L'édito du lundi : éléments déchaînés
Dans l'édito du lundi, Emmanuel Massicard revient sur la tempête qui traverse actuellement la Fédération française de rugby.
Dimanche, le Tournoi des 6 Nations démarre donc pour les Bleus avec un premier voyage en Italie qui, sans faire injure aux Transalpins, ne devrait pas poser trop de problèmes au XV de France… Pas question de rouler ici des mécaniques, mais nos vainqueurs du grand chelem, grands favoris pour la couronne mondiale et plus que jamais respectés par la concurrence, semblent largement au-dessus de leurs adversaires.
À moins d’un cataclysme, ce déplacement romain va donc permettre aux hommes d’Antoine Dupont d’enchaîner avec une quatorzième victoire d’affilée avant d’attaquer les choses sérieuses six jours plus tard en Irlande, et de poursuivre ensuite jusqu’au Mondial pour accomplir leur mission. Au bout de la route ? La Coupe du monde, évidemment. Notre Graal absolu.
Voilà pourquoi cette année 2023 est si précieuse à nos yeux. Pourquoi elle concentre toute l’énergie des Bleus, de leur staff et même de leur club depuis de longs mois déjà. Cette union sacrée sur laquelle peut s’appuyer Fabien Galthié est certainement l’une des clés de l’embellie sportive. À tel point que les planètes ne nous sont jamais apparues aussi bien alignées. Alors, pourvu que ça dure…
Sans céder à l’inquiétude facile, permettez-nous d’en douter un peu. Car c’est au moment précis où les Bleus entament l’année la plus importante de toute leur carrière et l’ultime phase de l’ascension vers son Graal absolu que le rugby français pique une de ses plus fortes crises.
Vous l’aurez vu, ça tangue fort en interne, côté fédéral. Mais c’est toute la France du rugby qui se retrouve amoindrie sur le front de la politique intérieure et même extérieure, face à World Rugby. On fait difficilement pire en termes d’image.
Bernard Laporte a définitivement quitté la scène vendredi matin, il faudra très vite remplacer celui qui occupait tout l’espace. Par qui ? La réponse est attendue mercredi, au bout du bout, lors d’un nouveau bureau fédéral où il sera encore question de parer à l’urgence…
C’est qu’au lendemain du référendum qui a confirmé le profond clivage du monde amateur entre ses deux camps, le départ de l’ancien sélectionneur n’a pas tout solutionné. Pas plus que les démissions de Florian Grill et ses soutiens, qui espéraient emporter avec eux une majorité du comité directeur de la FFR. Pas plus que l’intervention de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui s’est invitée aux débats vendredi matin et qui nous a accordé un entretien exclusif ce dimanche afin de marteler un message dénué de toute ambiguïté : le comité directeur doit démissionner.
« AOC » n’a pas ménagé la majorité et elle poursuit dans cette veine, au point que certains s’étonnent de son « ingérence ». Vous la lirez ici, et vous entendrez Virginie Deprince, élue tarn-et-garonnaise, qui lui répond. « Il y aura un temps démocratique en 2024. D’ici là, qu’on nous laisse travailler. » Bonjour l’ambiance !
Alors, fin du bal ? Pour Laporte, c’est réglé. Pour le comité directeur, cela reste encore à voir. D’autant que Florian Grill appelle les clubs à la manifestation. Ainsi vogue le rugby français, au milieu des éléments déchaînés. Avec les uns qui défendent leurs principes, et les autres qui campent sur leurs droits. Reste à mesurer l’ampleur du divorce, et surtout ses conséquences dans la vraie vie du monde amateur. Reste à voir enfin si les Bleus, dès dimanche, emporteront une nouvelle fois tout ce petit monde dans leur porte-bagage…
Je suis déjà abonné(e)
Se connecter pour commenter
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?