L'édito : L'héritage

Par Emmanuel MASSICARD
  • Florian Grill à l'occasion de Assemblée Générale Elective de la FFR en octobre 2020.
    Florian Grill à l'occasion de Assemblée Générale Elective de la FFR en octobre 2020. Icon Sport - Icon Sport
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L'édito de ce lundi 3 octobre, par Emmanuel Massicard. 

Cela ne vous rappelle rien ? Nous, si. Un air de musique déjà connu, hélas ; le souvenir d’une époque douloureuse et parfois ridicule pour l’équipe de France ; les images d’une fracture sinistre entre des hommes quand la vitrine de notre secteur sportif fut brusquement sabordée par des enjeux politiques.

C’était en 2017, au lendemain de l’élection de Bernard Laporte à la présidence de la fédé. Guy Novès dirigeait les Bleus. Ces deux-là ne s’aimaient pas et le sélectionneur nommé par Pierre Camou ne serait jamais l’homme de son successeur à la présidence ; divorce inévitable, avec pertes et fracas. C’est au milieu de ce champ de ruines que Fabien Galthié a débarqué, technicien providentiel pour répondre à l’ambition présidentielle.

Six ans plus tard, l’histoire pourrait donc bégayer sur fond d’un nouvel affrontement politique et, surtout, d’un procès. Le 13 décembre, Bernard Laporte saura si les réquisitions du procureur Dulin seront suivies par la présidente Hunault. En intégralité ou même partiellement. Au paroxysme de l’affaire Altrad-Laporte, il peut perdre le contrôle de la FFR.

L’ancien secrétaire d’État abandonnerait alors un champ que l’on peut penser libre à Florian Grill, héritier de Camou et leader de l’opposition qui pourrait profiter du contexte pour s’imposer dans les urnes. Grill prendrait alors en héritage une Coupe du monde à gagner et… un sélectionneur à garder, puisque Galthié a prolongé jusqu’en 2027.

Cela ne vous rappelle vraiment rien ? Certes le contexte n’est pas aussi explosif qu’à l’époque de la guerre froide Laporte/Novès, mais rien ne dit que le tandem aux initiales « G.G. » (Galthié-Grill) survivra aux morsures du temps et l’ouverture du dossier de succession, même s’il apparaît compatible sur le papier.

La longue histoire de notre discipline démontre l’importance des liens tissés entre un sélectionneur et son président, avec effets immédiats sur les résultats du XV de France. Souvenez-vous du tumulte entre Ferrasse et Fouroux ; des hauts et des bas entre Lapasset et Berbizier, Skréla/Villepreux ou Laporte. Plus proche de nous, de la distance qu’avait mise Camou avec la sélection, laissant Saint-André, Lièvremont ou enfin Novès seuls maîtres à bord et seuls à assumer face aux mauvais résultats. Leur autorité en avait forcément pâti

Celle de Galthié ne souffre à l’instant présent d’aucune contestation. Parce qu’il gagne et parce que Laporte est toujours là, présent au soutien, aligné sur l’objectif et la stratégie. Parce qu’il est également le chef du projet « Coupe du monde », focalisé comme son président par la mission de leur vie. Bref, entre eux, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette.

Si vous voulez nous croire, ce duo des noms placé au sommet de la pyramide du rugby français doit être avant tout une affaire d’hommes qui parlent le même rugby, partagent les mêmes ambitions et se retrouvent autour d’une indispensable proximité sportive. Sauf que cette dernière, on l’a bien vu avec Novès, ne se transfère pas obligatoirement au moment d’un éventuel héritage.

Alors soyons clairs : alors que se dessine déjà l’avenir du prochain staff tricolore censé mener le XV de France jusqu’à la Coupe du monde 2027, rien ne dit que pendant quatre ans Galthié voudra poursuivre l’aventure sans Laporte qui l’a mis sur orbite, auprès de celui qui fut son principal opposant ces dernières années…

Et rien ne dit enfin que l’équation à plusieurs inconnues qui entoure aujourd’hui le staff se pose encore sur les mêmes bases d’ici à quelques semaines. Parce que c’est une affaire d’hommes autant que de contexte.

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