Pro D2 - Elton Jantjies et Raphaël Lagarde, le second souffle du SUA

Au soir de la 15e journée de Pro D2, Agen reçoit une gifle monumentale à Nevers (39-13) et part en congés forcés "avec beaucoup de colère et de frustration" dixit Bernard Goutta. Ça, c’était il y a un mois. Et comme bien souvent cette saison avec Agen, un mois plus tard, la dynamique a complètement changé. Alors encore une fois, on en cherche les acteurs majeurs.

D’une part, il y a ce départ de Manny Edmonds qui a provoqué "un électrochoc dans le groupe" estime Raphaël Lagarde. Il poursuit : "Cela a entraîné une remise en question collective et individuelle. Mais une vraie." Et ça a donc conduit les joueurs à se rendre compte de plusieurs choses : "Nous n’étions pas au point sur nos skills individuels. Il y a ce niveau d’exigence qu’il a fallu accroître." En tout cas, les deux victoires contre Rouen et Vannes n’ont pas poussé les joueurs à l’enflammade selon Martin Devergie : "Je n’ai pas senti la même euphorie qu’après avoir gagné à Biarritz et Mont-de-Marsan. Là, j’ai senti le groupe très froid. Sûr de ses forces, mais avec beaucoup d’humilité. Car nous pouvons gagner quatre matchs et en perdre trois dans la foulée."

Goutta a repris le terrain en main

Le départ du coach des trois-quarts n’est évidemment pas la seule cause de cette nouvelle dynamique. Absolument pas même. L’organisation a changé. Bernard Goutta a repris l’aspect terrain en main. "Ça fait du bien. Bernard est quelqu’un de très humain. Mais ça n’empêche pas qu’il mette une grosse gueulante si les gars ne sont pas appliqués. Il est droit, honnête et les joueurs apprécient cela", estime Devergie. Désormais, le Catalan gère le plan de jeu mais aussi la touche, secteur négatif en première partie de saison pour les Lot-et-Garonnais.

Cette réorganisation intervient aussi au niveau du plan de jeu, où le trio d’entraîneurs a décidé de se pencher sur " des lancements que l’on connaît depuis un moment et des choses simples que l’on maîtrise." Enfin, le planning de la semaine a également été revu. "On débute la journée un peu plus tard, ce qui offre une demi-heure voire plus de sommeil supplémentaire. C’est non-négligeable. Et on fait des journées en continue". "Sans oublier que les gars s’infligent des extras en dehors des entraînements. C’est positif", juge Lagarde.

Ce dernier n’est également pas étranger au visage actuel agenais. "Cela fait un mois que j’ai changé de vie et ça fait très bizarre. Mais je m’y suis fait. Il a fallu trouver des idées d’exercices pour les gars, gérer le timing pour ne pas les désintéresser, apprendre à se familiariser avec les logiciels pour l’analyse vidéo… Je me sens très bien pour le moment." Il ne le dira sans doute pas, mais Raphaël Lagarde a toujours été très apprécié et très respecté au sein de cet effectif. Alors le voir prendre les trois-quarts est finalement une suite logique, rapidement intégrée dans l’esprit de tous les joueurs.

Jantjies, "un grand professionnel"

Autre donnée ayant fait beaucoup de bien aux Lot-et-Garonnais : l’arrivée d’une star internationale. Il n’est pas fréquent de voir arriver un joueur de l’envergure d’Elton Jantjies, malgré toutes les polémiques qu’on lui connaît. Très vite, le Sud-Africain a fait l’unanimité au sein du groupe. "Un mec très gentil, très humble, que je regarde beaucoup. Il tape plus fort et plus précisément dans le ballon", s’émerveille d’ailleurs Thomas Vincent.

Et Raphaël Lagarde confirme : "Il lui a fallu un temps d’adaptation. Aujourd’hui, il est à 100 % physiquement et mentalement. On le voit que sur les skills et l’aspect technique, il est au-dessus. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’il maîtrise aujourd’hui nos annonces, notre plan de jeu, et nos déplacements. Et même les déplacements de ses coéquipiers. Il les fait progresser en les conseillant". Effectivement, le Sud-Africain semble beaucoup plus à l’aise lorsqu’on l’observe à l’entraînement. "Il est totalement en capacité désormais de débuter un match", estime son entraîneur.

Pour autant, face à Biarritz, les clés du camion seront une nouvelle fois données à Thomas Vincent. Le jeune ouvreur se libère. Ses mentors que sont Lagarde et Jantjies y sont pour beaucoup. Le premier cité complète : "Thomas, il a tout. Mais il se posait trop de questions jusqu’ici. Il jouait loin de la ligne adverse et pensait déjà à l’action d’après. Là, on le sent beaucoup plus serein, beaucoup plus à l’aise. Il est en capacité d’agresser la ligne et de jouer comme il s’entraîne ". Côtoyer l’expérience permet parfois de franchir un cap… Tout "bénef’" pour le groupe bleu et blanc qui semble avoir trouver sa bonne carburation.