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Blessures : le biceps, nouveau talon d’Achille

  • L’ancien talonneur et capitaine du XV de France s’est rompu deux fois le biceps du bras gauche en 2019 et 2021.
    L’ancien talonneur et capitaine du XV de France s’est rompu deux fois le biceps du bras gauche en 2019 et 2021. Icon Sport - Alexandre Dimou
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Le docteur de Mondenard, observateur de l’évolution du sport, s’inquiète de la recrudescence des ruptures des tendons du biceps, nouveau mal typique des rugbymen modernes.

On a désormais suffisamment de recul. Plus de vingt-cinq ans après le passage au professionnalisme, ceux qui suivent les pathologies du rugby font une constatation. Les blessures au biceps brachial sont de plus en plus fréquentes. On se rompt désormais souvent les tendons du bras, pas autant que les ligaments du genou, la hantise des rugbymen, mais tout de même.

C’est la constatation du docteur Jean-Pierre De Mondenard, observateur infatigable de la vie sportive. "Il faut comprendre qu’avant les années 2000, les ruptures du biceps brachial étaient rarissimes." Depuis, on a vu des dizaines de cas : sept dans la seule saison 2014-2015. L’ancien capitaine du XV de France, Guihem Guirado s’est rompu deux fois le biceps du bras gauche en 2019 et 2021. Verdict : cinq mois puis quatre mois d’arrêt. Cette saison, le pilier international de Clermont Rabah Slimani a vécu le même coup du sort. On pourrait aussi citer Pierrick Gunther le troisième ligne actuellement à Béziers (passé par Pau et Toulon), deux fois touché en 2015 et 2018, mais aussi Yoann Maestri, touché en octobre 2021 alors qu’il jouait au Stade français ou même Thierry Dusautoir, blessé en 2014.

Les cas surviennent souvent en position défensive quand le joueur s’oppose à un adversaire lancé, on peut se rompre les tendons du haut, ils font descendre le muscle ou ceux du bas qui font remonter le muscle. Le docteur de Mondenard estime les cas à cinq ou six par an contre zéro avant 2000. "En 2015, des propos du professeur Essig dans les colonnes de La Dépêche m’avaient alerté. La musculation intensive est le déclencheur de tous ces incidents. On n’y pensait pas trop dans le rugby, mais ce genre de blessures est connu depuis longtemps dans des sports comme le bodybuilding, chez les lanceurs ou en haltérophilie. Le joueur de rugby est devenu une sorte d’haltérophile. En tant que médecin, dans la vie courante, on rencontre des ruptures du biceps, mais chez les gens de 60 ou 70 ans, c’est-à-dire des gens qui ont des muscles usagés, souvent des manuels qui ont surutilisé leurs biceps. Ils se retrouvent donc avec le syndrome de la "boule de Popeye". Mais chez les gens de 25-30 ans, on ne rencontre jamais cette blessure." Le biceps est une courroie de transmission qui se retrouve en décalage avec la puissance du moteur. Mais les tendons du biceps ont plus de laxité que les ligaments du genou. Les ruptures sont donc moins fréquentes, les opérations et la rééducation sont moins délicates aussi, ce qui aboutit à des absences de trois mois d’un côté contre six mois de l’autre. "Je ne dis pas que le biceps dépasse le genou, mais cette pathologie devient courante. Je me demande ce que font les instances pour lutter contre cette épidémie, autrefois inconnue." Selon le médecin, on ne peut empêcher les joueurs de se muscler, mais trouver une autre façon de travailler : "Essayons de comprendre ce qu’on peut faire pour limiter la casse."

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