L'édito du vendredi : coup de grâce
Cette fois, les clubs ont dit non. Trop, c’est trop. Basta cosi. Cette fois, le dernier sprint de la campagne et son lot d’appels téléphoniques passés "sous le manteau" – hors délais- censé rallier les indécis n’ont pas conduit au statu quo.
Les clubs ont donc dit non à la nomination de Patrick Buisson au poste de président-délégué, après sa désignation par Bernard Laporte le 6 janvier dernier. Le successeur censé être idéal paie ici l’addition pour tout le monde. Injuste à l’encontre d’un dirigeant dévoué au rugby et bien sous toutes les coutures ? Oui, certainement. Mais c’est ainsi. Les coups de grave ont été trop nombreux ces derniers temps pour que le coup de grâce ne finisse par tomber sur le président sortant. Et donc les siens.
Clairement, les champions des urnes ou rois des campagnes depuis 2016 ont cette fois baissé pavillon, battus par plus forts qu’eux lors de ce troisième référendum proposé sous l’ère Laporte, le premier du genre à porter la gravité d’un vrai premier tour électoral.
Comment analyser ce "Non" ? Buisson, Laporte & co ont d’abord été emportés par les relents d’une actualité devenue nauséabonde, à force d’affairisme et d’épisodes judiciaires qui se sont enchaînés, jusqu’à mardi encore. Leurs dernières résistances ont certainement été balayées par une vague de "dégagisme" qui s’est nourrie de ce contexte devenu trop anxiogène, au point de masquer l’horizon d’un monde amateur qui ne croit plus en l’avenir proposé. Et qu’importe les Bleus ou le Mondial à venir…
C’est aussi, surtout, le succès de Florian Grill et de ses soutiens, qui n’ont jamais cessé d’occuper le terrain ces derniers mois malgré leur défaite, d’extrême justesse, en 2020. Laporte fut alors réélu à l’énergie – c’est sa seule personne qui fit la différence sur la photo finish – mais Grill avait posé des jalons précieux sur l’ensemble du territoire. Vous l’aurez compris : le temps s’est accéléré et, en manœuvrant parfaitement, il n’a eu qu’à profiter du contexte pour faire jaillir le "non".
Fin du bal ? Tout porte à le croire même si Bernard Laporte a la possibilité de nommer un nouveau président-délégué parmi les membres du Bureau fédéral ; un nom qui devra lui aussi en passer par la case "référendum" et qui prendra donc le risque d’être une nouvelle victime collatérale, retoquée sans avoir fait campagne.
Pire, l’histoire pourrait se reproduire huit fois, avant que ne soient épuisés les candidats et que l’on ne sombre définitivement dans le ridicule !
Une telle perspective plongerait l’ensemble du rugby français dans la crise, à l’arrêt et ingouvernable à bientôt sept mois de la Coupe du monde. Une folie, oui.
La part de risque est devenue trop grande, en termes d’image et de dynamique économique ou sportive. Il en va désormais de la grandeur de notre sport et de ses dirigeants d’écouter leurs clubs et d’en passer très rapidement par les urnes…
En appelant à une élection générale et rapide, il n’est pas ici question d’un positionnement "pro-Grill" ou "anti-Laporte". Il est question de raison. Le rugby français a trop souffert. Il est temps de tourner la page.
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