L'édito : déjà, dans l’Histoire

Par Léo Faure
  • Bourgarit plaqué par Ronan Kelleher lors de la demi-finale en 2021
    Bourgarit plaqué par Ronan Kelleher lors de la demi-finale en 2021 Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
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Les Rochelais vont détester. Et leur manager en tête, Ronan O’Gara, qui abhorre la défaite et plus encore cette idée qu’elle pourrait être acceptable, compréhensible, presque respectable dès lors qu’elle survient en finale. « ROG » vomit la douce pitié qui vient à l’épaule du perdant magnifique. C’est cette mentalité qu’il avait tenté de transmettre à ses hommes, l’an dernier, à l’approche des deux finales. En vain.

C’est encore ce qu’il martelait toute la semaine : jouer une finale ne recèle aucune gloire en soi. Aucune fierté, aucun aboutissement. La perdre est une abomination. Seul l’or de la victoire fait les braves dont on écrit l’histoire. C’est blanc ou noir. Manichéen.

On développera ici une idée contraire ou, tout du moins, nettement plus nuancée. Ne vous en déplaise, cher Ronan. Si ce groupe mérite évidemment quelques lauriers, pour donner un tour officiel aux deux folles années qu’il vient d’offrir à son fidèle public, perdre contre plus fort n’aurait rien d’avilissant. Et dieu sait que ce Leinster, de ce qu’il a montré jusque-là, apparaît comme extrêmement fort.

Titre ou pas, samedi peu avant 20 heures, la postérité retiendra déjà mille choses de la dernière décennie des Rochelais. Qu’ils le sachent, si des larmes venaient à couler. La grande Histoire sait déjà qu’un club de Pro D2, remonté en Top 14 le 25 mai 2014 et sans être champion, écrasait l’élite seulement trois ans plus tard, terminant nettement en tête de la phase régulière et se qualifiant, déjà, pour un quart de finale européen.

Depuis, la sensation s’est transformée en habitude. Le Stade rochelais est présent tous les ans ou presque en phases finales. Il s’est hissé en finale de Challenge, puis de Champions Cup et de Top 14. Il est craint, reconnu et respecté huit ans seulement après s’être extirpé du ventre mou de la Pro D2.

Ici, rien n’évoque un feu de paille. Plutôt un club pensé et structuré, pierre après pierre, pour s’installer au plus niveau. Sa victoire est là, déjà réelle.

L’histoire du Stade rochelais est déjà écrite. Reste à écrire celle de ce groupe, de ces hommes. S’ils venaient à terrasser le Leinster donné invincible, ils y entreraient de plain-pied et de la plus belle des manières : par l’immense porte de l’exploit. De ceux dont on reparlera encore dans trente ans.

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