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« Je n’avais pas perdu la foi », du XV de France à La Rochelle, Bourgarit se livre

Par Nicolas AUGOT
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Pierre Bourgarit (Talonneur) Absent du groupe france lors du dernier tournoi des 6 Nations, le talonneur de la Rochelle avait fait son retour en Bleu lors de la tournée au japon. Il sera là pour celle de cet automne.

La Rochelle a débuté la saison, notamment en s’imposant à la dernière minute contre Montpellier, puis en renversant la situation face au Racing 92, est-ce le signe d’une équipe en confiance après le titre européen ?

On vit mieux ce début de saison que l’an dernier, où nous avions commencé par deux défaites lors des trois premiers matchs. Cette année nous avons commencé par trois victoires et c’est toujours agréable pour travailler dans la bonne humeur et avec des sourires aux entraînements. Mais, on voit quand même que nous avons encore des points à travailler. Forcément, on croit en nous. Mais ce sont des situations que nous voulons éviter. Ça nous a souri et nous sommes arrivés à renverser des situations. Mais jouer seulement quarante ou cinquante minutes ne suffira pas sur certains matchs. Je pense que les défaites, que nous avons pu connaître dans le passé sur des fins de matchs qui n’ont pas tourné en notre faveur, nous servent aujourd’hui pour aborder un peu mieux les fins de matchs à pression. Mais le but est d’être constant sur l’intégralité des rencontres pour s’éviter d’avoir le couteau sous la gorge dans les dernières minutes.

Après avoir participé à la tournée du XV de France au Japon, avez-vous pu profiter de l’été pour vous régénérer ?

J’ai pu me reposer. J’ai eu un mois de vacances et j’ai pu rentrer chez moi pour me ressourcer. C’est passé vite mais j’ai pris plaisir à revenir à l’entraînement. J’ai été remplaçant sur les deux premiers matchs mais j’avais retrouvé l’équipe seulement trois semaines avant le début du championnat. Nous avions eu une semaine de stage où nous n’avions pas travaillé énormément physiquement donc ça ne m’a pas fait de mal de commencer les deux premiers matchs sur le banc des remplaçants pour continuer ainsi le travail personnel que l’on effectue pendant l’intersaison. Après, le staff a fait ses choix avec l’envie certainement de voir d’autres joueurs. Je l’ai accepté car je joue toujours pour l’équipe.

Ronan O’Gara vous avait-il prévenu ?

Non, il ne me l’avait pas forcément dit mais ce n’était pas un problème. Je ne me suis pas dit : je ne commence pas la saison donc je ne vais pas jouer et d’autres joueurs sont définitivement devant moi. Je pense que c’était logique car je n’avais pas joué le match amical. C’était légitime que Quentin commence les premiers matchs de la saison. Après, je suis compétiteur et mon but est de commencer tous les matchs, comme tous les joueurs de Top 14. En France, c’est quelque chose qui nous tient à cœur car on se dit toujours que le titulaire est meilleur que nous si on débute sur le banc. Mais, il ne faut pas le voir comme ça. C’est certainement la vision des gens de l’extérieur qui se disent que le titulaire est devant le remplaçant, mais ça peut être simplement le choix d’un staff de laisser un joueur se reposer ou de trouver plusieurs compositions possibles pour être performant sur tous les matchs. Ce sont aussi des choix tactiques et ils font les respecter pour avancer. Le but est de bosser pour l’équipe et le staff technique sait aussi ce qui est bon pour nos corps. Le repos est aussi nécessaire, mais j’arrive tous les lundis à l’entraînement avec l’envie d’être titulaire le samedi. Et quand je n’y suis pas, je suis forcément déçu mais je ne baisse pas les bras.

Connaissiez-vous Quentin Lespiaucq avant cette saison ?

On s’était rencontré en Nouvelle-Zélande en 2018 quand j’avais fait la tournée avec l’équipe de France. Quentin était présent avec les Barbarians et j’avais fait la dernière semaine avec eux. Après, nous avons des amis en commun puisqu’il a beaucoup joué avec Nicolas Corato que je connais depuis Auch et qui est un très bon ami. Nous étions colocataires. On s’était déjà donc rencontré et on s’entend très bien.

Cette nouvelle concurrence est-elle bienvenue dans cette saison où il va falloir se montrer à son meilleur niveau ?

Bien sûr. La concurrence me tire forcément vers le haut. Ça doit être aussi le cas pour Quentin. À tous les postes, on a besoin de challenges. Si en arrivant le lundi, tout le monde sait qu’il va jouer le week-end suivant ce n’est pas bon. On va forcément moins donner aux entraînements. Avec quarante mecs prêts à jouer, il faut être performant tous les jours et cette émulation est bénéfique pour l’équipe, sur le plan collectif et individuel.

Vous avez retrouvé les Bleus lors de la tournée au Japon, cela vous a-t-il motivé pour débuter cette dernière saison avant la Coupe du monde ?

Je n’avais pas perdu la foi car je n’y étais pas pendant le Tournoi des 6 Nations. Ce sont des choix du sélectionneur et son staff. Quand, ils ne m’ont pas pris j’ai toujours eu des explications du pourquoi et du comment. L’important était donc de continuer à travailler pour répondre à leurs attentes. Il fallait que je montre que j’étais performant en match pour leur mettre, entre guillemets, la pression. Mon objectif était de retrouver l’équipe de France et de pouvoir rejouer avec les Bleus. Mon objectif est clair : participer à la Coupe du monde. Mais je sais que c’est le même pour soixante-dix joueurs en France. Tout le monde va faire le maximum pour y être. L’équipe de France peut s’appuyer sur beaucoup de potentiels à tous les postes. On le voit quand des joueurs sont blessés. Le niveau du XV de France reste le même malgré les changements. C’est énorme pour la sélection. Il est impossible de se dire : c’est bon, j’y suis et je ne risque rien. On se rend compte qu’il faut toujours travailler pour rester le plus performant et éviter de se faire dépasser par un autre. Je travaille dans mon coin en essayant de faire les meilleurs matchs possible, en restant concentré sur les résultats avec La Rochelle. Après, je fais des erreurs et j’en ferai encore d’autres. Le but est de les analyser pour essayer de comprendre pourquoi elles arrivent et ainsi les gommer. J’ai plus de bagages maintenant. J’arrive à mieux analyser les situations, à savoir quand je suis bien ou quand je suis moins bien. J’ai maintenant l’expérience pour savoir ce qu’il faut faire quand ça va et quand ça ne va pas. Grâce aux épreuves que j’ai connues par le passé, j’arrive à mieux les aborder quand elles se reproduisent.

Il vous a été reproché dans le passé de perdre de l’énergie sur le terrain en vous éparpillant, et notamment en parlant beaucoup aux arbitres. Luttez-vous contre ça ?

C’est ma personnalité. Je suis quelqu’un de râleur. Je n’ai jamais aimé perdre et j’ai toujours été un peu mauvais joueur dans la défaite. Je n’ai jamais aimé perdre. Effectivement, avec ce caractère, je ne montre pas forcément la bonne image par moments. Je sais que j’ai tendance à lever les bras ou à pester contre l’arbitrage. Même si ce n’est pas une lutte acharnée, je fais le maximum pour travailler là-dessus. Mais je ne passe pas mon temps qu’à râler contre l’arbitre. Quand je trouve que des choix ne sont peut-être pas bons je l’exprime de la mauvaise manière mais je veux changer ma façon de faire. Je dois mieux me canaliser. J’ai fait un gros travail là-dessus la saison dernière. Après je lis les journaux comme tout le monde et je lis que je râle. Mais, je ne suis pas le seul joueur de Top 14 à râler. Je ne vais changer du tout au tout du jour au lendemain. Je ne vais pas devenir le bon samaritain qui ne râle pas. C’est ma personnalité mais je fais le maximum pour que ça se voie le moins possible. Je dois extérioriser mon ressenti de la meilleure des manières.

La connexion avec l’arbitre est un sujet à la mode chez les managers…

Le fait d’être connecté tous ensemble est le nouveau credo des staffs. Il faut toujours être éveillé et connecté en permanence. Et c’est aussi vrai avec la communication avec l’arbitre. Surtout pour La Rochelle. Nous avons un jeu énormément focalisé sur les zones de rucks où nous allons beaucoup contester. On essaie donc de créer ce lien avec l’arbitre pour suivre ses directives, pour savoir quand on peut attaquer le ballon et quand il faut lâcher. La communication avec les arbitres est donc importante.

Vous avez dit être rentrés chez vous pendant les vacances. Le Gers est-il toujours aussi important même si vous êtes à La Rochelle depuis longtemps ?

Dès que j’ai des vacances, je rentre dans le Gers. J’ai ma famille et beaucoup d’amis là-bas. J’essaie quand même de voyager mais je suis très attaché à ma terre. J’adore y descendre et retrouver la simplicité que j’ai toujours connue. C’est aussi grâce aux éducateurs de Gimont, puis ceux que j’ai connus à Auch que j’en suis là aujourd’hui. Je dois beaucoup à des gens comme Julien Sarraute, Gregory Menkarska, Patrick Bosque et Eric Dahlluin, mon prof au lycée car ça ne se passait pas toujours très bien de ce côté-là. Je suis aussi resté proche des joueurs que j’ai connus à Auch.

Et c’est un Gersois, Grégory Patat, qui vous a accueilli à La Rochelle…

Greg a été très important. Il m’a permis de franchir plusieurs paliers, que ce soit à La Rochelle mais aussi pour intégrer l’équipe de France. Nous avons beaucoup échangé quand il était ici. J’avais connu une première saison plutôt faste, avec beaucoup de réussite, avant de connaître une seconde saison plus dure, avec moins de temps de jeu et des difficultés en touche. Il m’a beaucoup aidé et nous avons travaillé sur ce qui n’allait pas pour que je retrouve mon meilleur niveau. Il a été beaucoup présent. Même la saison dernière, quand il n’était plus dans le staff de La Rochelle, je le voyais souvent car il habitait toujours ici et on échangeait énormément.

Quand vous étiez à Auch, aviez-vous conscience du potentiel de tous les joueurs du centre de formation ?

Non. Je ne l’aurais jamais dit. D’ailleurs pas grand monde pouvait le dire. On savait qu’il y avait des bonnes générations, mais de là dire que beaucoup d’entre nous perceraient en top 14 ou en Pro D2, c’était inimaginable. En tout cas, nous ne l’aurions jamais crié sur tous les toits. Forcément, en étant dans un centre de formation, on a cette ambition dans le coin de notre tête mais on ne pouvait pas se dire que ça se passerait comme ça. Nous avons connu plusieurs années fastes avec la génération de Gauthier Doubrère, Pierre Dupouy puis celle de Toto Dupont, Paul Graou, Anthony Jelonch puis celle avec Gregory Alldritt, Nicolas Corato et moi notamment. Il y a eu trois générations exceptionnelles mais c’était impossible de voir que ça se passerait comme ça. C’est surtout une belle reconnaissance pour la ville d’Auch et le club qui a toujours été formateur alors qu’il évoluait en Fédérale 1.

En voyant la réussite des générations précédentes, était-ce une pression supplémentaire ?

Jamais ! Quelle pression il y a de ne pas réussir à être un joueur professionnel. On sait très bien qu’il faut toujours travailler, être sérieux, n’être jamais résigné, mais le facteur chance existe toujours. Il faut être là au bon moment et saisir la bonne opportunité. Personnellement, je ne me suis jamais mis une pression monstre en me disant que si je n’y arrivais pas, je serais un raté. J’ai pris les échéances comme elles venaient et à chaque fois que j’ai eu un rendez-vous, j’ai essayé d’être le plus performant possible en mettant toutes les chances de mon côté. Ça a marché mais ça aurait pu ne pas être le cas. Mais forcément, quand on a quatorze ou quinze ans et que l’on voit des joueurs que l’on connaît commencer à gagner leur vie grâce à leur passion, ça donne des envies.

C’est cette philosophie qui vous anime dans cette année qui peut vous conduire à la Coupe du monde ?

Je ne vais pas me mettre de pression monstre. Je vais bosser avec acharnement sur mes points faibles car j’en ai, et tout le monde en a. Personne n’est pas parfait et le rugby n’est pas un sport parfait. Rien ne le sera jamais. Je vais rester moi-même et travailler dans mon coin en donnant tout ce que je peux pour ne pas avoir de regrets et montrer au staff des Bleus que je suis là.

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