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Finale de Pro D2 : c'était la furia de Bayonne

Par Edmond Lataillade
  • Les Bayonnais ont écrasé les Montois en finale, inscrivant la bagatelle de 49 points.
    Les Bayonnais ont écrasé les Montois en finale, inscrivant la bagatelle de 49 points. Icon Sport
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Au terme d’un match plein, comme rarement cette saison, Bayonne a imposé son rugby d’une qualité rare. Les Montois, muselés, n’ont pas pu montrer leur visage habituel.

C’est le propre des champions d’être là à point nommé. Bayonne, pourtant deux fois défait par son adversaire malheureux, l’aura terrassé le jour J. En inscrivant son troisième score de la saison après Rouen (53) et Oyonnax (52). Dur pour les valeureux Montois qui n’avaient sûrement pas mérité telle correction. « J’ai de la peine pour les joueurs ! » livre Patrick Milhet. Mais l’Aviron, en ce jour de finale, était intouchable.

En ce grand jour où, fidèles à leur image, les Montois se sont présentés en tenue de "hestayres" (tenue de fêtes). Mais le mot de la fin reviendra aux "festayres", nuance bayonnaise. Face au vent en première période, les Basques ont occupé le camp montois… et scoré.

D’abord par leurs avants, soudés, puissants comme jamais. Et déjà, au bout d’une poignée de minutes, l’homme en forme du moment, Afa Amosa, concrétise le travail du pack. En face, rien ne va. Léo Coly, le petit prodige, pourtant bien placé, manque la cible. Avant de se reprendre quelques minutes après. Le Stade montois, le premier, toujours présent dans la saison, ne peut être absent des débats. La preuve, après un nouvel essai des Basques marqué par l’opportuniste Baget, « l’essai qui nous a libérés » précise l’intéressé, une seule erreur de défense met en lumière l’ancien Bayonnais Du Plessis qui va dans l’en-but.

Le match est relancé, on joue bien une finale. Rien n’est fait au moment de changer de camp. Mais le premier au classement est devenu le second. Et le restera. Bayonne montrera aussi son énorme maîtrise défensive. Durant les dix premières minutes de la deuxième période, malgré des situations chaudes, les Landais n’inscriront que trois points.

L’aviron a changé de visage

Et puis vint l’heure du banc. Celui qui a fait gagner l’Aviron tant de fois. Là aussi, la différence s’est faite dès la 50e minute, quand les hommes frais et talentueux ont pénétré dans l’arène. « Ça a été important en cette fin de saison, explique Jean Monribot. Avec un travail sur la fraîcheur. Avec des joueurs comme moi, avec 11 ou 12 matchs, plein d’envie, d’enthousiasme. L’équipe prend alors un second souffle. Ça montre aussi la richesse dans notre effectif. »

Le manager montois, beau joueur, sera forcé de l’admettre : « On a été battu dans tous les secteurs de jeu et Bayonne était vraiment déterminé. »

En effet, l’Aviron a changé de visage… au bon moment. Depuis deux mois, les joueurs montrent une implication qui leur a valu, dans un premier temps, de jouer la demi-finale à domicile, puis de déborder avec autorité Oyonnax, l’un des favoris à la montée. Résolus, audacieux, présents tout le long du match, les Basques ont rarement livré une telle prestation. Sûrement la meilleure de la saison. « On a eu beaucoup de difficultés à développer notre jeu cette saison, explique Jean Monribot. J’étais persuadé que si on s’enlevait cette pression en phases finales on allait être irrésistibles. J’avais vraiment confiance. »

La fin de l’ère Bru

Une page de quatre ans s’est tournée à Bayonne. Elle aura été marquée par le passage de Yannick Bru qui, dès son arrivée, aura fait monter le club en Top 14. Une place forte conservée pendant deux ans avant ce match fatidique, l’an passé, à Biarritz. C’est à partir de ce moment-là que quelque chose s’est fracturé à l’Aviron. L’amitié entre le président et le manager s’est délitée. Dès le lendemain de la défaite à Aguilera, Philippe Tayeb nous déclarait d’ailleurs que le sportif n’avait pas fait son travail, au contraire de l’administratif. Cette cassure a traîné ensuite tout au long de la saison où les critiques sur le jeu bayonnais ont fini par lasser Yannick Bru. Qui s’en est ouvert encore après la finale.

L’ère Bru s’efface donc, l’ère Patat débute. L’ancien entraîneur de l’équipe de France aura fortement marqué le club de sa griffe. Il aura structuré la façon de mener les affaires sportives, impulsé la création du centre de performance et d’entraînement, même si son projet était différent de celui qui prend forme actuellement. Le Toulousain ne s’éloignera pas seulement de Bayonne. Il quittera probablement la France, pour une année sabbatique, consacrée à approfondir son vécu sportif. Il pourrait s’envoler vers l’Afrique du Sud chez son ami Eduard Coetzee, ancien joueur de Bayonne et de Biarritz, président des Sharks.

Un budget de 21,5 millions la saison prochaine

Si les festivités prennent maintenant très momentanément le pas sur le futur du club, dès ce lundi, le bureau présidentiel sera le point central de toutes les attentions. Les réunions vont se succéder. Pas de temps à perdre même si le retour dans l’élite a été anticipé. Philippe Tayeb nous assurait que huit nouvelles recrues devaient débarquer en cas de montée, en plus de celles déjà prévues et annoncées. La cellule de recrutement se réunit avant la fête prévue ce lundi sur la place de l’Hôtel de Ville à 19 heures.

Toutes ces mesures ont été chiffrées. Le club bénéficiera d’un budget de 21,5 millions et une masse salariale de 8,5 millions. Et dans ses infrastructures, il est dans ses prévisions. Le centre d’entraînement et de performance sera livré pour les pros en août et opérationnel en novembre dans sa totalité. La nouvelle tribune accueillera ses premiers spectateurs début octobre tandis que vestiaires, espaces médias, médical et hospitalités seront fonctionnels en novembre.

Ainsi, l’Aviron veut absolument assurer sa pérennité en Top 14. La tâche est immense mais avec ce retour dans l’élite tout de suite après la descente, ce qui est un exploit, l’essentiel est fait.

La descente est gommée et l’épreuve surmontée. Car ce match de Biarritz est revenu sans cesse lors de ce dernier rendez-vous. « On savait que si on jouait à notre potentiel, on allait gagner. On est champions. On ne méritait pas de descendre l’an dernier. On a remis le club à sa place. Je suis fier et… tranquille », lâche le capitaine Mariano Galarza, "apaisé" route Yannick Bru.

L’Aviron bayonnais se sent désormais prêt… et les joueurs ont revêtu leur tenue de festayre. Mérité.

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