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Reportage - De Tokyo à Toyota : dans les pas des Bleus

Par Marc DUZAN
  • De Tokyo à Toyota : dans les pas des Bleus
    De Tokyo à Toyota : dans les pas des Bleus
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À quoi ressemble le quotidien des Bleus, au Japon ? On vous propose, ici, de passer quelques minutes à leurs côtés. Ou plutôt dans leurs pas…

Ce jour-là, on cherchait l’air et la fraîcheur. Il devait bien faire 36 degrés à l’ombre dans la grande banlieue de Tokyo et, sur le terrain des Shining Arcs (l’équipe de l’ancien Lyonnais Liam Gill, de l’ex Clermontois Greig Laidlaw ou du grand prélat du  «wokisme» Israël Folau) les Bleus suaient sang et eau. Les observant depuis la touche, on se disait que le cliché sonnait pour une fois plutôt juste, Fabien Galthié ayant répété dans la semaine que les corps de ses poilus perdaient «entre trois et quatre litres d’eau» par séance.

À un membre du staff tricolore, affairé comme jamais, on lançait : «Ils font comment, pour survivre ?» Lui nous répondait, un rien caustique : «Ils ont vingt ans de moins que vous. Et puis, c’est un peu leur métier !» Un métier que les Tricolores vivaient d’ailleurs bien différemment selon qu’ils se nomment Louis Carbonel, tranchant sous le soleil de Satan, ou Rémi Picquette (2 m et 122 kg), un poil moins allegretto que ledit Carbo, dans cet été meurtrier. «Moi, nous dirait Peato Mauvaka quelques heures plus tard, j’ai beau avoir vécu 15 ans à Nouméa, je déteste ces temps-là. À Tokyo, tu montes deux marches d’escalier, tu transpires de ouf, ta peau devient collante et c’est super désagréable. Du coup, je prends cinq douches par jour…»

Pour échapper à la fournaise, on quittait le centre d’entraînement des Shining Arcs pour suivre le XV de France jusqu’à leur piaule, l’hôtel Conrad, ce bon plan «cocooning» où les dix centilitres de Nikka Hokkaido (un whisky japonais) sont alignés sur le cours du diamant, soit environ 50 balles le verre. Au sommet du Conrad, la douloureuse avait néanmoins une contrepartie et, au 28e étage du palace, la claque était sévère : vue plongeante sur les buildings de la capitale du pays et les parcs immenses qu’ont su préserver, ici et là, les architectes de la ville, à moins que ces camphriers au tronc plus large que le poitrail de Will Skelton aient été là depuis toujours, allez savoir…

De la soie à la Yaris…

À Tokyo, on s’étonnait aussi à plusieurs reprises de l’engouement que provoquait cette équipe de France «bis» en tournée, mobilisant plusieurs dizaines de journalistes japonais sur chacune de ses conférences de presse, drainant 25 000 personnes au Toyota City Stadium à la vitesse du Shinkansen, ce train qui ressemble à un silure albinos et qui sillonne l’archipel japonais à 380 km/h de moyenne. Toyota City ? Ce fut pour tout dire loin d’être inoubliable, la cité de 450 000 habitants laissant finalement l’impression d’un drôle d’agrégat de bâtisses façon "bloc soviétique" et de gratte-ciel quasi neufs, rappelant par instants la dinguerie de Tokyo, mais en moins ensorcelant…

Jusqu’en 1959, Toyota City s’appelait en réalité Koromo et avait prospéré grâce à la production et l’exportation de la soie. Quand le cours de l’étoffe a chuté, Koromo a sombré avec lui et autant pour sauver sa peau que pour diversifier son industrie, un jeune homme du coin nommé Kichiro Toyoda fonda une petite usine d’automobiles, à proximité de sa ville. Aujourd’hui repabtisée Toyota Group, elle réalise 240 milliards de chiffre d’affaires annuel et emploie 400 000 personnes à travers le monde. De quoi faire passer Bernard Lemaître, Mohed Altrad et Hans-Peter Wild, les sugar daddys les plus puissants de notre petit monde, pour de bien modestes épiciers.

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