâché avec personne. »

Médard a déjà soigneusement préparé sa reconversion, elle ne sera pas forcément dédiée au ballon ovale : « J’ai passé plus de 20 ans sur les terrains, à m’entraîner tous les jours et à jouer tous les week-ends. Je vais me poser un peu, dans un premier temps. Ensuite, j’ai tout fait pour bien préparer l’après-rugby. Est-ce que cela va bien se passer ? Je ne sais pas ! Mais j’ai fait une formation à TBS l’année dernière pour me perfectionner dans l’entreprenariat. J’ai investi dans des sociétés, j’ai des projets que je porte qui seront autour du sport, car c’est mon ADN. Je ne sais pas si je resterai dans le rugby. Être joueur et être coach, c’est complètement différent. Pour entraîner, il faut savoir s’adapter, avoir un vocabulaire que je n’ai pas encore. Voilà, cela viendra peut-être un jour… »

D’ici le mois de juin, il se sent encore capable d’apporter quelques briques rouges à l’édifice toulousain. Car ce n’est pas son corps qui lui a dit stop : « Non, honnêtement, ce n’est pas ça. Bien sûr, je ne vais pas à 35 km/h, mais je me défends. Ma plus grande qualité, c’est l’endurance. Je sais me placer et j’ai l’œil. Mais c’est un tout. Pour préparer mon après carrière, j’ai beaucoup de réunions et j’ai aussi envie de cette vie-là.»

On a dénombré à ce jour 365 matchs professionnels joués par Maxime Médard pour Toulouse (Championnat et coupe d’Europe), riches de 113 essais. En 2011, il termina même meilleur marqueur du Top 14 avec quinze essais dans la saison.

Mais cette pluie de chiffres ne suffit pas à décrire sa créativité, il fallait le voir jouer pour s’en délecter. À partir de juin, c’est la vie, nous serons de moins en moins nombreux à pouvoir en témoigner. Mais le souvenir perdurera encore très longtemps.

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Les commentaires (2)
cantewitko Il y a 1 année Le 04/05/2022 à 09:19

Ce fut effectivement de très grands moments que de le voir jouer, inattendu souvent et talentueux toujours
Merci cher Max et belle continuation

jipreb Il y a 1 année Le 02/05/2022 à 19:28

Max la menace ,le joueur d'autant plus dangereux qu'il joue avec l’instinct du prédateur capable d'exploiter le désordre que le bon joueur toulousain sait créer sur le terrain ; en résumé "mettre et exploiter le bordel" !