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Comme des (très) grands, les Castrais n'ont jamais douté

Par David BOURNIQUEL
  • Rapidement menés 10-0, les Castrais ont su rester dans leur match pour terrasser Toulouse.
    Rapidement menés 10-0, les Castrais ont su rester dans leur match pour terrasser Toulouse. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Sans jamais s’affoler, même au plus fort de la tempête toulousaine, le Castres olympique a fait tanguer le champion de France en titre avant de le couler

Il fallut vingt bonnes minutes aux Tarnais pour pleinement prendre la mesure de l’événement. Vingt minutes pour évacuer ce stress insidieux des grands moments d’une vie qui dessinent une carrière, cette pression qui prend aux tripes et qui écrase la poitrine. Vingt minutes pour contenir la furia d’un Stade toulousain qui récitait son rugby, bien décidé à conserver son hégémonie en Top 14 après la désillusion européenne, dans le sillage d’un Romain Ntamack des grands soirs qui ne tardait pas à mettre les Rouge et Noir sur de bons rails.

Les jeunes Barlot, Vanverberghe, Botitu ou Walcker, qui jouaient tous le premier match de phase finale de leur carrière, avaient à peine eu le temps de cligner des yeux qu’ils étaient déjà menés 7 à 0 à la suite d’un essai génial de Matthis Lebel, initié par l’ouvreur international du Stade toulousain. Qui, à cet instant, pensait le CO capable d’enrayer la formidable machine toulousaine ? Au vrai, pas grand monde. Les supporters castrais, présents en nombre dans les travées de l’Allianz Riviera de Nice criaient tout d’un coup un peu moins fort, leurs drapeaux virevoltaient un peu moins vite, comme écrasés par le fardeau d’une entame ratée.

Même la foi de Pierre-Henry Broncan, le manager et stratège du Castres olympique, a vacillé sous la fulgurance du début de match des Toulousains. « Au bout de trois minutes, je me suis dit : "On va en reprendre quarante, comme à Toulouse lors du match aller". » Mais il était écrit que la saison du CO se conjuguerait à l’irrationnel. Et pour ne pas avoir su profiter à plein de ces vingt minutes de flottement des Tarnais, pour ne pas avoir su tuer le match tant qu’il en était temps, le Stade toulousain allait être puni.

Coller au score, objectif prioritaire

Car petit à petit, Castres remettait son rugby en ordre. Porté par son courage et par une détermination inébranlable en sa stratégie. L’objectif était clair : il fallait coller au score pour instiller le doute dans les têtes toulousaines, puis profiter de la fraîcheur et de la générosité du banc.

Broncan détaille : « L’équipe ne s’est jamais affolée. Elle a pris confiance en elle au fur et à mesure du match en portant le ballon, en le laissant dans le terrain, en provoquant les Toulousains." En jouant au rugby, tout simplement. "À cinq minutes du coup d’envoi, j’ai demandé aux joueurs d’être dans le coup à la mi-temps, pose le manager. Je savais que si nous étions dans les clous autour de l’heure de jeu, nous gagnerions le match. Parce qu’on a une force mentale, parce qu’on a de la confiance, parce que nous n’avons pas terminé premiers de la phase régulière par hasard. Je savais que notre banc était costaud, qu’il pourrait faire la différence et je savais aussi que mon équipe ne perdrait pas pied physiquement, en fin de match. »

Les faits ont entièrement donné raison au technicien gersois. Plus le temps passait, mieux les Castrais se sentaient, portés par leur charnière sud-américaine Arata-Urdapilleta qui a martyrisé les Rouge et Noir. Le premier nommé a inscrit l’essai de la rébellion, juste après la mi-temps ; le deuxième a offert, entre autres gestes de classe, une passe au pied exceptionnelle dans le dos de la défense sur l’essai de Dumora, en toute fin de match.

Un essai qui, d’ailleurs, est le symbole de la confiance à toute épreuve qui anime cette équipe : à la 78e minute, à 19-18 en leur faveur et alors qu’ils auraient pu gérer la possession par une succession de pick-and-go à la sauce Munster de la grande époque avant de crucifier Toulouse par un drop-goal, un seul regard entre Urdapilleta et Dumora a suffi pour déclencher une dernière action de classe et de panache.

« Nous discutions pendant que les avants travaillaient de qui prendrait le drop, expliquent de concert l’arrière et l’ouvreur du CO. Mais on avait quand même remarqué à la vidéo que Thomas Ramos rentrait trop vite dans la ligne et délaissait le deuxième rideau sur ces phases-là », précise Urdapilleta. « Après, c’est une inspiration de Benjamin, complète Dumora. Il me regarde et me fait un signe. Je le comprends. Il nous délivre un super "rasant" sur l’aile. Filipo Nakosi réalise un très beau geste en me la remettant intérieur. »

Et même si dans la foulée de cet essai, Urdapilleta ne parvenait pas à passer la transformation, offrant à Toulouse une dernière balle de match sur le renvoi (24-18), on sentit alors que plus rien ne pouvait arriver à ces Tarnais morts de faim.

Car il faut bien que le monde du rugby l’admette : au vu de son palmarès récent, au vu de ses résultats en championnat sur les dix-huit derniers mois, le petit Poucet issu de la sous-Préfecture du Tarn, poussé par ses 40 000 âmes, fait la nique aux grandes métropoles et se présentera en favori vendredi soir, pour devenir l’équipe la plus titrée de la décennie. Rien que ça !

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