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Top 14 - Anthony Jelonch : « Sur la fin de saison dernière, la fatigue était surtout mentale »

Par Rugbyrama
  • Anthony Jelonch (Toulouse).
    Anthony Jelonch (Toulouse). Icon Sport - Icon Sport
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Troisième ligne du Stade toulousain auteur, à l’image de son club, d’un départ tonitruant, le flanker international ressent les bienfaits de la rotation effectuée par le staff. Il revient aussi sur la difficulté à enchaîner les échéances de haut niveau lors du précédent exercice.

Comment jugez-vous le début de saison ?

Collectivement, il est bon. J’inclus la préparation. L’ambiance est là, tout le monde est en forme. Cela se ressent sur les matchs, notamment le premier à Bordeaux qui nous a bien lancés. Ce n’est jamais simple de s’imposer là-bas. Même s’il y a ce revers à Pau qui n’a pas reflété ce qu’on montre depuis plusieurs mois ensemble. C’était notre joker, on l’a éliminé. On sait qu’on a le droit de louper des passes sur le terrain mais pas de passer à côté dans l’engagement, comme ce fut le cas ce jour-là. Ce n’était pas nous.

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— Midi Olympique (@midi_olympique) October 12, 2022


Finir sans titre la saison passée a-t-il aiguisé votre esprit de compétiteur ?

Oui. On l’a vu lors de la première journée que j’évoquais. Pendant vingt minutes, les Bordelais nous avaient fait très mal mais, au retour de la mi-temps, on a retrouvé notre vrai visage. On s’est dit des choses dans le vestiaire.

Quoi ?

Qu’on devait jouer notre jeu, être nous-mêmes. L’équipe l’a fait en deuxième période, est parvenue à revenir au score et à gagner à l’arrivée. C’est une grande preuve de caractère. Ce groupe en a. L’an passé, perdre en demi-finale dans les deux compétitions… On ne va pas le cacher, chacun espérait autre chose. Nous sommes de gros compétiteurs et l’objectif est de faire mieux cette saison.

Le caractère a donc été mis à l’épreuve…

Oui, perdre à chaque fois en demie nous a vexés. C’est une réalité. Mais je pense que cela va bien se passer cette saison. La motivation est grande.

Personnellement, vous êtes très saignant…

Je me sens bien physiquement. Couper six semaines cet été m’a été bénéfique, m’a régénéré l’esprit et le corps. J’ai fait une bonne préparation. On verra plus haut si mes prestations sont à la hauteur à Toulouse.

Le staff procède à une rotation anticipée, notamment avec les internationaux...

Oui, il y a beaucoup de turnovers mais c’est voulu. C’est pour gérer les mecs, pour que tout le monde soit en pleine forme au moment souhaité, quand il faut augmenter le niveau.

Aviez-vous aussi et enfin besoin d’une vraie préparation ?

Cela faisait quatre ou cinq ans que je n’en avais pas fait une complète pendant un mois. Cette année, cela m’a fait beaucoup de bien. Mais j’avais aussi besoin de couper, surtout mentalement.

Et physiquement ?

C’est différent. Quand on joue tous les week-ends, qu’on n’a pas de pépin, il n’y a pas de problème. Sur la fin de saison dernière, la fatigue était surtout mentale, même si les trente matchs - et certains de très haut niveau - coûtaient aussi physiquement.

Comment cela se traduisait-il ?

Franchement, c’était dur de repartir le lundi, de s’y remettre à chaque fois… D’autant plus qu’à la fin, il n’y avait que des matchs couperet. Il fallait toujours se préparer à fond, j’ai vécu des jours compliqués. Quand le match arrivait, c’était oublié, je n’avais qu’une envie : jouer et gagner. Mais l’enchaînement des semaines était difficile mentalement.

D’autant plus qu’il a fallu batailler en phase finale de Champions Cup et pour assurer une place dans les six premiers en Top 14…

La saison dernière, on a toujours eu l’impression de courir après quelque chose, derrière des victoires impératives. Après le Tournoi des 6 Nations, en Top 14, l’équipe n’avait plus le droit à l’erreur, était obligée de gagner. Pareil en Coupe d’Europe puisqu’on a perdu à la maison en huitième de finale aller contre l’Ulster. Nous étions obligés de l’emporter de plus de six points là-bas au retour, puis obligés de gagner encore à l’extérieur en quart au Munster, en étant menés… Cela a toujours ajouté de la pression. Quand je dis que l’enchaînement était dur mentalement, c’était ça.

La défaite en demi-finale de Top 14 contre Castres fut-elle dure à encaisser ?

Bien sûr. Mais, une fois que c’est fait… Moi, je suis comme ça. Je me dis que c’est trop tard, qu’il fallait agir avant. On ne peut de toute façon pas refaire le match. Il fallait partir en vacances. Mais je suis revenu revanchard, avec l’envie de faire une grosse saison.

Vous vous prenez peu la tête…

Je ne suis pas du style à ressasser les choses pendant dix ans. Là, je suis parti en vacances en Corse avec quelques coéquipiers, puis avec d’autres amis, j’ai coupé avec le rugby même si j’ai fait d’autres sports : tennis, padel, basket… J’ai quand même besoin de garder une activité physique.

Ce match au Leinster vous a-t-il marqué ?

Ah oui. Enfin, marqué… On a vu qu’il y avait deux niveaux d’écart entre les deux équipes ce jour-là. Sur ce match, sur le jeu qu’ils proposaient, nous étions dépassés dans tous les sens.

Cela vous était-il déjà arrivé ?

Je n’avais jamais ressenti ça. Ça passait de tous les côtés. Sincèrement, à la fin, on ne pouvait même pas se dire : « Putain, ça fait chier. » Non, tu en as pris quarante, tu as été pris devant dans l’engagement, derrière dans la vitesse, sur les phases de conquête. Tu as été pris partout. Donc tu te tais. Mais on a vu que les joueurs du Leinster n’ont pas réalisé le même match ensuite en finale. Les Rochelais ont su mieux les prendre que nous, c’est une certitude.

Cela a-t-il fait bizarre de voir jouer l’équipe de France sans vous au Japon cet été ?

J’étais content de regarder les matchs à la télé. Pour certains, on savait à l’avance qu’on ne serait pas pris, qu’on serait ménagés. Mais ça fait toujours un peu bizarre quand même. Après, j’étais heureux de voir les mecs aligner deux victoires.

Avant cette tournée, vous aviez été présent sur les dix-huit dernières feuilles de match des Bleus…

Ça faisait un moment que je n’avais pas raté une feuille de match, je le sais, mais je ne connaissais pas le chiffre exact. Dix-huit, c’est pas mal (rires). On m’aurait dit ça, il y a quelque temps, je n’y aurais pas cru. C’est génial. J’ai vécu des moments de dingue avec le XV de France.
Vous restiez aussi sur onze titularisations d’affilée. Vous considérez-vous comme un cadre de la sélection ?
Je n’aime pas parler comme ça et employer ce genre de mot. Bien sûr, je sais que… (il s’arrête). Non, dire que je suis un cadre ou je ne sais quoi, je ne le veux pas. Chacun a envie d’être leader sur le terrain. Je ne vais pas vous dire que je ne suis pas content de jouer. Je le suis. J’ai été capitaine lors de la tournée en Australie et cela m’a fait plaisir qu’on me confie cette responsabilité. Mais on parle de la sélection nationale…

Et alors ?

On a toujours cette place à aller chercher. En équipe de France, ce n’est jamais acquis. C’est une sélection et tout peut aller très vite. Même pour les supposés cadres. Ils doivent être très bons en club, sinon ils peuvent ne pas revenir.

Vous refusez de vous sentir installé…

Je n’ai pas le droit de dire que je suis installé en équipe de France. Personne n’en a le droit. C’est l’équipe nationale et il faut prouver chaque week-end que tu mérites cette place.

Cette retenue, presque exacerbée, vient-elle de votre éducation ?

Sûrement. J’ai toujours été humble. On ne sait jamais ce qui peut nous arriver mais cela n’a rien à voir avec la confiance en soi. J’ai confiance en moi, pas de soucis. Mais je me refuse à dire du mal de quelqu’un ou à faire des histoires où il n’y en a pas. Je ne cherche pas à me donner une apparence, ce n’est juste pas ma façon de fonctionner.

Votre image vous est-elle égale ?

Oui. En tout cas, je ne me pose pas la question. Je suis comme je suis, et on me prend comme je suis.

Pensez-vous au test contre les champions du monde sud-africains en novembre ?

J’ai très envie de participer aux trois matchs. L’Afrique du Sud, c’est une équipe que nous n’avons jamais affrontée. Il ne nous manque plus qu’elle. En plus, à Marseille, dans ce stade magnifique…

Malgré la blessure de François Cros, le retour de Charles Ollivon va-t-il accentuer la concurrence à votre poste ?

Ma relation avec Charles est très bonne. C’est vrai avec tous les troisième ligne, ceux qui sont presque toujours là ou ceux qui viennent de temps en temps. Après, chacun veut gagner sa place, c’est logique, et tant mieux pour le groupe. Le staff fera ses choix. C’est ça l’émulation, mais cette concurrence est saine.

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