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Bordeaux-Bègles - Racing 92 : au rendez-vous des illisibles

Par Marc DUZAN
  • Ben Lam face à Teddy Thomas pour un face à face entre deux équipes dont les parcours laissent planer beaucoup d’incertitudesur le résultat. Photo Icon Sport
    Ben Lam face à Teddy Thomas pour un face à face entre deux équipes dont les parcours laissent planer beaucoup d’incertitudesur le résultat. Photo Icon Sport Icon Sport - Icon Sport
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Entre deux équipes soufflant le chaud et le froid depuis le début de la saison, bien malin celui qui pourrait aujourd’hui se risquer à un pronostic. Quel visage afficheront donc les deux "illisibles" du Top 14, en quart de finale ?

On pourrait enfiler des perles. Vous promettre un quart de finale haletant, acharné, à ce point bouffi de suspens qu’il en devient sur la fin irrespirable. On pourrait vous dire que ce match de barrage sera un truc de dingue parce qu’il en va ainsi de sa nature, de son essence, même. En vrai ? On n’en sait foutre rien. Parce qu’entre les deux équipes les plus absconses de ce championnat, on peut en fait s’attendre à tout. Au meilleur, parce que nous sommes au Midol d’un naturel optimiste et courtois. Ou, au pire, parce que certaines des performances de l’Union Bordeaux-Bègles et du Racing, cette saison, eurent de quoi nous coller la nausée.

Vous vous souvenez de ce Racing pénalisé dix-neuf fois et séché par La Rochelle en demi-finale de Champions Cup ? Vous avez encore à l’esprit la purge qu’ont servie les Girondins dimanche soir à Aimé-Giral, se vautrant comme on le sait face à des promus, échouant comme ils le firent contre des crève-la-faim et provoquant finalement l’ire de Christophe Urios, jamais avare d’une ruade : « Si on veut être des champions, on doit passer un cap, soufflait-il donc dimanche soir. On a des internationaux, des mecs qui ont plein d’ambition mais Cameron (Woki) je ne le vois pas, Matthieu (Jalibert) je ne le vois pas non plus. Finalement, on ne mérite pas d’être dans le top 2… »

Dès lors, quel visage présenteront les gonzes de Travers et Urios à Chaban ? Celui, envoûtant, d’un Racing victorieux par 30 points à Northampton ou l’autre, plutôt « deux tartes et au lit », affiché à Montpellier il y a quinze jours ? Et quelle UBB peut-on imaginer ce week-end ? Celle, intouchable ou presque, qui avait écrasé le Lou au printemps ? Ou la blafarde, la nonchalante, qui s’était fait tant secouer à Biarritz en ouverture du championnat ? Eric Blanc, champion de France avec le Racing en 1990, analyse :« Les derniers matchs du Racing ne m’ont pas tous laissé un souvenir inoubliable. Trop souvent, l’équipe s’entête sur ce dispositif  « large-large » qui lui réussit moins bien qu’auparavant. On n’a pas encore vu le grand Racing cette saison et il est légitime que cette équipe aborde son quart de finale dans la peau de l’outsider. » Car c’est ici, dans ce cocon de prétendant d’où ils ne semblent plus vouloir sortir, que les coéquipiers de Gaël Fickou se sont réfugiés la semaine dernière, au soir même de la qualif’.

Comme si ce Racing, pourtant dominateur dans le combat d’avants face au RCT, savait que l’édifice est encore fragile, que son cinq de devant reste en voie d’apprentissage et accuse encore un certain retard sur les gros bras du rugby européen. Eric Blanc poursuit : « Je ne dis pas que le Racing n’est pas costaud. Quand tu as Bresler et Le Roux dans la cage, tu peux voyager. Mais le Racing n’a pas le pack qu’il avait à l’époque où il fut champion de France (en 2016) : en ce temps-là, Chris Masoe, Dimitri Szarzewski et Ben Tameifuna faisaient baisser les yeux à leurs adversaires. Le paquet d’avants actuel ne dégage pas vraiment la même impression d’épouvante. »​​​​​​

Moscato : « Bordeaux est plus costaud devant »​​​​​​

Est-elle là, la clé pour Bordeaux ? Dans ce bras de fer entre quintaux où Ben Tameifuna, Jefferson Poirot ou Cameron Woki présentent a priori plus de garanties que les gros du Racing, quand bien même ceux-ci brisèrent le RCT le week-end dernier, dès l’instant où Laurent Travers fit entrer le cubique Trevor Nyakane ? Vincent Moscato, talonneur des champions de France béglais en 1991, jette une pièce en l’air : « En mettant de côté ma sensibilité d’ancien Bordelais, je mise aujourd’hui sur une victoire de l’Union, qui me semble plus costaude devant et tout aussi redoutable que le Racing dans sa ligne de trois-quarts. »​​​​​​ Ah bon ? "Et ouais ! Ce Moefana, c’est un monsieur !" Moscato, conscient que la relégation des Girondins de Bordeaux déroule aujourd’hui dans le grand Ouest un tapis rouge à l’UBB, enchaîne : «Bordeaux-Bègles est devenu le phare sportif de la région. Il y a eu 25 000 spectateurs à Chaban toute la saison et ils en attendent plus de 30 000 dimanche soir. L’aventure a été belle mais l’UBB doit maintenant décrocher un titre, foutre un tampon sur tout ce qui a été effectué ces dernières années. J’espère donc qu’ils mettront enfin leur part d’ombre à la cave. Pourquoi Castres parvient à s’imposer à Pau quand l’Union se vautre à Perpignan ? Pourquoi ? C’est à tout ça qu’il faut répondre avant d’attaquer les phases finales »​​​​​​.

Mais l’Union en a-t-elle seulement l’envie ? Moscato répond : « Dans cette équipe, Cameron Woki et Matthieu Jalibert sont des leaders et à l’approche des phases finales, ceux-ci ne peuvent plus se cacher ou être "moyennasses »​​​​​​ comme ils l’ont été à Perpignan.»​​​​​​

Pour le vainqueur, une voie royale vers la finale

Entre le troisième et le sixième du classement, entre deux équipes ayant chacune gagné chez son rival durant la saison régulière, il n’existe donc ni un monde, ni un fossé. Eric Blanc enchaîne : « Comme le dit souvent Pep Guardiola (l’entraîneur de Manchester City), les matchs de phase finale se jouent sur la façon dont la meilleure équipe saura gérer les trous d’air de dix ou vingt minutes qui se présenteront à elle, en cours de rencontre »​​​​​​.

Entre les mains des leaders de jeu de chaque combattant, entre les pognes d’Antoine Gibert et Nolann Le Garrec d’un côté, Matthieu Jalibert et Maxime Lucu de l’autre, se trouve donc une partie des réponses à l’équation posée par le señor Pep. Et après ça ? Tout reste ouvert, ma bonne dame. « Le Racing et Bordeaux se disent sûrement que la chance est de leur côté, conclut Blanc. En évitant le tableau de Toulouse et La Rochelle jusqu’en finale, tu évites surtout la collision avec le champion de France en titre et l’actuel champion d’Europe, dont l’un anéantira l’autre pour le plus grand bonheur de tous. »​​​​​​ C’est si joliment dit, Mister White…

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