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Un jour, une histoire - 1992 : la double griffe des Pumas

  • Lisandro Arbizu était le capitaine des premiers Pumas vainqueurs en France. Il pose ici avec Fabien Galthié qui était le demi de mêlée des Bleus. Cette défaite provoqua une bataille terrible en coulisse qui vit le sélectionneur Pierre Berbizier et le président Bernard Lapasset résister au manager Robert Paparemborde et au lobby des Barbarions qui voulaient les déloger. Photo Archives Midi Olympique
    Lisandro Arbizu était le capitaine des premiers Pumas vainqueurs en France. Il pose ici avec Fabien Galthié qui était le demi de mêlée des Bleus. Cette défaite provoqua une bataille terrible en coulisse qui vit le sélectionneur Pierre Berbizier et le président Bernard Lapasset résister au manager Robert Paparemborde et au lobby des Barbarions qui voulaient les déloger. Photo Archives Midi Olympique
  • Lisandro Arbizu était le capitaine des premiers Pumas vainqueurs en France. Il pose ici avec Fabien Galthié qui était le demi de mêlée des Bleus. Cette défaite provoqua une bataille terrible en coulisse qui vit le sélectionneur Pierre Berbizier et le président Bernard Lapasset résister au manager Robert Paparemborde et au lobby des Barbarions qui voulaient les déloger. Photo Archives Midi Olympique Lisandro Arbizu était le capitaine des premiers Pumas vainqueurs en France. Il pose ici avec Fabien Galthié qui était le demi de mêlée des Bleus. Cette défaite provoqua une bataille terrible en coulisse qui vit le sélectionneur Pierre Berbizier et le président Bernard Lapasset résister au manager Robert Paparemborde et au lobby des Barbarions qui voulaient les déloger. Photo Archives Midi Olympique
    Lisandro Arbizu était le capitaine des premiers Pumas vainqueurs en France. Il pose ici avec Fabien Galthié qui était le demi de mêlée des Bleus. Cette défaite provoqua une bataille terrible en coulisse qui vit le sélectionneur Pierre Berbizier et le président Bernard Lapasset résister au manager Robert Paparemborde et au lobby des Barbarions qui voulaient les déloger. Photo Archives Midi Olympique
  • Lisandro Arbizu était le capitaine des premiers Pumas vainqueurs en France. Il pose ici avec Fabien Galthié qui était le demi de mêlée des Bleus. Cette défaite provoqua une bataille terrible en coulisse qui vit le sélectionneur Pierre Berbizier et le président Bernard Lapasset résister au manager Robert Paparemborde et au lobby des Barbarions qui voulaient les déloger. Photo Archives Midi Olympique Lisandro Arbizu était le capitaine des premiers Pumas vainqueurs en France. Il pose ici avec Fabien Galthié qui était le demi de mêlée des Bleus. Cette défaite provoqua une bataille terrible en coulisse qui vit le sélectionneur Pierre Berbizier et le président Bernard Lapasset résister au manager Robert Paparemborde et au lobby des Barbarions qui voulaient les déloger. Photo Archives Midi Olympique
    Lisandro Arbizu était le capitaine des premiers Pumas vainqueurs en France. Il pose ici avec Fabien Galthié qui était le demi de mêlée des Bleus. Cette défaite provoqua une bataille terrible en coulisse qui vit le sélectionneur Pierre Berbizier et le président Bernard Lapasset résister au manager Robert Paparemborde et au lobby des Barbarions qui voulaient les déloger. Photo Archives Midi Olympique - GARCIA BERNARD
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Il y a trente ans, le 14 novembre 1992, la France perdait pour la première fois chez elle face à l’Argentine. Événement héroïque pour les pumas et hyper politique côté français, il déboucha sur une grosse bataille en coulisse. Une tête tomba, mais pas celle qu’on avait prévue. .

Par un long mouvement de bascule, ce match se renversa inexorablement, jusqu’à cette touche, captée par Raul Perez, relayée par Federico Mendez. Alors que Perez balance un marron à Benetton, Gonzalo Camardon sert son ouvreur : Lisandro Arbizu. Des quinze mètres légèrement à gauche, il ajuste un drop de cadet. Un simple petit coup de patte pour un résultat monumental. L’Argentine s’impose pour la première fois sur le sol français, 24 à 20 devant une foule abasourdie, à Nantes. Les Français ont menés 15 à 3, ils ont marqué trois essais contre zéro, mais ils s’inclinent après une ultime reculade en mêlée et une guirlande de pénalités d’un arrière métronomique : Santiago Meson, promu bourreau numéro 1 des Français en cette année 1992. L’été précédent, il avait infligé la même punition aux Français mais sous le maillot orange de la province de Tucuman dans un match de tournée (victoire 25-23). De héros provincial, il devient héros national avec son profil typique : fils d’architecte, étudiant en médecine avec comme ambition, être ophtalmologue. Dans les couloirs de la Beaujoire, il affirme ses principes. "Jamais je n’irai en Europe jouer pour de l’argent. Je veux rester en Argentine. Je rentre chez moi lundi et mardi, je serai à l’hôpital."

Arbizu, capitaine de 21 ans

Au coup de sifflet final, l’imposant pilier gauche Patricio Noriega, 21 ans, s’abandonne dans les bras d’un coéquipier : une longue étreinte virile que la télévision cadre en gros plan. Les Pumas n’espéraient pas un tel exploit, leur équipe était en pleine mutation. Lisandro Arbizu se souvient : "Je jouais encore en Argentine à Belgrano AC. Tout était arrivé en peu de temps pour moi, victoire en Coupe du monde juniors, début en équipe première de mon club, victoire contre l’Angleterre avec la province de Buenos Aires. Et je me retrouve capitaine des Pumas, à 21 ans et on s’impose en France pour la première fois, un truc qui semblait impossible." Ce fut un vrai coup de tonnerre car les Pumas, n’étaient pas spécialement conquérants : "Ce fut une surprise car nous étions dans une période de transition, la génération des 20-21 ans prenait le relais avec les Sporleder, Jorge, Mendez, Camardon et moi-même,". Il se souvient d’une équipe concentrée sur sa défense et sur l’idée d’"opportunisme", jouer les coups quand ils se présentaient. Les entraîneurs s’appelaient Luis Gradin et Jose Luis Imhoff : "Nous avions l’image d’une équipe rude et forte en mêlée, mais les coachs pensaient que nous avions des talents cachés que nous avions du mal à développer à cause de nos structures très rugby amateur. Je ne parlais pas encore trop mais j’essayais d’être un capitaine dans l’action en match et à l’entraînement." Il s’appuyait sur quelques grognards et notamment, en leader du pack, numéro 8 de Tucuman, Lucas Santamarina, fantassin particulièrement rude.

Pumas, heureux, mais pas euphoriques

À l’époque, nous avions été frappés par les déclarations des Pumas, ni très euphoriques, ni trop triomphalistes. Ils n’avaient pas marqué d’essais mais ils avaient étouffé les Français. Jusqu’à sentir ce cadeau du ciel leur tomber dans les bras. Arbizu : "On avait senti les Français trop confiants, mais au fur et à mesure, avec notre détermination, on avait senti cette confiance diminuer." Chez les autres Pumas, c’était un étonnant festival de modestie mêlée à de la sévérité, presque de la déception vis-à-vis des Bleus. En fait, ils s’excusaient presque d’avoir gagné comme Santiago Meson : "à 15-3, nous n’aurions jamais dû revenir. Nous devons cette victoire à notre tempérament, mais aussi beaucoup à l’équipe de France. Je suis très déçu de la prestation des Tricolores." Luis Gradin renchérissait : "La France a joué sans conviction, c’est ce qui m’a le plus surpris, elle a joué le même jeu que l’Argentine et ça, c’est plutôt inquiétant quand on connaît la culture du jeu à la française." Le colossal German Llanes en rajoutait une couche : "à 15-3, les Français ont changé, ils sont devenus bizarres. Ils n’avaient plus envie. Je crois qu’ils n’étaient pas motivés, ce qui est incroyable. D’ailleurs grâce aux Français le résultat est également incroyable." Avec le recul, ces propos sidèrent, même si les journalistes axaient leurs questions sur l’opinion des Pumas sur leurs adversaires. Le centre Diego Cuesta-Silva de remettre une pièce dans la machine : "La France avait une équipe très jeune, comme nous. Je dirais que les Pumas connaissaient leurs défauts et les Français ne connaissaient que leurs qualités." Plus culottés encore, le pilier Mendez et Luis Gradin se permettaient un avis sur le coaching, en substance : "Sans la sortie de Philippe Gallart, la France aurait gagné…"

Berbizier et Lapasset résistent à Paparemborde

Ce match inoubliable pour les Argentins, planta aussi un jalon important dans l’histoire du rugby français. Il déboucha sur une crise à la FFR, un soubresaut violent, dernier cahot du grand psychodrame des années 90-91. Le siège du sélectionneur Pierre Berbizier vacilla, sous le coup du lobby des Barbarians incarné par son propre manager Robert Paparemborde : "J’avais été nommé fin 1991 et je n’étais là que pour un an, mais je ne l’ai appris que plus tard," commente Pierre Berbizier. "Cette défaite arrivait à point nommé pour les Barbarians qui voulaient me limoger et déloger ensuite Bernard Lapasset, président de la FFR. C’était dur pour moi de voir Papremborde et Rives agir ainsi. J’avais joué avec eux et les avais admirés." Il faut bien saisir les subtilités de l’époque. Berbizier avait été nommé par Lapasset. Lles Barbarians avaient fait alliance avec Albert Ferrasse aux élections pour éliminer le Toulousain Jean Fabre. Lapasset (pro Ferrasse) était sorti du chapeau avec l’image d’un président de transition, et Paparemborde se voyait bien à sa place. Mais Lapasset ne se laissa pas faire, il déjoua le complot lancé contre Berbizier et lui-même, en virant le trop pressé Paparemborde et ses velléités de coupeur de têtes et en mettant, Guy Laporte à sa place : "Lui était proche de moi. Il avait une dimension politique que je n’avais pas."

Avec le recul, on se rend compte que Berbizier a résisté à un vrai tir de barrage, car la presse était très influencée par le lobby barbarian. Lui, de son propre aveu, avait peu de relais dans les médias (il reconnaît que c’était une erreur de sa part de ne pas le cultiver). Il fut donc attaqué de partout sur son projet de jeu, soi-disant frileux : le "jeu de zones," qui interdisait de contre attaquer depuis certains endroits.

"En juin, nous avions battu deux fois les Pumas chez eux facilement. Il faut comprendre que le sélectionneur n’avait pas les joueurs en permanence pendant un mois comme maintenant. On se rassemblait le mercredi pour le samedi. Mon tort fut sans doute d’avoir utilisé ce match pour tester de nouveaux joueurs pour constituer un groupe (Bernat-Salles, Mazas, Graou, N.D.L.R.), je testais aussi un nouveau capitaine, Jean-François Tordo, très précieux pour ses qualités humaines et mentales." Il relançait un demi de mêlée, barré lors des matchs précédents : un certain… Fabien Galthié. "Je me devais de faire des paris. Nous avons perdu par notre inorganisation et par notre indiscipline, avec il est vrai une série de pénalités généreusement accordées par M. Megson. Je précise que le Tournoi suivant, c’est la France qui l’a gagné, avec le premier classement officiel de l’Histoire." Quant aux critiques sur son jeu : "Elles ne me touchaient pas, j’ai même le sentiment d’avoir été un peu en avance. J’entends parler aujourd’hui de jeu de dépossession."

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