L'édito : lendemains de fête

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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard... Les soirs de premières sont souvent les plus beaux, et les souvenirs à la mesure de l’ascenseur émotionnel. Vous comprendrez donc pourquoi, après les Rochelais qui avaient ouvert la voie, les Montpelliérains ont fêté avec une férocité rare leur titre de champion de France. C’était au tout début de l’été quand les nuits étaient encore fraîches sur les bords de la Méditerranée héraultaise, mais visiblement pas assez pour faire retomber les ardeurs de nos champions de France.
 

Certaines images de leurs bringues ont fait le bonheur des réseaux sociaux, l’audience de rugbyrama et la réputation des bidasses de la 3e mi-temps tels Marco Tauleigne ou Enzo Forletta. En jouant ainsi les prolongations, les réservistes ont rapidement perdu l’atout fraîcheur accumulé faute d’avoir joué en phase finale. N’empêche, sur l’échelle de la fiesta, ils ont atteint des sommets.

S’ils n’ont rien inventé là, leurs joies et tribulations furent belles à voir. Rassurantes, également, puisqu’elles ont redonné une part d’humanité à ce rugby pro d’où rien ne dépasse habituellement, du moins au grand jour. D’un coup, Forletta, qui nous partage dans ce journal le récit de son fol été, est redevenu un rugbyman comme les autres, digne de ses potes de Fédérales et même de Séries qui se sont un jour retrouvés en rois du village. A ceux-là, on pardonne tout. Ou presque. Bravo Enzo.

Il y avait quelque chose de rafraîchissant et de tellement rugby que l’on se gardera bien de juger ces hommes redevenus des gosses, débordant de liesse et d’authenticité pour faire durer leur plaisir pendant deux, trois quatre cinq ou six nuits et jours d’affilée. Comme s’il s’agissait de battre un record de longévité voire de résistance à la pression, comme dirait l’autre.

Impossible pourtant d’ignorer que notre sport, s’il entretient un rapport singulier à convivialité, à la fête mais aussi à l’adrénaline, n’échappe hélas pas aux dérives et aux menaces d’addictions en tout genre. Impossible de considérer que le décès tragique de Kelly Meafua (3e ligne de Montauban) est un accident isolé, sans lien direct avec l’univers qui l’entoure. Impossible, enfin, de taire tous les signaux qui clignotent autour de nous à intervalles réguliers ; ou ces après-carrières qui ressemblent à des calvaires pour certains, quand ils se retrouvent seuls face au vide.

C’est assez pour se dire que le rugby et ses dirigeants français ou même internationaux ont tous pour devoir de ne jamais abandonner leurs joueurs et joueuses, de les accompagner tout au long de la carrière, de les informer et de les protéger face aux conduites addictives. C’est à ce prix que les 3es mi-temps restent belles, humaines et magiques. Mêmes celles qui durent plus que de raison, au lendemain d’exploits uniques qui ne supporteront jamais la banalité. Ouvrons donc les yeux.

 
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