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Top 14 - Face à Bordeaux-Bègles, les deux coups de grâce de Gela Aprasidze (Montpellier)

Par Jérémy FADAT
  • Gela Aprasidze a été décisif samedi, en demi-finale de Top 14.
    Gela Aprasidze a été décisif samedi, en demi-finale de Top 14. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Entré à un quart d’heure de la fin, le demi de mêlée géorgien - qui avait converti trois coups de pied avant la demi-finale cette saison - a réussi deux pénalités monumentales, au-delà de la ligne médiane. La belle histoire du samedi soir, alors que les Héraultais ne parvenaient pas à assommer l’UBB malgré leur domination.

C’est avec un large sourire que Philippe Saint-André a livré cette confession, après la demi-finale, dans les couloirs de l’Allianz Riviera : « Vous vous rendez compte, je n’avais même pas besoin de faire entrer Handré Pollard pour taper de loin puisque j’avais Gela Aprasidze sur le terrain. » Il parle juste de l’ouvreur champion du monde springbok, dont le pied droit monumental est redouté partout sur la planète.

Samedi, jusqu’à la 79e minute, il était confiné au banc de touche ou réduit à quelques courses dans l’en-but avec une chasuble sur les épaules. Pour enquiller au-delà de la ligne médiane et assurer le succès des siens, il y avait un Géorgien de 24 ans, arrivé au MHR en 2017. Gela Aprasidze, héros improbable d’un soir, auteur de deux pénalités dingues dans les dix dernières minutes. Et il y en avait bien besoin…

Supérieurs dans tous les domaines, dominateurs dans les collisions, les Héraultais ne parvenaient pas à se détacher au score. Et, quand il y a des Jalibert, Moefana ou Cordero en face, mieux vaut prendre ses distances. « On avait l’impression de pouvoir faire le break mais on n’y arrivait pas, raconte Saint-André. On voulait vraiment les mettre à huit ou neuf points. On a eu ce ballon porté près de la ligne en deuxième mi-temps où on s’est fait écrouler. On l’a mal géré. C’était un vrai temps fort mais les Bordelais s’en sont sortis en nous contestant le ballon. »

D’où cette conclusion réaliste : « La solution passait par les pénalités au-delà des cinquante mètres. J’aime qu’on soit pragmatique. » Aprasidze est donc entré en scène à un quart d’heure du coup de sifflet final.

« Détends-toi, il faut déjà que tu joues »

À l’échauffement déjà, les observateurs les plus attentifs avaient pu remarquer que le Géorgien avait un coup de pied de mammouth. Une révélation. « Moi, je le sais depuis deux ans, assure PSA. Mais le problème, c’est qu’il faisait la même chose sans s’échauffer (rires). Il tapait de cinquante-cinq mètres comme ça ! On a essayé de s’organiser avec lui, de le structurer avec le staff, avec Jean-Baptiste Elissalde et Bruce Reihana. »

Même si Olivier Azam fait cet aveu : « Je ne suis pas surpris parce que Gela, à la fin de tous les entraînements, s’entraîne à taper à cinquante-cinq ou soixante mètres. Nous, on lui dit que ce n’est pas nécessaire mais finalement, c’est lui qui a raison ! »

D’autant que l’intéressé a progressé récemment. « On le voyait très bien taper depuis quelque temps, note Guilhem Guirado. Et lui nous lançait : « Les gars, s’il y a besoin d’enquiller, je suis là. » Bon, on lui répondait : « Détends-toi, il faut déjà que tu joues. » Plus sérieusement, la veille du match, il a été très à l’aise de loin. On a commencé à se dire que c’était peut-être possible. »

C’est là que la belle histoire de cette deuxième demie s’est sûrement écrite. « À l’entraînement du capitaine, on a vu que le terrain était beaucoup plus petit que chez nous, détaille Benoît Paillaugue. Il n’a fait que taper des cinquante aux soixante mètres. Et il a fait huit sur huit. Donc on lui a dit : « Écoute poulet, si t’en as à tenter demain, t’as le feu vert. »  Deux sur deux et il nous fait gagner. C’est bien pour lui, pour le groupe. »

Groupe dans lequel les artilleurs tiennent une place essentielle, chère à Philippe Saint-André. « J’ai toujours aimé avoir des buteurs longue distance dans mon effectif, confirme-t-il. Là, il y a Pollard ou Thomas Darmon qui était hors groupe. Et vous avez découvert Gela. De manière générale, il a cette faculté à être un match winner. Il est capable de marquer des essais incroyables. Il l’a fait souvent cette saison, à La Rochelle ou contre Clermont. Et là, il nous sort deux pastilles. Une de cinquante-cinq mètres et une de cinquante-trois mètres ! »

« Vous parlez beaucoup de Reinach… » 

La réussite d’Aprasidze, qui a pris le relais d’un Paillaugue aussi revanchard que précieux à Nice, est aussi un joli symbole en l’absence de la star sud-africaine Cobus Reinach. « Personnellement, j’ai vécu une saison de merde, clame Paillaugue. Je me suis fait le genou à 34 ans, j’étais en fin de contrat, je vais quitter le club. Là, je vais jouer mon dernier match avec Montpellier en finale du Top 14. […] Vous parlez beaucoup de Reinach mais il n’y a pas que lui dans cette équipe. Il y a aussi Gela, Eymeri, Doan et moi. On travaille tous ensemble. Nous sommes peut-être moins flamboyants que Reinach parce que nous marquons moins d’essais mais on essaye de réaliser le maximum. »

Et, entre les buteurs, c’est à la fois l’émulation et la complicité qui règnent. « On fait souvent des petits concours », lance Paillaugue. « Cela veut surtout dire que les mecs bossent, reprend Saint-André. Ce qui est arrivé à Gela, ce n’est pas de la chance, c’est du travail et de l’abnégation. Si les garçons sont sérieux et si tu leur fais confiance, ça paye à un moment donné. »

Il fallait cela pour enfin assommer l’UBB et pour donner peut-être une nouvelle dimension à l’aventure montpelliéraine d’Aprasidze, qui verra débarquer Léo Coly la saison prochaine. « Gela est super attachant, décrit Paillaugue. Il est là depuis longtemps, parle très bien français, a été intégré par les anciens comme Misha Nariashvili ou Levan Chilachava. Les Géorgiens ont toujours été bien accueillis chez nous. C’est la récompense de tout ce qu’il fait depuis trois ou quatre ans. Je suis content que ce soit lui qui fasse basculer la fin d’un match aussi important. » Aprasidze, du coup de pompe au coup de grâce.

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