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Portrait : Papali'i, le « Big Papa » de Corrèze

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    Portrait : Papali'i, le « Big Papa » de Corrèze Midi Olympique/Patrick Derewiany - Midi Olympique/Patrick Derewiany
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Arrivé cet été en Corrèze, Abraham Papali’i est l’une des belles surprises de ce début de championnat. Le colosse néo-zélandais brille notamment par la puissance de ses charges. Formé au rugby à XIII et passé notamment par Lézignan en élite 1, le joueur d’origine samoane redécouvre la France sous les couleurs brivistes dans un autre sport... Découverte d’un parcours atypique.

Quand on évoque Abraham Papali’i auprès de ses anciens partenaires, ses coéquipiers, ou ses adversaires, tous sont unanimes : c’est une force de la nature. Et ce n’est pas l’international français du MHR, Alexandre Bécognée, l’une des dernières victimes des charges du puissant troisième ligne, qui dira le contraire. Un phénomène comme le CAB se plaît à avoir derrière sa mêlée. Après le colosse fidjien Sisaro Koyamaibole, le roc samoan So’otala Fa’aso’o, voici donc le solide néo-zélandais Abraham Papali’i. Avec son mètre 94 et ses 126 kilos et ce sans beaucoup de masse grasse, le numéro huit a de sacrés arguments à faire valoir. « Quand on voit Abraham pour la première fois, on se doute que c’est un joueur très fort, fait remarquer Eoghan Masterson, coéquipier de Papali’i durant deux saisons au Connacht. Mais la chose qui marque le plus quand on le côtoie, c’est sa vitesse sur plus de cinq mètres. Ce qui donne une puissance incroyable. C’est tout simplement l’un des joueurs les plus impressionnants que j’ai croisé. Je préfère l’avoir dans mon équipe que face à moi… »

Et quand un joueur avec une telle puissance se frotte aux meilleurs joueurs mondiaux à ce poste, cela peut faire des étincelles. « Pour son premier match avec le Connacht, nous affrontions le Munster à l’Aviva Stadium, juste après la trêve liée au Covid, se souvient Masterson, titulaire sur le flanc de la troisième ligne. Abraham avait en face de lui CJ Stander (numéro 8 de l’Irlande et des Lions britanniques et irlandais, N.D.L.R.). Entre les deux il y avait des contacts toujours plus impressionnants ! Chaque plaquage était rude. Ça claquait vraiment fort ! Dès les premières minutes, nous savions que nous avions affaire à un joueur très puissant qui pouvait faire mal aux adversaires. »

« C’est un monstre »

Depuis, Papali’i continue de faire des dégâts, mais les premiers à avoir subi les charges du colosse sont bien les treizistes. Car s’il a longtemps concilié rugby à XV et rugby à XIII, le natif d’Auckland a débuté son histoire avec ce jeu chez les grands en « rugby league ». Une étape importante dans sa carrière. « Je ne suis pas surpris de le retrouver avec un tel niveau à XV. C’est un mec qui a largement le niveau pour jouer en Super League ou en NRL », estime Aurélien Coloni. L’ancien international tricolore à XIII entretient une relation particulière avec Abraham Papali’i. Il est le premier à lui avoir fait confiance en Europe, quand il entraînait du côté de Lézignan en Élite 1, après deux matchs avec les Sydney Roosters en NRL.

« Pour son premier match contre Carcassonne, sous des trombes d’eau, il avait déjà été impressionnant dans un profil de match qui n’est pas trop le sien. Je l’avais mis remplaçant mais quand il est rentré en tant que pilier, il avait fait d’énormes dégâts. » Polyvalent, Papali’i pouvait jouer partout… avec la même réussite. « Ça lui arrivait de marquer deux-trois essais par match en traversant le terrain ! Un jour, je l’avais mis à l’aile… il avait inscrit un quadruplé ! C’est un monstre, un joueur hors-catégorie. J’en ai vu passer des étrangers mais jamais aussi fort qu’Abraham… »

Depuis cette saison historique pour le club audois - avec Papali’i, élu meilleur étranger d’Élite 1, Lézignan domine la saison 2016-2017, avant d’échouer en finale de Coupe et de championnat-, Papali’i a continué son chemin, retournant dans l’hémisphère Sud retrouver sa compagne et faisant le choix de tenter sa chance au plus haut niveau en « rugby union » avec tous les réglages que cela peut demander…

Un passage XIII-XV difficile

Car oui, tout le monde n’est pas Sonny Bill Williams. Abraham Papali’i en a fait l’amère expérience pour ses débuts en Pro 14 (ancienne Ligue celte) avec la province irlandaise du Connacht. S’il a marqué les esprits dans son duel avec CJ Stander, l’ancien treiziste n’a joué que 25 petites minutes, la faute à un carton rouge pour plaquage haut sur le demi de mêlée du XV du Trèfle Conor Murray. Le premier d’une série infernale puisque Papali’i se fera expulser pas moins de trois fois en moins d’un an, à chaque fois pour la même raison : des interventions défensives trop hautes. Ce qui fera même dire à son entraîneur de l’époque, Andy Friend : « L’essentiel est qu’il doit changer sa technique de plaquage. S’il ne le fait pas, eh bien, il ne continuera pas à jouer au rugby. C’est aussi simple que cela, car vous ne pouvez pas avoir un joueur qui reçoit continuellement des cartons rouges. Les sanctions vont devenir plus lourdes pour lui et il est impossible de rester dans le match en jouant à quatorze. »

Des réflexes de treiziste, réprimés encore plus durement à XV ces dernières saisons, qu’Abraham Papali’i a dû corriger à force de travail. « Il a pu avoir un temps d’adaptation difficile en passant au XV car les règles de plaquage sont différentes, analyse le treiziste Aurélien Coloni. Chez nous, nous pouvons plaquer jusqu’à la base du cou, alors qu’à XV non. Et puis c’est un joueur assez grand donc il a pu commettre quelques dérapages. Il y a toujours un temps d’adaptation à avoir, mais le pari méritait d’être tenté tellement Abraham peut apporter sur un terrain. » « Durant sa suspension, il a toujours gardé le sourire et n’a rien lâché, note Masterson. On a beaucoup travaillé ensemble sur sa technique de plaquage pendant mais aussi après les entraînements. Abraham voulait vraiment s’approprier les règles du XV. » Résultat concluant puisque celui qui était surnommé « Big Papa » dans la province de Galway n’a plus jamais écopé du moindre carton et continue de faire des ravages sur le terrain… cette fois dans les règles de l’art. « La saison dernière, face aux Stormers, il y avait en face de lui, Evan Roos (jeune numéro 8 sud-africain qui a connu sa première sélection face au pays de Galles cet été, N.D.L.R.). Sammy Arnold (centre du Connacht également arrivé cet été à Brive, N.D.L.R.) a dit au groupe après le match qu’Abraham avait infligé à Roos le plus gros plaquage qu’il n’avait jamais vu sur un terrain », poursuit le deuxième ou troisième ligne désormais à Aurillac.

Malgré un physique imposant, « Big Papa » reste un grand timide en dehors des terrains, mais toujours prêt à sortir quelques blagues pour faire rire ses coéquipiers. « Je garde le souvenir d’un garçon très charmant, toujours à l’écoute, bienveillant. Cela peut paraître surprenant vu son physique mais c’est le cas », sourit Aurélien Cologni. Arrivé en famille en Corrèze, Abraham Papali’i semble avoir trouvé son équilibre et c’est tout le CAB qui en profite.

Jamais sélectionné avec la Nouvelle-Zélande ou les Samoa, à XIII, Abraham Papali’i aurait pu faire ses débuts internationaux à XV avec les Manu Samoa à Twickenham face aux Barbarians britanniques en novembre 2021.

Malheureusement, plusieurs cas de Covid ont été détectés dans les rangs des Baa-baas quelques heures avant le coup d’envoi. Une immense déception pour le numéro huit… « C’était triste pour les gars comme moi qui devaient jouer leur premier match, a-t-il déclaré lors d’un podcast à Master of None. Mais aussi triste pour les gars qui voulaient terminer leur carrière et jouer leur dernier match pour les Samoa comme Joe Tekori. 

Finalement, Papali’i a fait ses débuts internationaux cet été… avec les Barbarians britanniques. Le numéro huit était titulaire face à l’Espagne, à Gérone (victoire des Baa-baas 26 à 7), pour ce qui fut notamment le dernier match professionnel du deuxième ligne irlandais Devin Toner, du troisième ligne anglais Tom Wood ou encore de Joe Tekori. Une belle consécration pour Papali’i, avant de poser ses valises en Corrèze.


Né le : 20 juin 1993 à Auckland (Nouvelle-Zélande)

Mensurations : 1,94 m, 126 kg

Poste : troisième ligne centre

Surnom : « Big Papa »

Clubs successifs : en rugby à XIII, Glenora Beard (jusqu’en 2014), Sydney Roosters (2015-2016), Lézignan (2016-2017), Point Chevalier Pirates (2017-2018) ; en rugby à XV, Bay of Plenty (en 2019), Connacht (2020-2022), Brive (depuis 2022).

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