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Antoine Dupont, le meilleur ami des arbitres ?

Par Nicolas ZANARDI
  • L'exemplarité d'Antoine Dupont a été soulignée par plusieurs arbitres internationaux.
    L'exemplarité d'Antoine Dupont a été soulignée par plusieurs arbitres internationaux. Icon Sport
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Un de rôles essentiels d’un capitaine demeure la relation en direct avec les arbitres, entre cordialité et lobbying. un "petit jeu" qu’antoine dupont maîtrise déjà à la perfection.

C’est un fait de jeu qui remonte au 22 novembre 2020. Ce jour-là, les Bleus affrontaient l’Ecosse à Murrayfield dans le cadre de l’Autumn Cup, renversant le XV du Chardon (15-22) à la grâce d’un essai en première main inscrit par Rattez à la 42e, au bout d’une superbe percée de Vakatawa. Mais ce dont personne ne se souvient ou presque, c’est que la mêlée à l’origine de l’attaque gagnante des Français avaient été obtenue par le demi de mêlée tricolore Antoine Dupont, alors pourtant simple soldat, qui était parvenu à faire changer sa décision à Wayne Barnes en lui rappelant la spécificité de la règle concernant les ballons rendus injouables après un maul, lorsque celui-ci est constitué immédiatement à la réception d’un coup de pied.

Un culot certain, assorti d’une belle dose de confiance en soi et d’une connaissance parfaite du règlement, qui a forcément échappé à l’œil du grand public mais surtout pas à celui plus avisé de Fabien Galthié… Alors, ajoutez à cela la reconnaissance offerte à Dupont par World Rugby après son élection de meilleur joueur du monde en 2021, et vous obtenez le cocktail parfait pour un capitaine, à savoir un joueur au charisme suffisant pour parler d’égal à égal avec les arbitres et tous les autres géants mondiaux du jeu, et de peser ici d’un poids suffisant dans le jeu de lobbying sur le terrain. Un aspect du jeu bien évidemment crucial, dont le XV de France a payé les pots cassés pendant quatre ans lors du mandat de Guilhem Guirado, qui ne réussit presque jamais à se faire entendre par les référés, peu aidé par la piètre image sportive donnée par le XV de France.

On songe aussi à Pascal Papé, dont les échanges houleux avec Alain Rolland lors d’un Galles-France (2014) avaient interpellé la vox populi, "obligeant" Philippe Saint-André à réintroduire Thierry Dusautoir dans son rôle après l’en avoir déchargé, au nom de la prestance du Toulousain et de son aura jugée supérieure.

La jurisprudence McCaw

Cet argument-là peut-il jouer en faveur du Toulousain par rapport à Ollivon? Peut-être bien, à la réflexion. Car si la prestance et le charisme de Charles Ollivon ne sauraient lui être reprochés (on se souvient à ce titre du France-Galles de 2021 où le Toulonnais avait parfaitement "managé" l’arbitre anglais M. Pearce dans une fin de match particulièrement tendue), les relations entre ce dernier et les officiels de match demeurent cordiales. Dupont, en revanche, parvient manifestement à trouver une complicité avec ces derniers.

Ses réguliers conciliabules avec les arbitres, une fois les trois coups de sifflet donnés,en témoignent. Des attitudes d’autant plus importantes qu’elles ne sont jamais marquées du sceau de l’agacement ou de la contestation, ce que même les arbitres du Top 14 apprécient. « Ce qui est génial avec vous, c’est qu’on ne vous entend jamais, le complimentait Maxime Chalon à la fin d’un Toulouse-Clermont. Quand vous venez me voir, c’est pour des choses pertinentes et vous écoutez ma réponse donc c’est parfait. Surtout, continuez comme ça ! »

Dans le Midol mag de mai 2022, Laurent Cardona poursuivait, au moment de livrer les noms des capitaines les plus agréables à arbitrer. « Saïd (Hirèche) est apprécié de tous les arbitres parce que c’est un joueur respectable, un combattant qui ne parle jamais pour rien. Morgan Parra est toujours très calme aussi, tout comme Antoine Dupont. Ces trois-là, dès qu’ils disent quelque chose, c’est très pertinent et sans aucune animosité. C’est comme ça qu’il faut échanger avec les arbitres. »

Et si avoir l’oreille des arbitres n’est évidemment jamais un gage de victoire, il est évident que cultiver une image positive auprès d’eux peut y contribuer. Demandez donc aux All Blacks ce qu’ils doivent à Richie McCaw, lors de la finale de 2011, et vous comprendrez un peu mieux pourquoi...

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