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Top 14 - Boxing Day : les joueurs pas à la fête...

Par Ludovic Favre
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Publié le Mis à jour
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Au contraire des spectateurs, présents en nombre dans les stades, et de Canal +, le diffuseur, les joueurs de Top 14 regrettent l’absence de trêve à Noël. C’est en tout cas le résultat de notre consultation auprès d’une centaine d’entre eux.

Les joueurs du Top 14 ont du mal à digérer la programmation d’une journée de championnat à Noël. A une très large majorité (76 %), ils se prononcent contre la tenue des rencontres ce week-end-là, comme le montre notre consultation exclusive effectuée auprès des principaux intéressés (voir graphique ci-dessus). A noter que nous avons privilégié, la plupart du temps, de maintenir l’anonymat de nos interlocuteurs afin de les laisser s’exprimer plus librement. Conscientes de ces réticences, Canal + et la Ligue nationale de rugby, qui n’ont rien oublié de la menace de grève qui avait plané en 2016, ne feront se disputer qu’un seul match le samedi 24 décembre (15 heures), entre le Racing 92 et le Stade français-Paris, et ont fait en sorte que le calendrier propose essentiellement des derbys (voir encadré), afin de limiter les déplacements des équipes et de permettre aux joueurs de rentrer rapidement chez eux.
Des efforts salués. « Le fait que ce soit les derbys et que ce soit proche, c’est pratique pour tout le monde » - mais pas au point de calmer la discorde. « Je suis contre les matchs pour le Boxing Day, fulmine un joueur de l’Aviron bayonnais, qui sera sur la pelouse de Pau le vendredi 23 décembre. Notre championnat est déjà assez chargé. Les fêtes de fin d’année sont des moments où notre famille entière est réunie. On devrait pouvoir prendre le temps de profiter de nos proches. Là, ça va être la course. Tu peux en profiter un peu mais pas trop car tu n’as pas l’esprit libéré. »

Solidarité avec les étrangers

Globalement, ce sont souvent les mêmes arguments qui sont avancés et en premier lieu celui de devoir tirer un trait sur la fête de famille ou les vacances avec les enfants, comme nous le souffle, contrarié, un Lyonnais : « Si tu as des enfants, c’est un moment important pour eux et un match à l’extérieur le 24 décembre t’empêche de profiter de ça. » Il y a aussi le cas des étrangers ou des Français partis monnayer leur talent loin de leur terre d’origine. « Je suis contre car ma famille n’est pas en France, nous précise en ce sens un autre Bayonnais. Lorsqu’on joue le 22 ou 23 décembre, au moins, on peut bouger pour aller les voir. Quand on joue le 24ou le 31, ce n’est pas possible. » Une situation qui entraîne l’empathie d’un de ses coéquipiers : « Personnellement, ça ne me dérange pas mais quand je pense à ceux qui sont loin de chez eux et qui ne peuvent pas fêter, au moins, Noël en famille, ça peut être dérangeant. Du coup, je suis contre le fait de jouer durant cette période. »
Une inégalité de traitement qui peut, en outre, générer frustration et jalousie, comme nous le mentionne encore un joueur basque : « Pour l’équipe qui se déplace, c’est affreux, tout le monde ne peut pas profiter de la même façon. » « Nous, à Toulon, on a la chance de jouer le 22 décembre, face à Lyon, et nous serons donc en repos pour Noël. Ne pas être tous logés à la même enseigne pourrait créer des jalousies entre certains joueurs si on reproduit ce schéma d’année en année. On va savourer cette période avec nos proches et c’est très rare dans une carrière. Toujours est-il que cela ne me pose pas de problème d’être sur le terrain. J’en ai pris l’habitude. Je suis bien plus agacé par le fait de jouer le dimanche à 21 heures, ce qui nous arrive beaucoup au RCT depuis le début du championnat. Pour le coup, ça nous gâche un week-end entier, la journée du dimanche est très longue et ça bouleverse le planning de la semaine suivante. Je préférais jouer à 12 h 30 quand bien même je ne suis pas fan du poulet-pâtes à 8 heures. »

« Une certaine magie »

Ce tableau étant dressé, n’allez pas croire que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. Il y a d’un côté les fatalistes, comme au Racing 92 ou – « Si c’est programmé ainsi, on joue puisque c’est notre métier » - ou ceux conscients que les supporters sont davantage disponibles pour venir dans les stades. Même si à La Rochelle, il n’est nul nécessaire de Boxing Day pour remplir Marcel-Deflandre, les joueurs à la Caravelle restent clairvoyants : « Il faut avouer que cet événement amène une certaine magie dans les stades pour le public » Lucide, un rugbyman bayonnais consent : « Comme nous faisons partie du monde du « spectacle », il est important que nous soyons visibles quand une grande partie de nos spectateurs est disponible. Si Canal + tient tant à programmer une journée de Top 14, c’est qu’il y a une vraie demande. »
Rappelons ici que le calendrier du Top 14 est publié chaque année au cours de l’été. Ce qui avait fait dire en 2016 à Ugo Mola, le manager toulousain, ces quelques mots : « Le rugby français vit à la petite semaine. Ce n’est pas très compliqué de soulever ces questions en juillet. Et puis, sans jouer les Causettes, mes parents travaillant dans la restauration, je n’ai pas passé beaucoup de Noël avec eux. Il y a plein de gens qui vont travailler le 24. » Autre son de cloche, du côté de Pierre-Henry Broncan, le manager du Castres olympique qui a connu le championnat anglais avec Bath (2018-2020). « Pour avoir travaillé outre-Manche, je sais que d’autres solutions sont possibles. Les Anglais ont aussi un Boxing Day, c’est même eux qui l’ont inventé ! Là-bas, nous avions très peu de vacances mais jamais, ô grand jamais, les clubs ne jouent ou ne s’entraînent les 24 et 25 décembre », confiait-il dans Midi Olympique il y a un an.
D’aucuns enfin rétorquent qu’il est indécent pour des sportifs bien payés de se plaindre. Comme lors de la menace de grève de 2016, plusieurs présidents de clubs ou entraîneurs montent au créneau régulièrement pour dire tout le bien qu’ils pensent du Boxing Day. « Sur le coup, on se dit que c’est un peu embêtant et qu’on aimerait passer du temps en famille. Mais honnêtement, j’aime bien ces matchs en période de fêtes. Si tu ne veux pas faire de Boxing Day, ce n’est pas la peine de jouer ou d’entraîner en Top 14. Les stades sont pleins et les matchs sont généralement beaux », tranche, sans détour, un membre de l’actuel staff de Clermont.

Jour de l’an : les Joueurs peu concernés par le Réveillon

Pour le week-end du jour de l’An, le résultat de notre consultation est claire (voire le graphique en page 21) : plus de la moitié des joueurs de Top 14 sont indifférents à enfiler les crampons pour ce week-end de Réveillon. Seuls 45 % d’entre eux voudraient sanctuariser la période des fêtes, comme ce qui peut se faire en deuxième division - « Quand j’évoluais en Pro D2, j’appréciais la pause de quinze jours pour les fêtes »- quand d’autres préférent se rejouir d’éviter les excès « Pour le 31, ça me dérange moins que le 24 car je n’attache pas d’importance à la soirée du nouvel an », nous avoue, par exemple, un Bayonnais. Des propos corroborés à Pau - « Le 31, peu importe, tant qu’on a Noël en famille » - ou à Toulon : « Je ne vois pas d’inconvénient à jouer vers le 30 ou 31. En revanche, pour Noël, on devrait pouvoir passer ce moment avec nos familles. C’est toujours une période frustrante car on ressent le besoin de souffler et de passer du temps avec nos proches. »
Un repas à partager une dinde aux marrons plutôt que d’en recevoir sur le terrain car il est jamais « top de passer le réveillon les épaules dans la glace », conclut un récent champion d’Europe.

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