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Le jour de gloire des Lelos

  • Portés par un public de Batumi en liesse, les Lelos ont pu laisser exploser leur joie au coup de sifflet final, après cette première victoire de leur histoire face à l’Italie qui a ravi le président Ioseb Tkemaladze (en bas à droite) et appelle à des lendemains glorieux. Photos DR
    Portés par un public de Batumi en liesse, les Lelos ont pu laisser exploser leur joie au coup de sifflet final, après cette première victoire de leur histoire face à l’Italie qui a ravi le président Ioseb Tkemaladze (en bas à droite) et appelle à des lendemains glorieux. Photos DR
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Dans le stade flambant neuf de batumi, pour la première fois de son histoire, l’équipe nationale géorgienne a battu l’italie dimanche dernier (28-19). Un exploit face à un membre du Tiers 1 qui en appelle d’autres, les lelos tapant plus que jamais à la porte des 6 nations, portés par un engouement populaire immense.

Pour comprendre un peu la force d’un événement, il faut tenter de l’imaginer. Faire preuve d’un brin d’empathie et se glisser dans la peau d’un supporter moyen des Lelos, issu d’un peuple fou de rugby, qui a enfin vu dimanche dernier son équipe nationale triompher d’un membre des Six nations. « Nous avons beaucoup de respect pour l’Italie, mais cette victoire n’était pas totalement inattendue non plus, souriait l’heureux président de la Fédération Ioseb Tkemaladze. Elle nous a surtout étonné par son ampleur, mais elle n’est pas une fin en soi : on a l’ambition de faire encore beaucoup mieux. Ce résultat doit beaucoup aux investissements de notre mécène Bidzina Ivanishvili (homme d’affaires et ancien premier Ministre de la Géorgie qui a investi 150 millions de dollars en quinze ans, NDLR) qu’on ne remerciera jamais assez, ainsi qu’à la France à qui on doit beaucoup depuis trente ans. Je veux ici personnellement remercier Claude Saurel qui a été le premier à se déplacer chez nous, sans oublier Bernard Laporte qui nous soutient au quotidien auprès de World Rugby. Grâce à tous ces gens, les meilleurs jours du rugby géorgien sont à venir. »



Bidzina Ivanishvili, ce mécène à qui le rugby géorgien doit tout

 

Reste que celui-ci avait tout de même une sacrée gueule, au terme d’un match marqué par de folles envolées, et surtout au bout d’une énorme prise de risque, à savoir la délocalisation de l’événement dans le nouveau stade de Batumi. « Batumi se situe au bord de la Mer Noire, c’est la destination touristique principale en Géorgie aujourd’hui, nous expliquait Levan Ghvaberidze, ancien international et membre influent de la Fédération. Il y a quelques mois, la question s’est posée lors de nos réunions : fallait-il jouer ce match dans notre stade habituel de Tbilissi où nous avons nos habitudes, ou tenter un coup ? Très rapidement, il y a eu un consensus autour de Batumi, d’autant que le club local tourne bien (champion de Géorgie en titre, il servira de base à la nouvelle franchise du pays, lire ci-contre). Le stade ici est plus petit mais tout neuf, et surtout il promettait une superbe ambiance, avec plus de 20 000 personnes très proches du terrain. Et effectivement, la résonance a été formidable. Depuis trente ans que je suis dans le rugby, je n’avais jamais connu un tel concentré d’émotions en un seul week-end, que ce soit sur le terrain ou en-dehors. Cela a été une fête comme personne n’en avait connu pour du rugby en Géorgie. »



« Pour prétendre aux Six nations, on doit encore gagner en stabilité »

 


Une fête sur le terrain, d’abord et en premier lieu, embellie par les arabesques des attaquants Niniashvili et Abzhandadze et les coups de canon du champion de France Gela Aprasidze. Mais en-dehors, également, au point de faire entrer le rugby géorgien dans une nouvelle ère. « Tout le gouvernement était présent au stade, mais aussi des people, des chanteurs, des acteurs, une foule d’anciens joueurs, énumérait Ghvaberidze. Ce week-end en Géorgie, Batumi, c’était « the place to be », d’autant que tout ce beau monde avait été regroupé dans le même hôtel. Il y a eu trois jours de fête, avec des soirées, des concerts, et tout cela s’est terminé dans l’euphorie de notre première victoire face à une équipe des Six Nations. C’était juste magnifique. »


Jusqu’à faire renaître, in fine, la perspective de voir la Géorgie enfin intégrer le tournoi des Six Nations, ainsi que le justifient tous ses résultats dans le Tournoi B depuis plus de quinze ans ? « Ce résultat est une chose mais pour prétendre intégrer le Six Nations, on doit encore gagner en stabilité, dans nos résultats, dans nos finances et dans nos structures, tempérait le président Tkemaladze. C’était notre première victoire contre une sélection du Tiers 1, c’est très bien, mais il faut encore en accumuler d’autres pour être légitimes. World Rugby a annoncé que la Géorgie était désormais prête à intégrer une grande compétition, et nous en sommes très fiers. Mais on sait pertinemment qu’on doit encore s’habituer à beaucoup de choses. S’habituer à gagner des gros matchs, s’habituer à les organiser, s’habituer à payer son billet un peu plus cher… Ce n’est qu’une fois ces habitudes prises et cette stabilité trouvée, nous serons prêts. Ce qu’on voudrait juste, pour le moment, c’est que le monde du rugby prenne conscience de nos progrès, qu’on dit ce qu’on fait et surtout qu’on fait ce qu’on dit. » Un sage discours qui masque bien mal ce rêve un peu fou. Logique, après tout, puisqu’au pays de la Toison d’Or et de la grotte de Prométhée, on sait depuis Eschyle qu’« un vrai sage à tout à gagner à ne point le paraître ». Principe que les Lelos semblent avoir plus que jamais intégré…

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