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Top 14 - Arthur Vincent, le talent (encore) foudroyé

Par Simon VALZER
  • Face à Brive, Arthur Vincent s'est de nouveau gravement blessé au genou gauche, comme la saison dernière.
    Face à Brive, Arthur Vincent s'est de nouveau gravement blessé au genou gauche, comme la saison dernière.
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Victime d’une terrible rechute au genou qu’on lui avait opéré la saison dernière, le petit prodige du rugby français va connaître une nouvelle longue convalescence. revenu à temps pour aider son club de cœur à devenir champion de France, Arthur Vincent rééditera-t-il ce tour de force pour le mondial 2023 ?

On nous répète toujours que tout va très vite au rugby. C’est vrai. Mais franchement, on aimerait parfois que le temps ralentisse un peu, histoire de laisser un peu de répit à ses acteurs. C’est notre sentiment quand on songe au cas d’Arhtur Vincent, le polyvalent trois-quarts du MHR qui compte 14 sélections avec l’équipe de France. Le vendredi 24 juin dernier, jour de la dernière finale du Top 14 opposant Montpellier à Castres, nous titrions un article d’une pleine page ainsi : "Arthur Vincent, le miraculé". Le terme n’était pas trop fort.

Gravement blessé au genou contre la Rochelle le 2 octobre 2021, le minot de Mauguio avait suivi une interminable rééducation de huit mois avec un rêve fou : celui de revenir à temps pour les phases finales. Un rêve dont il se méfiait toutefois, histoire de ne pas être déçu. Interviewé par nos soins le 30 novembre suivant à l’occasion d’une cérémonie de remise des Oscars de Midi Olympique, le sympathique centre se voulait raisonnable : « Je me suis blessé le 2 octobre dernier, j’ai été opéré le 20. Mais je me suis fait très vite fait une raison sur la saison en cours. Huit mois de convalescence à compter du 20 octobre, cela nous mène au 20 juin, soit pour les phases finales. Cela me paraît délicat de rejouer cette année. »

Délicat certes, mais pas impossible pour un compétiteur acharné de la trempe du double champion du monde des moins de 20 ans français, qui a fini par réaliser son rêve : reprendre la compétition le 5 juin pour le compte de la dernière journée à Clermont, participer à la folle aventure des phases finales avec son club de cœur, et aider ce dernier à ramener son premier Brennus dans l’Hérault le 24 juin suivant. En l’espace de trois matchs (déplacement à Clermont donc, demi-finale contre Bordeaux, et finale contre Castres) le Melgorien est passé de miraculé à héros.

On le revoit encore en demi-finale à Nice, à l’Allianz Riviera : malgré la chaleur et le manque de compétition, Arthur Vincent avait été fidèle à lui-même : hyperactif, agressif, percutant bref, intenable quoi. Et le tout pendant 80 minutes. Et ses statistiques ne faisaient que confirmer ce sentiment : le gamin de Mauguio a terminé la rencontre avec sept courses, (meilleur score des trois-quarts du MHR), 38 mètres gagnés, deux défenseurs battus et sept plaquages effectués pour un seul manqué. En finale, il a encore frappé en marquant le premier essai de la partie et en adressant cette splendide passe décisive à l’aveugle à son arrière Anthony Bouthier qui passa dans son dos.

Sa reprise avait été suivie de près par le staff

Mais comme on vous l’a dit en préambule, tout va très vite dans ce rugby. Les bonheurs les plus intenses font place aux plus grandes désillusions. Celle qu’Arthur Vincent a vécue en début de semaine dernière est immense. De nouveau touché à son genou opéré à la 63e minute du match opposant Montpellier à Brive au Stadium le 17 septembre dernier, le Ciste a quitté le terrain grimaçant, mais sans l’aide d’un membre du staff médical.

À la fin de la rencontre, on était presque rassuré de le voir retourner seul sur la pelouse pour féliciter un par un par ses coéquipiers de la courte mais précieuse victoire acquise. En conférence de presse, son directeur du rugby, Philippe Saint-André, ignorait encore la gravité de sa blessure : « Il s’est blessé tout seul, sur un appui. Il a ressenti une douleur, on ne voulait prendre aucun risque donc on l’a fait sortir aussitôt ». Vincent n’en savait pas plus, tout comme le corps médical qui a cru, à l’issue d’un premier diagnostic, que le jeune prodige du MHR ne souffrait "que" d’une simple chondropathie (une dégénérescence du cartilage au niveau de l’articulation du genou) et que son indisponibilité ne dépasserait pas deux mois.

Malheureusement, une arthroscopie réalisée le lundi suivant a révélé un tout autre verdict. Un verdict qui a presque gâché la soirée du MHR à la Nuit du Rugby de Canal +, où le club héraultais a brillé de mille feux avec les distinctions données à Zach Mercer, élu meilleur joueur du Top 14, au staff, élu meilleur staff du championnat par ses pairs, sans oublier la révélation du Pro D2 Léo Coly, aujourd’hui montpelliérain : « Les nouvelles ne sont pas bonnes », déclarait ce soir-là Philippe Saint-André la mort dans l’âme. Lesdites nouvelles annonçaient une lésion partielle du ligament croisé antérieur nécessitant une réopération. Conséquence : huit mois d’absence. Chienne de vie…

Arthur Vincent est donc repassé sur le billard en début de semaine dernière. Pourtant, il serait injuste de dire que le joueur ou le staff sont en faute : quand on rendit visite aux Cistes au lendemain de leur reprise au mois d’août dernier, le joueur effectuait, à l’écart du reste du groupe, un méticuleux travail spécifique d’appuis en compagnie d’un préparateur physique. Le triumvirat Saint-André-Azam-Elissalde avait même pris soin de le préserver pour le compte de la première journée, et ne l’avait titularisé que pour la deuxième et la venue de Bordeaux. Vincent avait joué une heure, et avait enchaîné la semaine suivante à Brive, là où il a connu sa terrible rechute.

340 jours pour revenir

Ironie du sort, Arthur Vincent fêtait vendredi dernier son anniversaire. Il a eu 23 ans, et on imagine qu’il aurait aimé le passer ailleurs que dans un lit. Vingt-trois barreaux, et déjà foudroyé deux fois par une terrible blessure au genou. Rappelons tout de même qu’entre les deux, le bougre a trouvé le moyen de devenir champion de France ! Alors aussitôt, on pense au prochain objectif de sa jeune mais déjà riche carrière : la Coupe du monde en France, dont le coup d’envoi sera donné le 8 septembre 2023. En ce lundi, l’international tricolore dispose donc de 340 jours avant le lancement du Mondial en France. 11 mois et 5 jours, alors que sa convalescence est pour l’instant évaluée à huit mois. Reste à savoir si cette blessure qui, rappelons-le, est une rechute, nécessitera plus de soin et de précautions que la première.

Pour l’heure, cet objectif est encore lointain, très lointain. Dans l’immédiat, le trois-quarts centre double champion du monde avec les moins de 20 ans français ne va pas pouvoir poser le pied gauche par terre pendant un mois. Ensuite, il devra se déplacer en béquilles pendant deux mois. Fort heureusement, Arthur Vincent a toujours cet inflexible enthousiasme chevillé au corps et cœur. Pour ses "followers" sur les réseaux sociaux, le Montpelliérain a pris la pose : sourire ultra-bright, pouce levé et énorme attelle soutenant sa jambe gauche, Vincent leur a également adressé un petit message de remerciement : « Keep smiling… act 2 ! ("Garde le sourire, acte 2" en français, N.D.L.R.) Tellement déçu de devoir de nouveau laisser les copains et ce putain de groupe. Mais nouveau défi qui commence ! Merci à tous pour vos messages. »

Contacté par nos soins pour lui témoigner notre sympathie dans ce moment douloureux, Vincent nous a répondu ceci : « C’est le sport, il y a pire dans la vie. J’ai un genou tout neuf maintenant et feu ça va le faire ! » C’est tout le mal qu’on lui souhaite...

Le médecin du MHR, Gaspard Bui nous a livré d’intéressants détails concernant cette deuxième blessure : « Elle ressemble à la précédente, mais elle est moins importante : la première était totale, celle-ci est partielle. Mais dans le sport de haut niveau et surtout les sports "pivot" comme le rugby, le hand ou le basket, cela ne change pas grand-chose. Même si elle est partielle, il faut refaire une ligamentoplastie. C’est-à-dire que le chirurgien a reconstruit un ligament croisé avec des renforts pour augmenter la stabilité du genou.

La convalescence risque en revanche d’être un peu plus longue que la première, que nous avions rendue optimale pour donner une chance à Arthur de disputer les phases finales. Mais pour qu’une greffe prenne, elle doit cicatriser parfaitement. Un greffon met plusieurs mois à redevenir solide, sans oublier les problèmes de fonte musculaire. Il y a tout un rééquilibrage à faire. » 

En tout cas, cette blessure a surpris l’ensemble du staff, qui ne pouvait bien entendu pas la prévoir : « Elle m’a étonné oui, mais les rechutes arrivent malheureusement. Je suis surtout très triste pour lui. Nous avons pourtant suivi sa reprise de très près, d’autant qu’un de nos préparateurs physiques est spécialement dédié aux blessés. Notre politique est de préserver la santé des joueurs. Je ne peux me permettre de faire un pronostic sur sa possible participation à la prochaine Coupe du monde. Ce que je peux dire, c’est que cette opération était nécessaire pour qu’il ait une chance de postuler pour le Mondial. »

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Les commentaires (1)
cantewitko Il y a 1 année Le 04/10/2022 à 12:03

Plein de courage à ce très beau et bon joueur