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Pro D2 - Yannick Bru (Bayonne) : « Nous étions en conflit avec nous-mêmes »

Par Pablo Ordas
  • Avant de quitter Bayonne, Yannick Bru a remporté le titre de champion de France de Pro D2.
    Avant de quitter Bayonne, Yannick Bru a remporté le titre de champion de France de Pro D2. Icon Sport
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Pour son dernier match à la tête de l’Aviron, le manager Yannick Bru a remporté son deuxième titre de champion de France en Pro D2 et a terminé son aventure bayonnaise de la meilleure des manières.

Yannick, vous venez de réparer l’erreur que vous aviez commise il y a un an. Comment vous sentez-vous ?

À l’image des leaders de l’équipe, je suis apaisé et content. C’est vrai que nous étions en conflit avec nous-mêmes depuis un an. Je le savais, je vous l’ai dit et je ne cache pas trop mes vrais sentiments avec vous. Comme certains joueurs, tel Mariano Galarza qui est à côté de moi, on s’est tous engagés, on a donné un an de notre vie professionnelle — et ce n’est pas rien, un an — pour réparer cette erreur. La responsabilité, c’est d’assumer ses erreurs et de rester avec les copains quand ça va mal.

Nous sommes restés ensemble, unis. Vous avez vécu la saison avec nous, on va dire qu’elle n’a pas été linéaire. Ça fait longtemps qu’on dit que, dans ce Pro D2, il faut être là le jour J, à l’heure H. C’était celui-là qu’il fallait gagner. Je suis très, très fier du groupe, de Mariano. Je suis content d’avoir croisé, dans ma vie d’entraîneur, un joueur comme lui. Il est médecin dans le civil, c’est le joueur de rugby qu’on a tous envie d’être. Il a une bonne tête, est intelligent et, pourtant, j’ai tout entendu cette année : qu’on manquait de leader, qu’on n’avait pas de capitaine, qu’on manquait de combattant. À tous ces gens-là, je leur souhaite une bonne soirée. Je suis content qu’on ait atteint la cible.

Est-ce une revanche personnelle ?

Non, c’est une revanche collective, déjà, de l’ensemble du staff. J’ai 21 personnes avec moi, ce sont des gens que je n’oublierai jamais. On va garder des relations fortes. Vous savez, Bayonne est un club à part, de par la passion qu’il véhicule. Je maintiens que la fin de saison dernière a été injuste pour nous. Nous avions gagné dix matchs, nous avions 46 points au classement et, malgré tout, au bout du bout de la séance de penalty, nous avions été éliminés, un peu comme Saint-Étienne en Ligue 1 cette année.

D’ailleurs, j’ai une pensée pour mon ami Pascal Dupraz, qui vit ce que j’ai vécu il y a un an. Il fera jour demain, c’est ce que je lui ai écrit aujourd’hui. Je pense à lui parce que, malheureusement, dans le monde où on évolue, c’est le dernier qui a parlé qui a raison. Aujourd’hui, nous avons raison sur tout. Il y a un an, nous étions nuls. C’est tout le déséquilibre qu’il y a dans notre sport professionnel.

Nous avions hâte de rejouer Mont-de-Marsan. La réponse est toujours sur le terrain. Elle n’est pas dans les déguisements, dans le vestiaire ou dans les interviews.

Fin mars, vous partiez à Loudenvielle en stage. Que s’est-il passé dans les Hautes-Pyrénées ?

Loudenvielle est un endroit que j’aime beaucoup. C’est un site magnifique, où il y a tout pour faire du sport de haut niveau. On y avait été il y a trois ans avant de remporter le premier titre face à Brive. J’avais envie d’y revenir, car les gens sont chaleureux, aiment l’Aviron bayonnais. On a passé de bons moments entre nous. Honnêtement, je savais qu’avec ce groupe, il fallait attendre le dernier tour de piste. Nous avons des compétiteurs, des gens qui voulaient jouer la phase finale et ces gros matchs.

Ce championnat est un marathon, il n’y a pas que des gros matchs, il y a des rencontres dures, dans la boue, l’hiver. Il faut avoir beaucoup d’humilité. Certainement, il y a deux ou trois fois où on en a un peu manqué. Je sais qu’on n’a pas toujours été au niveau où on nous attendait, je l’ai déjà dit, mais je savais aussi que je possédais un groupe de leaders fantastiques, qui étaient programmés pour les grands matchs. Aujourd’hui, cela en était un. Nous avions hâte de rejouer Mont-de-Marsan. La réponse est toujours sur le terrain. Elle n’est pas dans les déguisements, dans le vestiaire ou les interviews. Je crois que les joueurs ont donné la meilleure réponse possible.

On a vu une grande équipe de Bayonne et une équipe de Mont-de-Marsan peut-être un peu décevante. L’avez-vous aussi ressenti ?

On a vu un Stade montois fidèle à lui-même. Il a tapé droit devant, a utilisé le jeu au pied. Je pense qu’on avait mal négocié ce bras de fer, ce ping-pong, lors des deux premiers matchs. Nous étions prévenus, ça a été un de nos chevaux de bataille de la semaine. Les joueurs ont été très bons là-dessus. Je félicite notre fond de terrain, nous avons eu une qualité de jeu au pied avec Gaëtan Germain, en première mi-temps, ou Maxime Lafage qui a pris le relais en seconde période.

Après, les joueurs ont appliqué le plan. Avec ce type de rugby, il allait falloir travailler dur sans le ballon. Les joueurs ont été supers là-dessus. Mais ce sont des grands joueurs et c’est dans des moments comme ça qu’il fallait le montrer ! Je ne vais pas manquer d’humilité en disant que nous n’avons jamais douté, car la saison a été très dure, mais je savais qu’une fois qu’on allait s’approcher du dernier tour de piste, on allait être dur à manœuvrer.

Vous clôturez votre aventure bayonnaise. Êtes-vous ému ?

Franchement, je suis apaisé. Je suis hyper heureux, j’ai envie de profiter avec eux. J’ai passé quatre années pendant lesquelles j’ai, peut-être, été rigoureux par moments. Je pensais qu’il fallait emprunter ce chemin, ici, à Bayonne. Je n’ai pas toujours été le plus rigolo, mais là, j’ai envie de profiter avec eux. Pendant un an, nous avons baissé la tête, travaillé avec humilité et nous avons été solidaires. Nous avons tenu notre engagement et, quand on fait ça, ça mérite d’être fêté.

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