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Top 14 - Christophe Urios (Union Bordeaux-Bègles), dix mois de fracture(s) avec les joueurs de l'UBB

  • Top 14 - Christophe Urios (Union Bordeaux-Bègles), dix mois de fracture(s)
    Top 14 - Christophe Urios (Union Bordeaux-Bègles), dix mois de fracture(s) Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Après avoir prolongé son contrat jusqu'en 2025 il y a moins d'un an, Christophe Urios a été écarté de son poste de manager de l'Union Bordeaux-Bègles en ce début de semaine. Une décision forte de Laurent Marti, qui se justifie par la dégradation - à plusieurs niveaux - de la situation depuis janvier dernier. Explications.

Christophe Urios n'est donc plus le manager de l'Union Bordeaux-Bègles. Comme annoncé par nos confrères de L'Equipe, le président Laurent Marti a décidé, après mûre réflexion, de se séparer du technicien qui avait pourtant prolongé son contrat l'an passé jusqu'en 2025. Vendredi dernier, Midi Olympique expliquait que le boss de l'UBB avait bien reçu Yannick Bru quelques jours plus tôt pour évoquer une collaboration, et que celui-ci pourrait être accompagné de Thibaud Giroud et Christophe Laussucq la saison prochaine. Preuve que le temps d'Urios à la tête de l'effectif girondin était compté. Et, si le fait que ce soit acté dès à présent peut surprendre notamment parce que la libération de l'intéressé va coûter cher, la fragilité de sa situation n'avait rien d'étonnant. Fin 2021, une telle issue aurait évidemment été impensable. Bordeaux-Bègles caracolait alors en tête du classement de Top 14, avec Urios en homme fort pour incarner cette réussite, lui que Marti était parvenu à convaincre de rejoindre son projet en 2019 et qui était considéré comme celui qui avait fait changer ce club de dimension sur le plan sportif. Mais tout s'est peu à peu écroulé durant les mois suivants.

Le clash avec Jalibert et Woki

Bien sûr, chacun a en tête l'épisode du clash avec Matthieu Jalibert et Cameron Woki après la dernière journée de la phase régulière du championnat début juin, quand Christophe Urios s'était senti trahi par son équipe après une défaite à Perpignan qui l'obligeait à passer par la case barrage. Il avait visé nommément ses deux leaders : « Cameron, je ne le vois pas, Matthieu, je ne le vois pas. (...) J'aimerais que les joueurs passent devant. C'est le moment que les leaders "sortent du bois", passent devant. » Des critiques que les deux internationaux avaient très mal vécues. Ils l'avaient d'ailleurs fait savoir lors du barrage victorieux face au Racing 92 une semaine plus tard, dans une soirée qui avait tourné au règlement de comptes. Woki, en mettant le doigt sur sa bouche après avoir inscrit un essai et en affirmant ensuite, lorsqu'il lui était demandé à qui le geste s'adressait : « Je pense que tout le monde a compris. » Jalibert en déclarant au micro de Canal + après le match : « Cette semaine, ça a été tendu. Vous l’avez vu, il y a eu des déclarations dans la presse de notre manager, des joueurs ciblés. Voilà, j’ai juste envie de dire que nous, on ne joue pas pour Christophe. » Une affaire que l'UBB a traînée de longs mois, et qu'elle traînait encore certainement...
 
Un mois après l'incident, Woki était libéré de sa dernière année de contrat - contre une forte indemnité - pour rejoindre le Racing 92. Un départ que son pote Matthieu Jalibert a très mal digéré, ce qu'il a fait savoir. Le président Laurent Marti, conscient qu'il devait monter au front et ménager un manager qu'il avait choisi de conserver cet été, lui avait répondu, lui réclamant en somme de se concentrer désormais sur le jeu. Depuis, selon nos informations, les relations seraient très fraîches entre les deux hommes. Mais, en coulisses, Marti faisait de plus en plus part de son mécontentement sur l'investissement et le travail de Christophe Urios. Pourquoi l'avoir prolongé alors en décembre 2021 et lui avoir offert un contrat jugé important ? A l'époque, l'entente n'était déjà pas idyllique mais le président bordelais considérait que le technicien, fort de son bilan jusque-là, restait l'homme de la situation. Celle-ci s'est fortement dégradée dans la foulée.

Nombreuses tensions en interne

Si l'attention s'est portée sur les tensions avec Jalibert et Woki en juin, elles auraient été nombreuses en interne depuis janvier dernier. Urios, à l'exigence parfois extrême, s'est mis une partie de son groupe à dos au fil des semaines, pas aidé par la spirale négative de résultats à laquelle l'UBB a eu des difficultés à mettre fin en deuxième partie de saison dernière. Certains joueurs lui ont notamment reproché ses excès allant, selon eux, au détriment du groupe. Ainsi, l'effectif fut frappé par une cascade de blessures, ce qui a d'ailleurs créé de vives turbulences avec le staff médical et conduit à un remaniement, et quelques-uns ne comprenaient pas pourquoi il leur était demandé de revenir plus vite que prévu à la compétition, augmentant les risques de rechute, ou pourquoi plusieurs séances censées être allégées viraient trop vite à la haute intensité. Beaucoup, constatant que le staff sportif semblaient moins uni autour du manager qu'avant, estimaient que cela n'aidait pas à vider l'infirmerie ou à retrouver une forme optimale, décisive dans l'ultime ligne droite. Même quelques-uns de ses soutiens dans le groupe attendaient de lui une remise en question, qui aurait pu apaiser le climat. Mais, de janvier à juin, la fracture s'est creusée entre le manager et certains de ses hommes, à qui il a souvent reproché de ne pas suffisamment se révolter sur le terrain. Ses coups de gueule en conférence de presse ont été nombreux, mais sans l'effet espéré. Et, alors que la gestion d'Urios était remise en cause, les dirigeants bordelais appréciaient de moins en moins de le voir multiplier ses activités (domaine viticole, séminaires, RMC, etc.), préférant qu'il se concentre sur sa mission à l'UBB.
 
Voilà comment tous les acteurs ont terminé la saison passée lessivés, physiquement et mentalement. A commencer par Christophe Urios lui-même qui, chose dont il n'a pas l'habitude, a eu besoin de couper complètement pour partir en vacances avant de replonger dans le bain. De leurs côtés, la plupart des joueurs ne cachaient pas leur lassitude, arguant pour certains avoir perdu le plaisir et évoquant la nécessité impérieuse de se changer les idées, de se régénérer. Chacun savait qu'Urios devait trouver les ressources, dans son management, pour définitivement évacuer les frustrations et les tensions à la reprise, puis permettre à l'effectif girondin de repartir sur une nouvelle aventure en août. L'ancien talonneur a essayé d'adapter son discours et ses méthodes, mais la défaite inaugurale à domicile, face au Stade toulousain, a forcément précarisé les choses, malgré une performance plutôt séduisante ce jour-là. Depuis, les Bordelais ont soufflé le chaud et le froid, jusqu'à réaliser une première partie d'exercice décevante (11e après dix journées) et connaître le revers de trop à Pau le 6 novembre (7-33). Alors que des garçons en fin de contrat ont placé l'avenir du staff dans les discussions concernant une éventuelle prolongation, et que le recrutement a du mal à avancer face au flou actuel, Marti s'est alors rendu à l'évidence : les ressorts étaient cassés. Conscient que cela aurait de fortes conséquences financières, il a tranché dans le vif en ce début de semaine.

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Les commentaires (8)
semperfi65 Il y a 1 année Le 15/11/2022 à 21:22

Urios redevient donc simple viticulteur. on va enfin savoir si le vin est meilleur quand on gueule sur les raisins

jmbegue Il y a 1 année Le 15/11/2022 à 23:24

Excellent... (pas son vin, votre blague)

Peio-de-cambo Il y a 1 année Le 15/11/2022 à 19:58

Un président qui "dégage " deux managers en quatre ans (Ibanez et Urios ) et qui a la mémoire courte (quelle était la place de l'UBB quand Urios est arrivé (12 éme ).
C'est à la fin du bal que l'on paye les musiciens .
On verra ou sera l'UBB à la fin du championnat

BOSS40140 Il y a 1 année Le 15/11/2022 à 17:53

N'oubliez que si Marty n'était pas venu le SBUC et BEGLES seraient en Fédérale 1 et peut-être plus bas