L'édito : la cigale et la fourmi

  • Le Pro D2 a rendu son verdict jeudi soir
    Le Pro D2 a rendu son verdict jeudi soir - Pablo Ordas
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L'édito du vendredi par Léo Faure... Tout avait été dit, ou presque, à propos de cette dernière journée de Pro D2. Que son positionnement - un jeudi soir - plombait soigneusement l’idée d’une ultime fête. Rouen, Bourg-en-Bresse, Carcassonne et Oyonnax jouaient gros à l’extérieur. Leurs supporters, qui avaient chanté toute l’année, se trouvèrent fort dépourvus quand la programmation fut venue. Ils n’auront pas pesé de toute leur fougue sur le roman de cette ultime bataille. C’est bien dommage.

Question comptable, on savait qu’il faudrait une victoire bonifiée à Bayonne pour s’assurer un passage direct en demi-finale ; une victoire sèche à Nevers pour recevoir en barrage et un point seulement à Carcassonne pour voir ces mêmes barrages. Que Rouen, assuré de rien à l’arrivée de ces dernières joutes, devrait chercher l’exploit en terre bayonnaise pour conserver son maintien en Pro D2 à son seul mérite. Et que tous les autres, au-delà de leurs seules performances, devaient aussi spéculer sur un alignement des planètes pour toucher à leur petit rêve.

 

De toutes ces promesses, où l’arithmétique froide fait couler de chaudes larmes, la soirée fut à la hauteur. Dès le premier quart d’heure, on voyait de la crispation chez les uns, de l’euphorie chez les autres et les bancs de touche, déjà, les yeux rivés sur les téléphones pour scruter ce qui se tramait ailleurs.

 

Ce qu’on ne savait pas, c’est évidemment les résultats et leurs conséquences. C’est surtout le comportement des clubs dépourvus de motivation directe au matin de cette dernière journée décisive mais qui, indirectement, pouvait influer sur le destin des autres.

 

Ils se nomment Béziers, Aurillac, Agen, Grenoble et Montauban. Ils n’avaient clairement plus rien à espérer, pas plus à craindre et pourtant, ils ont tous fait honneur. À leur maillot et leur sport.

 

Symboliquement, les deux premiers essais de la soirée sont d’ailleurs venus de Béziers et Aurillac. Les autres ont au pire dignement résisté, au mieux impressionné et gagné. Chapeau à eux. Finalement, personne n’a lâché et rien ne fut faussé. Merci pour ça.

 

En haut, le classement a conservé tous les atours de la logique : pas de révolution, de folle remontée ou d’improbable retournement de situation. Partie de trop loin, au milieu de l’hiver, la cigale provençale n’aura pas pu inverser le cours de son histoire et arracher sa première qualification. Pas prêteuse, la fourmi columérine avait amassé ce qu’il fallait d’avance au cœur de l’hiver. Le club du président Carré conserve une année encore son strapontin à la table des qualifiés.

 

En bas, le suspense fut total. Pas à Bayonne, où Rouen avait tôt fait d’exploser. Trop haute, la marche. Les Normands avaient alors bien vite le cœur et la tête à Grenoble, où une victoire de Bourg-en-Bresse les condamnerait à un retour en Nationale. La prophétie s’est réalisée, un temps, lorsque l’USBPA prenait les devants à l’heure de jeu. Ils n’auront pas tenu. Scénario terrible pour les uns, sublime pour les autres.

 

Rouen, à la saison si durement marquée par le sceau du deuil, arrache son maintien. Pour Jordan. Bourg, quant à lui, retrouve ce costume de « relégué superbe » qu’il avait déjà étrenné dans un passé récent. Et le dingue public bressan, tout de violet vêtu, a eu beau chanter toute l’année. Ce jeudi, il n’avait pas le cœur à danser.

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