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EXCLUSIF - Maxime Médard : « J’ai arrêté avant qu’on ne me dise stop »

Par Rugbyrama
  • Maxime Médard (Toulouse).
    Maxime Médard (Toulouse). Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Le 5 juin dernier, le Toulousain Maxime Médard a disputé le dernier match de son immense carrière professionnelle avec son club de toujours, débutée dix-huit ans plus tôt. Même si cette ultime saison lui a parfois laissé un goût amer, il avait ce jour-là inscrit son 91e essai personnel en Top 14. Attaquant surdoué et esthétique, l’arrière ou ailier se retire cet été avec un palmarès hors normes, fort de cinq titres de champion de France et de trois Coupes d’Europe. Maxime Médard, c’est aussi 63 sélections, 14 essais et deux Coupes du monde avec l’équipe de France, dont celle de 2011 où les Bleus ont échoué à un petit point du sacre suprême. L’intéressé, que l’esprit de compétition et les remises en cause ont toujours guidé, a accepté d’ouvrir la boite à souvenirs.
 

Votre carrière a pris fin depuis seulement quelques semaines. Comment vous sentez-vous ?

Je crois qu’on imagine plein de choses, surtout quand la fin approche de plus en plus. Mais, comme tous les sportifs de haut niveau qui arrêtent, j’ai besoin de remplir le temps. Du coup, j’ai fait beaucoup de trucs depuis. Il n’y a plus d’entraînement, c’est tout récent, et mon rythme habituel a pris fin. Disons que j’ai besoin de combler un vide.

Maxime Médard et le Stade toulousain, une histoire de plus de 20 ans de fidélité. © Patrick Derewiany
Maxime Médard et le Stade toulousain, une histoire de plus de 20 ans de fidélité. © Patrick Derewiany


En aviez-vous peur ?

Non, c’est logique de ressentir cela au départ. Je savais que ce serait ainsi. Et je sais aussi qu’au mois de septembre, je vais devoir me poser, me construire un emploi du temps et ne pas courir derrière quelque chose qui est inutile.

Quel goût vous laissera votre dernière saison ?

(Il hésite) Si je dis ce que je pense, comme je l’ai toujours fait, il est un peu amer. Mais je préfère garder les bons souvenirs. J’ai réalisé la carrière que je souhaitais, sans regret et sans rancune. Mais pour la fin, tu peux te faire plein de scénarios. Il peut y avoir la blessure, la saison compliquée du club, des performances pas bonnes… Voilà, j’ai eu la chance de faire mon dernier match contre Biarritz (dernière journée de la phase régulière, N.D.L.R.). Le reste a été difficile. Mais j’accepte et j’avais surtout besoin de passer à autre chose, d’avancer.

Vous avez dit avoir acté votre décision d’arrêter après le match à Castres (le 2 avril), un match où vous ne deviez pas être dans le groupe et pour lequel vous aviez fait le déplacement au dernier moment…

Oui, cela faisait quelques mois que j’avais émis l’idée de faire une saison supplémentaire et que j’attendais une réponse du club. Elle ne venait pas. C’est vrai que j’ai compris ce jour-là… C’est drôle, c’est à Castres que j’avais commencé avec le Stade toulousain (le 18 novembre 2004, N.D.L.R.) et c’est là-bas que j’ai eu le déclic pour prendre cette décision. Je suis lié au CO, c’est incroyable ! Mais j’avais le cul entre deux chaises depuis un certain temps.

C’est-à-dire ?

Je sentais que c’était le moment. Vous savez, l’institution est plus grande que les objectifs personnels. J’ai annoncé que j’arrêtais, sans regret. J’ai pris cette décision avant qu’on me dise stop. Ça, j’en suis content. Tout comme je suis heureux de mon parcours. J’ai rencontré des gens incroyables, j’ai joué avec les meilleurs joueurs du monde et j’ai de belles choses à accomplir encore en-dehors des terrains.

Avez-vous senti ces dernières semaines la trace que vous laisserez dans ce club ?

(Il attend plusieurs secondes) Je ne sais pas. J’ai eu une belle sortie contre Biarritz. Je suis heureux. C’étaient les derniers moments pour Joe (Tekori) et pour moi. Lui a passé deux pénalités. Moi, je suis entré et j’ai marqué. Il n’y a pas que moi. Joe restera un monument du Stade toulousain. J’étais plutôt un leader discret alors que Joe est quelqu’un qui rassemble énormément. Ce mec est hors normes dans un groupe. Il lie les gens : les avants, les trois-quarts, les Français, les étrangers. Humblement, je pense que la trace de son absence dans le vestiaire sera encore plus grande que la mienne.


La vôtre sera tout de même dure à combler aussi…

Pour ma part, je laisse une trace parce que j’ai beaucoup gagné avec le Stade toulousain, que j’ai été fidèle à ce club et aux supporters. Mais je n’ai pas la prétention de dire que je vais manquer. Les jeunes ont parfaitement pris le leadership. Ils assurent et, sur la fin, je sentais que je n’avais plus grand-chose à leur apporter.

Avez-vous l’impression d’avoir évolué dans votre rôle de cadre sur vos dernières saisons ?

Oui. Quand je suis arrivé en équipe première, il y avait déjà un groupe formé et j’ai souvent été discret. Je respectais trop le jeu et les mecs autour pour l’ouvrir. Il y avait toujours quelqu’un de mieux placé que moi pour le faire. Ma personnalité était ainsi faite. Puis j’ai commencé à prendre la parole quand des choses ne m’allaient pas.

On se rappelle de votre coup de gueule sur le terrain à la fin du match perdu à domicile contre Castres au début de la saison 2018-2019…

Oui, c’était sous le coup de la colère. J’avais besoin de m’exprimer, de dire ce que je pensais à tout le monde. Et cela avait été bénéfique pour la suite. Mais je me suis souvent adapté aux gens avec qui j’étais. Je ne voulais pas forcément transmettre aux jeunes tout qu’on m’avait transmis, parce que tout n’avait pas été positif à mes yeux. Je leur ai justement donné ce que je pensais être positif.

 

Je n’ai pas la prétention de dire que je vais manquer. Les jeunes ont parfaitement pris le leadership. Ils asssurent et, sur la fin, je sentais que je n’avais plus grand chose à leur apporter.


Dans la bouche de vos partenaires plus jeunes, il revenait toujours cet esprit de compétiteur au moment de vous décrire…

 

Ma vie est faite de cela. Je suis d’une famille nombreuse, dans laquelle il a fallu jouer des coudes. J’ai connu cette compétition très jeune du coup. Je suis arrivé tôt au Stade toulousain. Il y avait du monde et je savais qu’il fallait être bon au bon moment. Cela m’a beaucoup appris. Ensuite, quand j’ai débarqué chez les pros, les facilités que j’avais chez les jeunes n’étaient plus présentes. Puis j’ai été éduqué avec Guy Novès… On connaît tous ses qualités exceptionnelles de compétiteur. Ça m’a nourri.

Vous détestiez perdre, même à l’entraînement ?

Oui, mais ce sont des réflexes. C’est quelque chose d’ancré en moi. Quand tu joues au Stade toulousain, que tu es sportif de haut niveau, tu n’aimes pas perdre. Sinon, tu fais juste un peu d’activité physique à côté… Moi, je pense que tu joues comme tu t’entraînes. Je détestais perdre le week-end, mais aussi la semaine. À l’entraînement, il est vrai que j’ai toujours essayé de mettre de la concentration, de l’application. C’est ma nature. Donc si j’ai pu apporter ça aux jeunes, qui ont un talent monstrueux, ça me va très bien.

D’ailleurs, un des gestes qu’on retiendra de vous, c’est ce sauvetage incroyable dans l’en-but à Bath où vous faites échapper le ballon à Freddie Burns, qui a sûrement changé le cours d’une saison historique…

J’ai été éduqué à ne rien lâcher, que ce soit à l’entraînement ou en match. Ce geste, c’est ça. Là, on peut parler de transmission. Je me souviens d’un sauvetage de Cédric Heymans sur Brice Dulin, d’un retour héroïque de Vincent Clerc contre Castres. Tant que le joueur adverse n’a pas marqué, il ne faut pas le lâcher. À Bath, je ne l’ai pas lâché. Et, comme vous dites, cela a peut-être déclenché quelque chose d

errière. Ça venait juste après la défaite à la maison contre Castres où j’avais gueulé à la fin. Une semaine plus tard, j’ai fait cette claquette et on a gagné. La dynamique s’est inversée et on a fait une superbe saison. L’histoire est belle.


Vous êtes cinq fois champion de France et trois fois champion d’Europe. Un titre conserve-t-il une saveur plus particulière ?

À titre personnel, je dirais le Bouclier de Brennus de 2008. C’était ma troisième saison avec les professionnels et je n’avais pas donné satisfaction sur les deux premières. Je crois que je n’étais pas très loin de partir du Stade toulousain. Mais j’ai bossé comme un âne durant l’été 2007 et j’ai finalement explosé en 2008. On a été champions de France, j’étais titulaire à l’arrière et c’était incroyable. Après, je dirais aussi le titre de 2019.

Yoann Huget et Maxime Médard, champions après la victoire du Stade Toulousain face au Stade Rochelais (18-8).
Yoann Huget et Maxime Médard, champions après la victoire du Stade Toulousain face au Stade Rochelais (18-8). DDM - XAVIER DE FENOYL /


Pourquoi ?

C’était l’aboutissement collectif d’une saison incroyable. Et puis, nous y sommes parvenus avec mon compère de toujours Yoann Huget. On avait remporté des choses chez les jeunes mais c’était enfin notre premier titre ensemble chez les pros. Partager ça avec lui était fantastique. Yoann a mis deux essais en finale, c’était génial. Quand on remporte son premier titre, on se dit qu’on va en gagner plusieurs. J’ai eu cette chance-là mais je n’arriverais même pas à décrire combien ce fut dur à chaque fois.

En quel sens ?

Vous pouvez les reprendre, cela a toujours été des saisons compliquées. À chaque fois, il y a eu pas mal de blessures parce que c’est dans ces moments qu’on construit une aventure. Une saison, c’est tellement long. Mais il faut toujours que la machine avance.

Vous avez vécu les sept ans de disette de Toulouse entre 2012 et 2019…

En 2012, je ne me doutais pas forcément qu’on devrait attendre sept ans. (Il réfléchit) Mais passer derrière Guy (Novès) n’a pas été évident. Ni pour Ugo (Mola), ni pour Didier (Lacroix) qui est arrivé à la présidence un ou deux ans après. Il y avait tellement de choses à changer… Un tel entraîneur, avec un tel palmarès. Son empreinte était immense. Il y a eu un coup de mou. Il a fallu reconstruire un vestiaire, réécrire une histoire, retrouver l’ADN du club qui avait été parfois bafoué. Mais les saisons difficiles ont peut-être été les plus belles en fait.

Ah bon ?

Oui, c’est là où je l’ai appris. On a vu dans ces instants la qualité des hommes. Dans la difficulté, nous sommes allés chercher les ressources pour s’en sortir. Moi, je n’ai pas voulu partir. Parce que c’est mon club et que c’était difficile de m’imaginer ailleurs. Mais aussi parce que le défi de rester au Stade et de le ramener au sommet était excitant. J’en suis fier.

Vous aviez failli signer à Toulon…

Oui, j’étais à deux doigts. (Il marque une pause) On dit souvent que c’est bien de partir pour sortir de sa zone de confort. Mais le Stade toulousain n’est pas une zone de confort. Il ne l’a jamais été. Alors, y rester n’avait rien de confortable. Ici, il faut s’employer tous les jours et se réinventer toutes les semaines. Il y a tellement d’histoires qui ont été écrites dans ce club et tant d’autres à écrire encore. La pression pour le laisser en haut est très forte. Mais c’est ce que j’aime.

« Il faut s’employer tous les jours et se réinventer toutes les semaines. Il y a tellement d’histoires qui ont été écrites dans ce club et tant d’autres à écrire encore. La pression pour le laisser en haut est très forte. Mais c’est ce que j’aime. »
 

Pourquoi votre attachement à ce club est-il si viscéral ?

 

Pour moi, le rugby, c’est défendre son clocher. C’est comme en Cadets avec tes potes, peu importe le niveau auquel tu évolues. Et mon clocher, c’était le Stade toulousain.

Mourad Boudjellal, qui vous a invité dans un établissement étoilé pour vous convaincre à l’époque, dit aujourd’hui que vous lui devez un resto !

J’ai vu ça. Mourad est quelqu’un que j’apprécie, qui avait respecté mon souhait à l’époque. Il m’avait effectivement emmené dans un bel endroit pour me séduire. C’était chouette. Mourad, je t’emmènerai aussi dans un beau resto un jour, c’est promis. Je te le dois.

Comment décrire le lien qui vous unit à Guy Novès ?

Je manquais de rigueur et de travail quand je suis arrivé en pro. Il m’a rongé, comme il savait le faire (rires). Guy Novès savait me faire monter au rideau. C’était un management un peu à la dure mais il savait parfaitement s’y prendre avec moi. Cela m’a construit et m’a fait grandir. Je voulais toujours lui montrer que je pouvais être bon et progresser. Il testait le mental des jeunes au départ. Avec moi, ça a bien marché. Guy est très important dans ma carrière. Nous sommes liés pour un bon petit moment encore.

Vous est-il arrivé de lui en vouloir ?

Non. Enfin, quand tu joues, tu ne lui en veux pas. Mais quand tu ne joues pas, tu lui en veux. Ton entraîneur, tu l’aimes comme tu le détestes (sourire). Ce n’est jamais un long fleuve tranquille. J’ai toujours respecté mes éducateurs et entraîneurs mais j’ai aussi toujours eu du mal à leur parler.

Maxime Médard et Maxime Machenaud (France) en 2016, lors du Tournoi des 6 Nations face à l'Irlande (10-9).
Maxime Médard et Maxime Machenaud (France) en 2016, lors du Tournoi des 6 Nations face à l'Irlande (10-9). MIDI-OLYMPIQUE - GARCIA BERNARD


Ugo Mola disait l’an passé que, sur le strict plan du rugby pur, vous étiez certainement le meilleur joueur qu’il ait entraîné. Vous avez eu cette image de l’attaquant ultime et doué…

(Il patiente) Je ne sais pas. J’ai toujours joué comme chez les jeunes. Je ne peux pas dissocier le rugby de l’amusement. C’est un jeu, qui peut s’avérer fragile et costaud. Sur un terrain, je n’ai jamais menti et je n’ai jamais essayé de passer pour ce que je ne suis pas. J’ai été formé à Blagnac, puis au Stade toulousain. J’avais forcément cette fibre du jeu offensif. Mais, je ne sais pas…

Vous ne savez pas quoi ?

Les compliments, c’est sympa mais particulier. J’ai toujours eu du mal à les accepter, comme les critiques d’ailleurs. C’est peut-être bizarre, j’en ai conscience. Mais, en fait, je voulais juste qu’on me laisse jouer au rugby.

Vous avez souvent expliqué être un éternel insatisfait, quelqu’un qui s’est beaucoup questionné et remis en cause, parfois même à l’excès…

C’était aussi une façon de me nourrir, d’alimenter ma motivation. C’est cela qui m’a permis de me surpasser. Au début, c’est facile parce que, quand tu arrives, tu as envie de manger tout le monde. Mais, avec le temps, c’est différent. Il faut s’adapter, trouver les leviers pour avancer. C’étaient les miens. Sur mes premières saisons, j’étais trop inconstant. J’ai travaillé sur moi. Durant ma carrière, j’ai toujours eu cette envie de m’améliorer, d’apporter quelque chose de supplémentaire dans mon jeu. Être plus régulier, avoir une meilleure hygiène de vie, avoir un jeu au pied plus efficace, être plus performant sous les chandelles… C’est l’obsession de progresser qui m’a guidé.

Vincent Clerc, Cédric Heymans, Maxime Médard et Aurélien Rougerie (France), face à l'Angleterre, lors de la Coupe du Monde 2011.
Vincent Clerc, Cédric Heymans, Maxime Médard et Aurélien Rougerie (France), face à l'Angleterre, lors de la Coupe du Monde 2011. MIDI-OLYMPIQUE - JOSE NAVARRO


Que retiendrez-vous de vos 63 sélections en équipe de France ?

Ce fut parfois dur, parfois très bien. Je sais qu’il y a eu des mauvaises performances de ma part, des mauvaises tournées et des mauvais Tournois mais je ne garde que de bons souvenirs. Représenter son pays, c’est exceptionnel. Chaque fois que je montais à Marcoussis, je savais que ça l’était. J’ai adoré ça. Aujourd’hui, le XV de France est plus fourni au niveau du staff et les joueurs sont mieux accompagnés. J’en suis heureux. C’est enfin la vitrine du rugby français.

N’était-ce pas le cas pour vous ?

Pour notre génération, c’était différent. Mais j’ai toujours passé d’excellents moments en sélection. J’ai rencontré d’autres joueurs, je me suis adapté au jeu prôné par le sélectionneur en place. Le XV de France, c’est le Graal. Puis j’ai la chance que ma fille m’ait vu porter ce maillot. J’avais deux souhaits sur ma deuxième partie de carrière. D’abord ramener le Stade toulousain en haut, et ce fut le cas. Ensuite faire la Coupe du monde 2019 pour emmener ma fille au Japon, et ce fut le cas. Les objectifs ont été remplis.

La finale perdue de la Coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande, face aux All Blacks (7-8), reste-t-elle une cicatrice ?

Cela aurait peut-être changé notre vie. En tout cas de sportif. Être champion du monde, c’est tellement énorme. Mais, en 2011, il y avait des choses… (Il s’arrête) La meilleure équipe sur plusieurs années a été sacrée. Mais, sur le match, je pense qu’on méritait de gagner. C’est comme ça. Le meilleur ne l’a pas emporté ce jour-là. Mais le meilleur a été champion du monde, c’est paradoxal. N’empêche, cette Coupe du monde a été incroyable et magnifique.


Que voulez-vous dire ?

C’était au pays du rugby déjà. Nous sommes allés jusqu’en finale en vivant des moments dingues, qui ont été durs mais qui nous ont permis de nous resserrer. On n’a rien lâché. Personne ne pouvait nous imaginer en finale. Et on meurt à un ou deux points d’être champions du monde. Après, je pense qu’il ne faut pas être trop nostalgique par rapport à cela.

C’est aussi en Nouvelle-Zélande que votre carrière internationale a basculé, en 2009, avec la victoire historique à Dunedin et votre essai sur interception…

Je vais vous raconter une anecdote bizarre. Le matin du match, on faisait la marche habituelle. J’étais avec Gonzalo Quesada, on discutait ensemble et je lui ai dit : « C’est étrange, j’ai fait un rêve dans lequel j’interceptais le ballon ce soir et j’allais marquer. » Il était prémonitoire. J’ai mis ce fameux essai sur interception, alors que Yannick Jauzion m’avait demandé sur le terrain ce que je foutais là (rire). J’étais arrière à cet instant du match et je me suis retrouvé au niveau des centres. C’est vrai que ce n’était pas normal ! Yannick m’avait dit : « Casse-toi, va te replacer. » Et je lui avais répondu : « Non, non, je le sens. » J’étais au bon endroit, au bon moment. On a perdu ensuite à Wellington mais on a remporté la tournée au goal-average, avec un essai splendide de Cédric Heymans. C’était ma première tournée en Nouvelle-Zélande, là où on prend souvent des branlées. C’était une grande fierté.
Vous avez aussi connu une grosse déception avec le XV de France, en n’étant pas sélectionné pour la Coupe du monde 2015…

Ce n’est pas forcément resté une fissure pour moi. Ce sont des choix d’entraîneurs. Je ne pouvais pas y faire grand-chose. Tellement de gens se prennent pour les sélectionneurs. Je n’avais pas assez convaincu Philippe Saint-André et Patrice Lagisquet à l’époque sur mes performances. Même si, en 2015, je suis revenu très fort et j’ai fait une belle année. C’est comme ça. Je crois que cette déception m’a aidé pour ma fin de carrière.

Comme vous l’avez révélé, Philippe Saint-André vous avait dit que vous seriez appelé s’il y avait un blessé sur le triangle de derrière. Yoann Huget s’est blessé mais c’est Rémy Grosso qui l’a remplacé…

Avec le recul, je pense que Rémy était davantage dans le profil de Yoann. Philippe et Patrice sont de très bons mecs en-dehors, je n’ai aucun souci avec eux. Sur le terrain, nous ne nous sommes pas forcément compris et je n’ai pas réussi à m’exprimer comme je le souhaitais. Mais c’est la vie, ça fait partie du jeu.

Maxime Médard (Toulouse).
Maxime Médard (Toulouse). Midi Olympique.


Vous ne changeriez donc pas grand-chose à votre carrière au moment de refermer ce livre ?

Non, j’ai tellement de choses à raconter. J’ai tout connu d’une carrière de haut niveau : la blessure, la défaite, la victoire, les doutes, les moments où on est en haut de l’affiche et tout roule… Ce qui est marrant, c’est que j’ai été au carrefour de deux époques. J’ai connu ce rugby où les GPS, les datas et les centres d’entraînement n’existaient pas. Aujourd’hui, il y a des datas partout, un centre nickel. Cela n’a plus rien à voir. Sincèrement, je me retire en me disant que je suis fier. Et je vais me servir de tout cela encore car j’ai trouvé beaucoup de similitudes entre le monde du sport et celui de l’entreprise. Le rugby est une belle école de la vie.
 

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