Abonnés

Portrait - Sophie de Goede, l’héritière du rugby canadien

Par Simon VALZER
  • Portrait - Sophie de Goede, l’héritière du rugby canadien
    Portrait - Sophie de Goede, l’héritière du rugby canadien PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
Publié le
Partager :

Non contente d’être la numéro huit, la capitaine mais aussi la buteuse de son équipe et de porter un patronyme néerlandais, Sophie de Goede est également la fille de deux légendes du rugby canadien. Rencontre.

Allons droit au but : Sophie de Goede est la plaque tournante du jeu des Canadiennes. Et même plus encore que son poste de troisième ligne centre l’y oblige. Non contente d’être la joueuse qui compte le plus grand nombre de courses balle en main (90), elle a fait autant que la numéro 10 anglaise Zoe Harrison lors de sa demi-finale perdue. En touche, c’est pareil : elle est la sauteuse principale dans l’alignement des Canucks et a été sollicitée à cinq reprises face aux Red Roses. Et pour couronner le tout, elle est la buteuse principale de l’équipe. Une avant qui bute, on n’avait pas vu cela depuis la légende australienne John Eales. Elle le fait avec un certain talent (neuf transformations depuis le début de la compétition, à égalité avec la référence mondiale Emily Scarrat). Ce talent, elle l’a gardé de son passé de demi d’ouverture, son premier poste. Vous l’aurez compris, la numéro 8 des Maple Leafs sera une menace majeure pour le XV de France Féminin. Et les Bleues l’ont déjà identifiée en tant que telle : «Avant chaque match, on identifie les facteurs X des adversaires, nous confiait la troisième ligne Charlotte Escudero. Elle est ressortie directement. Sur le terrain, elle alterne toutes les formes de jeu : au large, derrière la 10 ou dans le jeu pénétrant avec les avants… Elle va où elle veut sur le terrain.»

La seule Canadienne qui connaît mieux Dan Carter que Wayne Gretzky

Sophie de Goede est donc une sorte d’extra-terrestre. Une joueuse ultra-complète, qui sait tout faire sur un terrain. Quand on lui fait remarquer cela, la blonde de 23 ans se marre : «Vous allez dire que la génétique m’a bien aidée, hein ! Ce n’est pas faux…» Car elle porte un nom de légende dans le rugby canadien, bien que celui-ci possède une forte consonnance néerlandaise. Elle est la fille de Hans de Goede, robuste deuxième ligne né à Amsterdam puis exilé en Colombie britannique qui fut le capitaine du Canada lors de la toute première Coupe du monde, en 1987 et qui joua pendant 13 ans pour les Canucks. Elle est aussi la fille de Stephanie de Goede qui fut, elle aussi, la capitaine de la sélection canadienne quatre ans plus tard, lors du premier Mondial féminin au pays de Galles et le demeura pour dix ans : «Je n’ai vu que très peu d’images des matchs de ma maman. Récemment, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a raconté qu’elle était une flanker féroce mais une capitaine apaisante.» Elle reçoit aussi quelques conseils de papa : «Tous les deux ou trois jours, il m’écrit un e-mail avec des notes sur le leadership et la façon que l’on doit adopter pour parler à ses coéquipières. Je ne suis qu’une jeune capitaine donc ses conseils me sont très utiles.»

Elle n’a que 23 ans en effet, et dispute son premier Mondial. Après une jeunesse multi-sports (athlétisme, aviron, football, trail, et hockey sur gazon) qui aurait pu déboucher sur une carrière de basketteuse de haut niveau, son cœur a finalement penché pour le rugby : «C’est plutôt rare au Canada, mais je pourrais vous raconter davantage de choses sur Richie McCaw et Dan Carter que sur Wayne Gretzky» (la légende vivante du hockey sur glace canadien, N.D.L.R.). Repérée dans son club de Victoria alors qu’elle n’était qu’une adolescente, elle fut d’abord sélectionnée à VII avant de connaître sa première cape à XV en 2019. L’année suivante, elle décide de traverser l’Atlantique pour intégrer les Saracens, en Angleterre, où elle devient enfin professionnelle. Une chance que n’ont pas une majorité de ses coéquipières : «Elles se lèvent à 5 heures, vont à la salle à 6 heures, travaillent de 8 heures à 16 heures, puis s’entraînent de 5 à 7. Nous n’avons pas les même contrats que les Anglaises, Néo-Zélandaises ou Françaises. Elles doivent poser des vacances pour faire les stages, d’autres ont dû quitter leurs emplois pour jouer ce Mondial», grince la blonde. «Des fois on se demande ce que l’on pourrait accomplir si on était toutes pros. Mais au moins, ces sacrifices font prendre conscience à tout le monde à quel point cette Coupe du monde est importante. Les Françaises sont prévenues…

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?