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Richie McCaw dans le ciel parisien : les coulisses d’une opération commando

Par Clément LABONNE
  • Richie McCaw a survolé Paris à bord d’un AS555 Fennec.
    Richie McCaw a survolé Paris à bord d’un AS555 Fennec. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Arrivé la veille de la cérémonie des Oscars Midi Olympique, Richie McCaw ne s’est pas reposé. Grâce à l’Armée de l’Air et de l’Espace, l’ancien All Black s’est même offert un vol en hélicoptère au-dessus de paris. Récit.

Chemise blanche, pantalon noir, sourire d’acteur. Richie McCaw est arrivé à la soirée des capitaines champions du monde comme à un banquet d’après-match des All Blacks. Le dimanche 22 octobre, le double champion du monde partageait d’uniques retrouvailles avec John Smit, Martin Johnson ou John Eales, dans la suite 435 de l’hôtel Le Fouquets-Barrière. L’occasion également de retrouver le trophée Webb-Ellis, porté pour la seule fois de son histoire par un même capitaine. Une mise en bouche avant la journée du lundi où McCaw allait devoir être sur tous les fronts. Le matin d’abord, l’homme aux 148 sélections sous le maillot noir partageait avec Thierry Dusautoir son expérience d’ancien joueur et de chef d’entreprise, en compagnie de Franck Mesnel, président de la marque de vêtements Eden Park et ancien international, et Daniel Dréan, directeur communication, marketing et partenariats de la GMF, sponsor historique du XV de France.

Un nouveau costume endossé par celui qui a délaissé les crampons pour prendre en charge une entreprise de services liée aux hélicoptères (formation, tourisme…). Une prestation de deux heures avec sa victime malheureuse de 2011 et son bourreau de 2007. L’agenda s’accélérait alors pour Richie McCaw, qui après avoir posé sur une belle photo de famille devant l’hôtel Le Fouquet’s-Barrière, s’est changé pour sauter dans un taxi. Direction la base aérienne 107 de Villacoublay. La chemise attendra la soirée, place au jean et au pull à fermeture éclair.

Les étoiles dans les yeux des militaires

« La Nouvelle-Zélande est un jeune pays comparé à la France. À Paris on ressent vraiment la puissance de l’histoire et des lieux. » Dans le van noir parti de l’avenue George V pour le sud-ouest de l’Île-de-France, Richie McCaw ressassait ses souvenirs de pilote en contemplant les immeubles haussmaniens. « J’ai commencé à piloter en 2002 et j’ai eu mon brevet en 2009. Mon père était un pilote et j’ai en quelque sorte baigné dans cet univers très tôt dans ma vie. J’adorais voler avec lui à tel point que lorsque j’ai commencé à gagner de l’argent grâce au rugby, j’ai payé ma licence de pilotage. Je suis devenu addict ! », se souvient la légende néo-zélandaise.

Une fois sorti des bouchons parisiens, le ciel commençait à se couvrir mais l’ancien Crusader restait confiant sur le maintien de son vol. L’expérimenté pilote en a vu d’autres. « J’ai déjà piloté sous la pluie ou dans des conditions difficiles… c’est la Nouvelle-Zélande vous savez ! Le temps est extrêmement changeant. Plus sérieusement, ce que je recherche dans cette pratique, c’est la liberté. En hélicoptère, vous pouvez vous poser sur n’importe quelle montagne ou dans le jardin des habitants (rires) ! C’est une expérience vraiment unique de voler au milieu des paysages néo-zélandais », s’amuse l’ancien capitaine.

Malgré une expérience de vingt ans dans le ciel, Richie McCaw n’effectuait que son deuxième vol hors de sa patrie, après une première expérience au-dessus de Marseille. Après quarante minutes passées sur les routes franciliennes, la base aérienne 107 de Villacoublay apparaissait enfin dans la grisaille et le vent de ce lundi 23 octobre. Au programme d’abord, une visite des locaux avant une rencontre avec cinq membres de la base, dont la majorité jouait pour le XV Pacifique, une équipe de rugby composée de joueurs issus des territoires d’outre-mer. Menés par Maleko Saliga, civil travaillant dans la livraison de carburant, ces hommes n’avaient pas assez de mots pour décrire la venue d’un monstre sacré du rugby mondial.

« C’est énorme… il a fallu que j’entre à l’armée pour connaître cela (rires) ! », plaisante l’un d’entre eux, intimidé par la carrière d’un visiteur peu commun. « C’est un symbole du rugby. Pour nous qui venons du Pacifique, c’est encore plus une figure. Il incarne les plus hautes valeurs de ce sport », développe Maleko Saliga. Auréolé d’un collier îlien autour du cou, McCaw a quitté la salle de briefing de la base pour écouter son programme devant une carte de Paris. Stade de France, Versailles, Tour Eifflel… les incontournables de la ville lumière allaient être surplombés par un autre monument, venu de Nouvelle-Zélande. Veste kaki sur les épaules, baudrier de sécurité cintré sur les hanches, le pilote McCaw est monté derrière le capitaine Sylvain dans un AS555 Fennec, un hélicoptère assurant des missions de sécurité dans le ciel de la capitale. Le soleil pointait le bout de son nez, et l’ancien All Black s’envolait pour une expérience unique.

Paris dans les airs

Porte ouverte sur l’intégralité du vol, Richie McCaw s’est senti aussi à l’aise dans le ciel que dans un ruck jadis. Après une heure d’escapade aérienne, le double champion du monde retrouvait la terre ferme avec un large sourire. « C’était une expérience incroyable, j’ai pu voir tous les monuments vu du ciel. J’ai déjà eu l’occasion de piloter ce genre d’appareil, mais je dois dire que j’étais entre de bonnes mains (rires) », raconte le Néo-Zélandais en regardant le capitaine Sylvain.

« Pour un rugbyman comme moi, formé à Agen, ça fait extrêmement plaisir d’avoir Richie McCaw dans l’hélicoptère. On parle quand même d’un double champion du monde donc c’est impressionnant. Mais au-delà de ça, il était largement à l’aise pendant le vol on sent que c’est un habitué ! », raconte celui qui est encore entraîneur à l’US Salles, dans la région bordelaise. Idolâtré par le personnel présent sur la piste d’atterrissage, l’ancien capitaine des Blacks a joué le jeu d’une grande photo de famille avant de regagner le van noir. Les cernes commençaient à dessiner le visage de l’ancien flanker et la fatigue s’engouffrait dans les jambes de l’éternel Crusader.

L’aiguille de dix-sept heures venait de passer et les paupières du Maori devenaient de plus en plus lourdes. De retour à l’hôtel Le Fouquet’s-Barrière, plusieurs inconditionnels de McCaw ont sauté de joie à la vue de leur idole, avec une séance de dédicaces improvisée. Cette ultime mission accomplie, le plus illustre des numéros 7 allait enfin regagner sa chambre pour s’endormir et lutter contre les onze heures de décalage horaire avec le pays au long nuage blanc. Un moment de répit de courte durée puisque Richie McCaw était attendu à la cérémonie des Oscars Midi Olympique deux heures plus tard. Entre les murs chatoyants du Pavillon Gabriel, l’icône néo-zélandaise se retrouvait en compagnie des Kolisi, Dusautoir où Pienaar. Après deux journées intenses, terminait son marathon comme il l’avait commencé : entre capitaines, à la française.

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