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FFR - Florian Grill : « Nous sommes la risée du rugby mondial »

Par Arnaud Beurdeley
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Florian Grill (membre du comité directeur de la FFR) -  Après le choix du bureau fédéral de proposer Patrick Buisson comme président délégué, Ovale ensemble, groupe d’opposition à la gouvernance actuelle, a tenu à réagir. Le président de la Ligue Ile-de-France regrette encore une fois que des élections générales n’aient pas été organisées tout en acceptant le principe du référendum. Et il confirme son appel à voter contre Buisson.

Comment avez-vous réagi à la proposition de Bernard Laporte de nommer Patrick Buisson au poste de président délégué de la FFR ?

Nous respectons évidemment le principe de la mise en place d’un référendum puisqu’il a été proposé par la Ministre des sports Amélie Oudéa-Castera et par le comité d’éthique et de déontologie de la FFR. Nous sommes légalistes. Mais nous pensons que les clubs doivent voter contre le candidat qui nous est imposé par Bernard Laporte, quel qu’il soit. Parce que si le candidat est rejeté lors du référendum, il y aura forcément des élections générales. Évidemment, nous ne voulons pas bloquer le rugby, voilà pourquoi nous acceptons le principe du référendum. Mais, de la même manière, le comité directeur de la FFR devra lui aussi ne pas bloquer en cas de refus du candidat proposé par Bernard Laporte, en acceptant cette fois d’organiser de nouvelles élections. Cela peut se faire en 6 semaines après le référendum.

Pourtant, la gouvernance en place prévoit, dans l’hypothèse d’un rejet de Patrick Buisson, de réorganiser un autre référendum en proposant une autre personnalité…

Je dis ça sans aucune animosité, mais ça ne tient pas la route. Nous sommes la risée du rugby mondial. Le simple fait qu’un président condamné nomme son successeur, c’est déjà un peu gros pour être vrai. Ce ne serait pas raisonnable pour le rugby français d’organiser un référendum tous les mois avec un nouveau nom sorti du chapeau à chaque fois, alors que la Coupe du monde se rapproche.

Pourtant, ce sont les statuts de la FFR qui prévoient ce cas de figure, non ?

C’est une lecture des statuts que nous n’avons pas voulu remettre en cause car nous ne voulons pas lancer la FFR dans un débat juridique. Mais les statuts de la FFR disent aussi que le président de la Fédération est élu par les clubs et pas désigné par un président condamné. Nous aurions pu lancer un grand débat juridique, nous ne l’avons pas fait par respect pour la Ministre des sports et pour le comité éthique et par souci de trouver une solution à ces affaires interminables. Mais objectivement, un président doit être nommé par les clubs, un président entouré d’une équipe. Le fait est que Bernard Laporte n’est plus président, il a cédé ses prérogatives aux vice-présidents et au Directeur Général (Laurent Gabbanini) qui, soit dit en passant, n’est pas un élu. Or, les clubs doivent avoir le droit de choisir le président qui va œuvrer jusqu’en 2024, peut-être même en 2025 en fonction du débat qui sera prochainement tranché par le Ministère. Les clubs veulent-ils de Patrick Buisson comme président jusqu’en 2024 ou 2025 sans une équipe soudée autour de lui ? C’est la question. Stop ou encore.

En quoi, la mise en retrait de Bernard Laporte ne vous satisfait-elle pas ?

Je ne fais pas un focus sur Bernard Laporte, je n’ai pas demandé sa démission. Je pense qu’il a d’ailleurs été mal accompagné, notamment par Serge Simon, Claude Atcher ou Christian Dullin. Maintenant, un président est responsable de son entourage. Laporte a des qualités certaines, mais il aurait dû être "coaché" par son entourage pour ne pas déraper. Il a commis des erreurs, il a été condamné. Or, au rugby, on gagne et on perd en équipe. Le comité directeur, qui a accompagné Laporte dans sa victoire, devrait en toute logique l’accompagner dans sa défaite. Et démissionner. Parce qu’organiser de nouvelles élections, ça se fait en six semaines. Ça va très vite. Une nouvelle équipe pourrait être mise en place en mars. On nous rétorque que ça va déstabiliser le XV de France et l’organisation de la Coupe du monde. Je n’accepte pas ces propos !

On vous suit…

Qu’est ce qui a déstabilisé l’organisation de la Coupe du monde ? C’est le licenciement de Claude Atcher et l’absence de pilotage de France 2023 par le comité directeur de la FFR alors que nous sommes actionnaires à 62 %. La gouvernance a été défaillante et les clubs, les licenciés et les bénévoles qui n’ont pas eu accès aux places ont été tenus à l’écart : la Coupe du monde se fait sans eux ! L’autre déstabilisation vient de la condamnation de Bernard Laporte et de sa gravité. Ce n’est pas nous, le groupe Ovale ensemble, qui déstabilisons le rugby français. N’inversons pas les rôles.

Le trésorier de la FFR, sur rugbyrama.fr, dénonce "un comportement opportuniste pour prendre le pouvoir". Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Cela fait 40 ans que je suis dans le rugby amateur, 20 ans en tant que joueur, 20 ans en tant que bénévole. Je fais partie de tous ces gens qui donnent au rugby, qui ne prennent jamais rien, comme des milliers de bénévoles de clubs. Je n’ai pas besoin du rugby pour vivre ni pour exister. J’ai créé mon entreprise il y a 28 ans, je suis un homme de résilience et d’investissement dans la durée. Je ne me sens pas concerné par ce genre de propos et je n’ai pas envie de nourrir ce genre de polémique. Elle n’honore pas le rugby. Je combats les idées, pas les hommes.

Patrick Buisson a longtemps travaillé au sein de l’équipe de Pierre Camou. Avez-vous le sentiment que son nom puisse faire consensus lors du prochain référendum ?

Le sujet n’est pas de savoir si Patrick Buisson est un homme sympathique ou non. Le sujet, c’est de connaître les idées qu’il porte ou qu’il a portées. Regardons sa récente réforme de Fédérale 3 : elle a été un échec. Il avait promis aux clubs qu’ils pourraient voter pour ou contre cette réforme en Assemblée Générale, ça n’a pas été le cas. Il a échangé positivement avec les clubs de nationale mais pas avec les clubs fédéraux et territoriaux. Il a supprimé ce qui est pour moi l’ADN du rugby français, la moitié des titres de champion de France dans le rugby territorial. Il a laissé faire la suppression des boucliers territoriaux qui sont un succès là où Ovale Ensemble les a rétablis ! Le bouclier d’Auvergne a été un succès retentissant, les organisateurs parlent de 300 fûts de bière. ça peut faire sourire mais c’est un indicateur que les bénévoles comprendront. Patrick Buisson ouvre aujourd’hui les yeux sur les jeunes alors qu’il a accepté pendant six ans des rassemblements à l’infini alors que les équipes Ovale Ensemble répétaient sans cesse que c’était une pure folie. L’étude de géolocalisation que j’avais pu faire en son temps, gracieusement, montrait que ces rassemblements couraient à la perte du rugby. Selon que le club se trouve à 10 ou 20 kilomètres, on divise par trois le nombre de licenciés. Résultat : on a un gros problème sur les cadets et les juniors. Ça a été une stratégie mortifère. Et je ne parle pas de la réforme des indemnités kilométriques pour les phases finales. Elle est dramatique. Certains clubs territoriaux feront forfaits pour les phases finales car ils ne pourront pas se payer les bus. On nous a abusés en faisant croire que tout le monde serait gagnant. C’est faux.

Comptez-vous mobiliser les clubs pour voter contre Patrick Buisson lors du référendum ?

Je ne m’attaque pas aux personnes mais les clubs doivent voter contre Patrick Buisson pour obtenir ensuite une élection générale avec un vrai choix. Patrick pourra s’y présenter avec une équipe qui sera la sienne et ses idées. Je le répète : nous pensons qu’une nouvelle élection est la solution pour pacifier le rugby français, redorer notre image à l’international et redonner toute légitimité à la future gouvernance. Que le meilleur gagne dans une vraie élection. Aujourd’hui, nous portons des idées nouvelles. Des idées pour relancer le rugby dans les villages et les villes moyennes, des idées sur le rugby scolaire abandonné par cette gouvernance, une vraie stratégie pour les bénévoles. Les enjeux sociétaux et citoyens sont aussi capitaux pour le rugby français qui a besoin de retrouver du sens et de la modernité. Personnellement je n’ai jamais été élu majoritaire à la FFR. Patrick Buisson, Henri Mondino ou encore Christian Dullin, ça fait un siècle en cumulé qu’ils sont en place à la FFR. Bernard Laporte n’est, de fait, plus Président. Laissons la fédération à des gens nouveaux et porteurs d’idées modernes.

"Au rugby, on gagne et on perd en équipe. Le comité directeur, qui a accompagné Laporte dans sa victoire, devrait en toute logique l’accompagner dans sa défaite"

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Les commentaires (1)
monach Il y a 1 année Le 08/01/2023 à 16:15

Quand l'ego s'en mêle.....