Abonnés

Paolo Garbisi (Montpellier) : « Mon parcours, c’est un truc de fou ! »

Par Midi-Olympique
  • Paolo Garbisi : « Mon parcours, c’est un truc de fou ! »
    Paolo Garbisi : « Mon parcours, c’est un truc de fou ! » Icon Sport - Icon Sport
Publié le
Partager :

L’Italien nous parle de sa progression, du défi de cette finale, de son parcours... Dans un français impeccable.

Comment vous sentez-vous avant cette finale ?

C’est du 50-50. Il y a 50 % de moi qui est très content car on reste sur un bon match face à une équipe qui nous avait battus deux fois cette année. Mais il y a 50 % de moi qui pense que la mission n’est pas finie. L’équipe s’est donnée les moyens d’aller chercher le bouclier, ce serait vraiment idiot de ne pas y arriver. Dès Nice, j’avais basculé sur la finale. En sachant que ce sera plus dur. Il faudra élever notre niveau.

Peut-on dire que le CO vous ressemble ?

Oui, on va affronter une équipe similaire à la nôtre, avec les mêmes points forts : la puissance, la défense… L’équipe qui va gagner le jeu de pression, que ce soit au pied ou dans l’engagement, va l’emporter. Au niveau mental, on va jouer face à la meilleure équipe du Top 14. Le CO ne lâche jamais.

Dans cette bataille, la pression est forte sur les épaules des 10. Comment l’appréhendez-vous ?

Cette responsabilité, je la sens. Mais je me dis aussi que ça reste un match de rugby. Il ne faut pas trop en faire sur le contexte sinon il y a le risque d’être trop tendu. C’est un équilibre à trouver : j’ai conscience que c’est une finale, qu’il faudra être propre, que l’équipe devra sortir son meilleur match de l’année mais il est crucial de rester lucide et tranquille. On a vraiment mérité d’être là. Il faut garder cette confiance.

Mohed Altrad dit que vous laissez "l’émotion dans la chambre" désormais. Est-ce le cas ?

Franchement, je n’ai rien changé dans ma routine ni mon approche des matchs par rapport à ce que je faisais il y a dix mois. Ça a dû venir naturellement, au fil des mois et des rencontres. Ça s’est amélioré comme ça.

Diego Dominguez nous disait que le test de vendredi sera surtout dur sur le plan défensif pour vous…

Je dois être honnête avec vous, je n’aime pas défendre. Je ne vais pas dire que c’est ce que je préfère dans ce sport mais il faut le faire. Les gens m’ont souvent posé cette question. Je pense que ce n’est pas difficile de défendre. Ça dépend juste de l’envie que l’on a de se jeter, de plaquer, de prendre des coups. Un mec dans la rue est capable de faire un plaquage. C’est avant tout mental qu’il faut avoir le déclic car techniquement, ce n’est pas dur. Dans un championnat aussi physique que le Top 14, j’ai compris que les 8 et les 12 allaient constamment venir me chercher. Je dois répondre présent. Et tant pis si le lendemain, j’ai mal aux épaules.

Il faut de tout pour un faire un bon 10, même pour vous qui adorez attaquer…

Oui, on le voit bien lors de ces phases finales. On a gagné la demi-finale en bonne partie grâce au jeu au pied.

Vendredi, le duel des 10 sera un choc des générations face à Urdapilleta, de quatorze ans votre aîné…

Lui, il a le vécu pour bien gérer ces rencontres-là, il était là en 2018. Il sait ce qu’il faut faire et surtout ce qu’il ne faut pas faire. Il a un très bon jeu au pied, Dumora aussi. Rivaliser dans ce secteur sera une des clés du match.

Diego Dominguez dit que vous n’avez pas de complexe à faire. Vous avez gagné la Rainbow Cup avec Trévise, vous avec une dizaine de sélections…

Oui, ça va m’aider mais ce n’est pas le même type de pression. Avec Montpellier, il faut gagner, on est là pour ça. Avec l’Italie, c’est différent : si on l’emporte, c’est un plus. Mais si l’on perd, les gens ne sont pas surpris, malheureusement. Il ne faudrait pas que ce soit comme ça mais bon…

En quoi le fait de ne plus buter change-t-il la donne ?

C’est juste que Benoît Paillaugue bute mieux que moi. Il faut penser à l’équipe d’abord. Après, je ne sais pas si ça m’aide. Disons que dans le cas où je ne serais pas en réussite, ça m’évite de douter. Mais à l’inverse, les jours où tu passes tout, le but apporte de la confiance. À terme, il faudra que j’arrive à faire la part des choses à ce niveau.

Est-ce dur d’assumer son leadership, quand on est le plus jeune, avec autant d’internationaux autour ?

C’est la partie de mon poste que j’aime le plus. Je m’efforce d’être le plus précis et lucide sur ce point car je sais que mes décisions ont beaucoup d’influence sur le résultat. Je suis en train d’apprendre. J’espère faire de mon mieux vendredi pour mettre l’équipe sur la voie du succès.

Quel regard portez-vous sur votre saison ?

Ce n’est pas encore fini mais c’est au-delà de toutes les ambitions que j’avais. J’étais convaincu à 100 % de mon choix mais, quand même, je me disais qu’il y aurait Handré Pollard, un champion du monde, à mon poste. Je ne pouvais pas penser que j’aurai autant de temps de jeu. J’ai joué vingt matchs, en n’étant remplaçant que deux fois. Ça m’a fait grandir. J’espère continuer sur cette lancée l’année prochaine.

On a l’impression que toute votre carrière a été marquée par la rapidité de votre progression…

C’est un truc de fou, mon parcours. Ça a toujours été vite. Après trois mois à Trévise, je jouais en sélection. Après une saison en pro, je me suis retrouvé dans un des meilleurs clubs de France. Et après dix mois, je me retrouve en finale pour gagner un titre que plein de légendes du rugby n’ont gagné qu’une fois. Que mon club n’a jamais gagné. Quand je vois que Guilhem Guirado ne l’a remporté qu’à une reprise. Il faut en profiter un maximum et saisir cette occasion.

Avez-vous toujours été animé par cette ambition ?

J’ai toujours eu cette envie de réussir mais j’ai suivi ce but en m’amusant. Je suis content d’où je suis maintenant mais je ne me sens pas du tout accompli. Je dois améliorer tant de choses. Si je me vois dans dix, douze ans, j’espère être beaucoup beaucoup plus fort. J’ai cette obsession de progresser.

Quels souvenirs gardez-vous du stage avec Diego Dominguez ?

Avec mon équipe, on avait gagné le tournoi. C’était vraiment sympa, ludique. Et c’était très dur d’avoir une place.

Que représente Diego Dominguez pour vous qui n’aviez que 4 ans quand il a arrêté ?

Je ne l’ai jamais vu jouer en direct. On m’a souvent posé la question de savoir si je m’en inspirais. J’ai toujours répondu non. Le rugby de maintenant est très différent de celui qui était pratiqué à l’époque.

Depuis deux décennies, l’Italie attend d’avoir son héritier. Ça doit vous revenir aux oreilles…

C’est normal, c’était un grand champion qui a permis à l’Italie d’entrer dans le Tournoi et qui a fait gagner de nombreux matchs grâce à son jeu au pied. C’est une légende chez nous. Propos recueillis par V. B.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?