Abonnés

Faits divers - Les troisièmes mi-temps qui dérapent, un phénomène qui n'est plus passé sous silence

Par Simon VALZER
  • Denis Coulson, ici balle en main alors qu’il évoluait sous les couleurs de Grenoble sera jugé, avec deux de ses anciens coéquipiers (Rory Grice et Loïck Jammes). Ils sont tous trois suspectés de viol en réunion.
    Denis Coulson, ici balle en main alors qu’il évoluait sous les couleurs de Grenoble sera jugé, avec deux de ses anciens coéquipiers (Rory Grice et Loïck Jammes). Ils sont tous trois suspectés de viol en réunion. Jack Robert / Icon Sport - Jack Robert / Icon Sport
Publié le
Partager :

Entre les récentes citations à comparaître des Montpelliérains et les renvois en assises des ex-Grenoblois, l’actualité rugbystique est polluée par de bien sombres affaires. Le phénomène n’est pas nouveau, mais l’époque fait que ces dérapages ne sont aujourd’hui plus passés sous silence.

Les fameuses troisième mi-temps ont toujours fait partie de la culture rugbystique. Le phénomène n’est pas nouveau. Ni le fait qu’il arrive, assez régulièrement, que ces dernières dérapent. Des simples comportements déviants aux plus graves délits, le spectre de ces fêtes qui dégénèrent est aussi large que leur liste est longue, tant les exemples historiques pullulent : en 1972, à Cardiff, le pilier All Black Keith Murdoch avait assommé un vigile du bar dans lequel les Néo-Zélandais célébraient la victoire.

En 1997, l’équipe de Brive, fraîchement sacrée championne d’Europe s’était bien tristement illustrée dans le vol qui la ramenait de Cardiff en causant des dégâts majeurs estimés à 300 000 francs (46 000 euros) et en harcelant verbalement une hôtesse de cabine. On ne reviendra pas sur l’affaire Bastareaud durant la tournée du XV de France en Nouvelle-Zélande en 2009, ni sur les affaires de violences volontaires qui ont concerné de nombreux rugbymen connus ces dernières années, ou encore celle pour laquelle avaient été condamnés les deux Fidjiens Josaia Raisuqe et Waisea Nayacalevu, alors joueurs du Stade français (6 mois de prison avec sursis et plus de 4 000 euros d’amende pour le premier, 120 heures de travaux d’intérêts généraux pour le second). Et encore, on ne cite là que quelques exemples…

Amnésie des erreurs passées

C’est une évidence : le cocktail testostérone-alcool est explosif. Et tous les scandales passés n’empêchent en rien que les erreurs soient reproduites, et aillent même encore plus loin. La semaine dernière, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux a renvoyé devant la cour d’assises de Gironde trois anciens rugbymen du FC Grenoble (Denis Coulson, Rory Grice, et Loïck Jammes, dont l’avocat de ce dernier a indiqué qu’il se pourvoirait en cassation) suspectés de viol en réunion, ainsi que deux autres anciens joueurs grenoblois (Dylan Hayes et Chris Farrell) mis en examen pour non-empêchement de crime.

En mai 2022, une troisième mi-temps de l’équipe de Montauban a pris un tournant tragique avec la mort de son troisième ligne samoan Kelly Meafua qui s’est jeté d’un pont dans la nuit, célébrant une victoire de l’USM à Sapiac. Dans ces derniers cas cités, les faits sont extrêmement graves. On parle de mort, de viol en réunion, d’évènements qui traumatisent des familles entières et qui brisent des existences. Si bien que le mot "dérapage" n’est plus approprié du tout. Dans un registre moins grave, on a récemment appris par nos confrères de Midi Libre que deux Montpelliérains, Enzo Forletta et Thomas Darmon étaient convoqués devant le tribunal correctionnel de Montpellier le 13 février prochain pour violences aggravées (en réunion, en état d’ivresse et avec dix jours d’ITT) sur le client d’une boîte de nuit montpelliéraine où ils célébraient leur titre de champion de France le 28 juin dernier. À l’origine de cette rixe, on trouve encore le cocktail testostérone-alcool puisqu’un autre de leurs coéquipiers, le trois-quarts Pierre Lucas, aurait importuné la compagne d’un client de l’établissement qui l’aurait ensuite frappé au visage pour se faire justice tout seul…

Au vrai, on doute que les troisièmes mi-temps aient davantage tendance à déraper qu’avant. Ces excès, aussi intolérables soient-ils, ont toujours existé. Et certains de nos glorieux anciens n’ont pas de leçons à donner à leurs héritiers. Seulement, à l’heure du sport professionnel, de la médiatisation, des salaires qui font rêver les quidams et celle des réseaux sociaux, force est de constater que ces écarts (ou ces crimes, comme on l’a vu), ne sont plus passés sous silence. Et franchement, c’est tant mieux. Loin de nous l’envie de nous montrer nostalgiques d’une époque où il arrivait qu’un dirigeant influent passe un coup d’éponge sur les méfaits de son équipe en parvenant à convaincre les victimes de garder le silence, en échange de quelconque arrangement. Le rugby est aujourd’hui professionnel. Il est un sport adulte. À lui de se comporter comme tel, et de rester vigilant et droit face aux multiples risques, tentations ou autres provocations auxquels ce statut l’expose.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?