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« Parce que Toulyon » : entre Toulon et Lyon, une décennie de liaisons dangereuses

  • Pierre MIGNONI (LOU).
    Pierre MIGNONI (LOU). Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Parce que c'est à Marseille, parce que ce sont deux ambitieuses écuries françaises, parce qu'elles ont un lien particulier, parce qu'il y a Pierre Mignoni... Pour tout ça, cette finale a tout d'une grande et d'une belle affiche.

Parfois, le hasard fait décidément bien les choses. Cette finale de Challenge Cup le prouve magnifiquement en réunissant les bonnes équipes, au bon endroit, au bon moment. Les acteurs, le décor, le scénario : tout est aligné à la perfection. Sur le plan sportif, le cœur du sujet, l’opposition tient du sommet avec deux cadors de notre championnat.

Les deux écuries avaient d'ailleurs clairement affiché leurs ambitions dans cette compétition – chose suffisamment rare pour être signalée - et faisaient figure de candidats crédibles au titre, aux côtés des Saracens et des Wasps. La deuxième Coupe d’Europe, parfois délaissée par les formations tricolores, s’offre une affiche de prestige à la hauteur de l’événement.

L’aubaine est aussi géographique : les supporters des deux camps n’auront qu’une et trois heures de route à effectuer pour venir soutenir leurs favoris avec, on l’espère, à l’arrivée, une ambiance proche d’une demi-finale de Top 14 comme le Vélodrome nous en a si souvent offert. L'heure coïncidence de cette confrontation tient enfin dans l’histoire si particulière entre deux clubs si proches qu’un néologisme était apparu, il y a de ça quelques années, pour décrire leur liaison : « Toulyon ».

Dans le sillage de l’enfant de la rade Pierre Mignoni, débarqué en 2015 dans le Rhône, le Lou avait abondamment misé sur le vivier toulonnais pour s’armer dans l’élite (Rudi Wulf, Xavier Chiocci, Frédéric Michalak, Delon Armitage, Virgile Bruni, Théo Belan, Alexandre Menini…). Avec les frères Taofifenua, Mickaël Ivaldi, Jonathan Pélissié, Josua Tuisova, sans oublier Mathieu Bastareaud, en tribunes, il garde, encore aujourd’hui, un fort accent varois.

Ce vendredi, les regards seront tout particulièrement tournés vers un autre minot du Lou : Pierre Mignoni. Dans un mois, l’ancien demi de mêlée quittera Gerland pour revenir à la maison, sur les bords de la Méditerranée, sept ans après avoir quitté le bercail. Ce rendez-vous décisif face à son ex et futur club arrive à un drôle de moment, donc. Pierre Mignoni vivra en plus ce jour spécial aux côtés de son ami et associé des années toulonnaises, Jacques Delmas, récemment rappelé comme joker au sein du staff lyonnais. Ce coquin de hasard, encore lui, est passé par là.

« Contre qui tu joues, ce n'est pas le sujet »

L’histoire entre les deux clubs s’est nourrie d'une rivalité sportive. À Toulon, personne n’a oublié le match nul synonyme de défaite en barrages, au terme d’une folle prolongation, en mai 2018 (19-19). Cette élimination avait précipité le départ de Fabien Galthié et marqué le début des ennuis du côté de Mayol. Vainqueurs de six des huit dernières confrontations avant cette saison, les Lyonnais ont vu le rapport de force s’inverser récemment : défaits 19-13 à Mayol en novembre, Baptiste Couilloud et ses partenaires ont subi un terrible revers à la maison, le 2 avril (10-43).

Ce résultat a sérieusement compromis leurs chances d’accession au top 6 et a, a contrario, donné au RCT un élan formidable pour sa remontée fantastique. Séparés d’un point au classement du Top 14, les deux rivaux ne se quittent plus. Le décor est posé. Pierre Mignoni ne s’attarde pas dessus : « Peu importe contre qui tu joues, ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est bien vivre ensemble, soigner les détails, pour répondre présent à partir de 21 heures vendredi soir. Que ce soit contre Toulon ou n’importe qui d’autre, à Marseille ou ailleurs, franchement… Tout ce que je me dis, c’est qu’il y a deux équipes françaises en finale et que c’est tant mieux pour les spectateurs. Quel que soit le vainqueur, il y aura moins de déçus. »

Ce vendredi, à domicile ou presque, le RCT assumera-t-il le statut de favori que tous les observateurs lui attribuent volontiers ? Ou bien le Lou créera-t-il la sensation en réalisant la meilleure performance d’une saison jusque-là marquée du sceau de l’inconstance ? Au coup d’envoi, les compteurs seront remis à zéro.

Une finale ne ressemble à aucun autre match, qu’on se le dise. Pierre Mignoni le rappelle à juste titre : « Je vais vous dire quelque chose qui ne va peut-être pas jouer en ma faveur : ces histoires de favori, pas favori, ça n’existe pas. C’est complètement faux. J’ai connu des finales où nous étions favoris mais que nous avons perdues, d’autres que nous avons gagnées, j’en ai jouées d’autres en tant qu’outsider que nous avons gagnées, encore d’autres que nous avons perdues… Il n’y a pas de vérité là-dedans, c’est juste un jeu médiatique. La seule chose qui est vraie, c’est le terrain, pendant 80 ou 100 minutes. Et c’est la seule chose qui nous importe pour le moment. Regarder au-delà, ce serait une erreur. »

Chaque équipe, avec sa flopée de champions, pénétrera dans l’enceinte phocéenne avec une même obsession ancrée dans la tête : écrire une ligne d'histoire. Triples vainqueurs de la H Cup, les Toulonnais entendent compléter leur palmarès avec un premier titre en Challenge, après trois échecs face à Cardiff, Biarritz et Bristol ; les ambitieux Lyonnais, eux, sont en mission pour décrocher un premier trophée au plus haut niveau.

Et offrir, au passage, une belle sortie à Pierre Mignoni avant de passer sur le banc d'à côté. Pour toutes ces raisons et pour Parisse, Ollivon, Serin, Carbonel, Etzebeth, Tuisova, Taofifenua, Couilloud ou encore Taufua, cette petite finale européenne aura tout d’une grande.

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