L'édito : l’heure noire

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L'édito du vendredi par Léo Faure... Pour les plus rigoristes qui nous lisent ici, nous sommes, en ce vendredi 29 juillet 2022, à exactement 406 jours de la Coupe du monde en France. De façon plus schématique, "à la louche", c’est dans une grosse année que Français et Néo-Zélandais donneront le coup d’envoi de la grand-messe du rugby planétaire. Une furia de couleurs, d’idiomes et de bringues venues des quatre coins de la planète ; vingt équipes sur le rectangle vert dont une dizaine assure prétendre au dernier carré, au minimum. Et peut-être une drôle de curiosité.

À date et pour la première fois, les All Blacks ne seraient pas favoris de cette Coupe du monde, au moment d’y entrer de plain-crampons. Ce n’est pas la moindre des bizarreries, dans un sport qu’ils ont historiquement asservi. L’or du trophée Webb-Ellis, les "tout noirs" l’ont soulevé à trois reprises (1987, 2011, 2015) et toutes les autres fois, ils ont essuyé de forts vents de crise au pays. Parce qu’ils étaient évidemment favoris, qu’ils devaient être invincibles. Dans le joyeux monde suprémaciste des Blacks, la défaite honorable n’existe pas.

Ils viennent pourtant d’en enregistrer quatre, d’un coup, lors de leurs cinq dernières rencontres. Dont trois contre l’Irlande, qui confirmait alors une supériorité nouvelle et désormais nette sur ceux qu’ils mirent pourtant 100 ans à battre pour la première fois. Une autre défaite contre la France, à l’ampleur inédite (40-25) et qui en disait déjà long sur la tectonique du rugby mondial : l’Europe fonce, progresse et, à force de combler son retard, prend même un peu d’avance ; le Sud, hier si hégémonique, peine à réinventer son rugby. All Blacks en tête.

Un épiphénomène ? Non. On ne parle plus d’accident, ou de méforme. Sujets aux doutes depuis 2018, balayés par l’Angleterre en demi-finale de la dernière Coupe du monde au Japon, les Néo-Zélandais n’ont occupé la première place du classement World Rugby que deux semaines, depuis trois ans. Ça ne fait pas une vérité absolue, mais c’est un sérieux indicateur du déclin structurel qui frappe les dieux de ce jeu.

Rongés par les tensions internes, le doute et les critiques autour du sélectionneur Ian Foster, les All Blacks lanceront sous haute pression un Rugby Championship de tous les dangers, dans une semaine. Ils commenceront par un déplacement chez les champions du monde sud-africains, ennemis de toujours, histoire de pimenter encore la sauce. Leur droit à l’erreur est minime.

Dans ce tableau noir, un bémol, tout de même : un an, cela peut être largement suffisant à une rédemption. L’histoire le montre, même récente. Sacrés en 2019, les Springboks étaient au fond de la cave douze mois plus tôt. Douze mois, c’est aussi ce qu’il suffit à Fabien Galthié pour refaire de la France une nation effrayante, loin des railleries qui accompagnaient ses sorties la décennie précédente. Dès lors, enterrer si tôt les "Blacks" à l’horizon de la Coupe du monde 2023 serait un rien suicidaire. Les légendes ne meurent jamais.

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