Tendance - Pour un Capuozzo, combien d’anges déchus ?

  • La tendance de Nicolas Zanardi... Pour un Capuozzo, combien d’anges déchus ?
    La tendance de Nicolas Zanardi... Pour un Capuozzo, combien d’anges déchus ? PA Images / Icon Sport
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C’est une réflexion qui nous a taraudé, après une longue discussion avec le Grenoblois Ange Capuozzo, au hasard de l’interview accordée par ce dernier au dernier Midol Mag. Lorsque le jeune international italien, à l’heure du café, nous avait confié « avoir été plusieurs fois tout près de ne pas être conservé » au FCG à l’adolescence, en raison d’un gabarit jugé trop fluet.

« Pour certaines sélections, certains pôles, les critères d’entrée étaient d’abord physiques, le mien m’a clairement fermé des portes. Même pour rester à Grenoble vers 15, 16 ans, je suis allé passer des radios du poignet pour prouver que j’allais encore grandir… Du coup, ce qui m’amuse en ce moment, c’est que ce qui a toujours été mon point faible chez les jeunes est soudainement devenu mon point fort. Ça peut paraître un peu prétentieux de dire ça, mais je pense que mon cas est une bonne pub. Au rugby, il y a toujours eu besoin de tout le monde : des grands, des petits, des gros, des maigres, des intelligents, et même des moins intelligents. C’est une richesse que notre sport doit absolument conserver. »

Un discours sain, rempli de valeurs, qui ne doit toutefois pas occulter une des faces obscures de notre sport. Car pour un Capuozzo, qui eut la chance de voir voilà quatre ans la sélection U20 italienne venir disputer un match face à son équipe des espoirs du FCG (et qui eut le culot de démarcher lui-même les dirigeants transalpins à la fin du match), combien de talents similaires se sont-ils dilapidés, faute de ce fameux « coup de pouce du destin » ?

Et pour un Ange capable de provoquer le sien, combien d’anges déchus, obligés de se replier sans réelle conviction sur les niveaux fédéraux, voire susceptibles d’arrêter trop tôt leur carrière ? Oui, à cause de ces œillères et de cette vision rétrograde de la formation, on demeure convaincu qu’au moins une génération entière de talents en a été gâchée, qui correspond soit dit au passage à la période de vaches maigres connue par le XV de France.

Tout comme on est persuadé que subsistent aujourd’hui, en Fédérale et plus encore en Nationale, assez de talents pour bâtir une équipe compétitive en Top 14, ainsi que l’ont d’ailleurs démontré les récentes éclosions des Villière, Bouthier, Jaminet, Hounkpatin ou autres Jurand, et on en oublie. « Tout le monde ne peut et ne va pas y arriver, bien sûr, concluait Capuozzo. Mais certains le peuvent, malgré les embûches. Et le point commun entre tous ceux qui ont connu ces parcours alternatifs, c’est qu’ils n’en changeraient pour rien au monde, car c’est ce qui les rend plus forts que les autres. »

Mais quid de ceux qui n’auront pas forcément manifesté la même force de caractère ? La question reste ouverte, et c’est bien dommage…

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