6 Nations 2023 - L'édito du vendredi : la belle habitude

Par Léo Faure
  • Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France (à gauche) et Antoine Dupont, capitaine (à droite).
    Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France (à gauche) et Antoine Dupont, capitaine (à droite). PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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On s’habitue à tout, en rugby comme ailleurs. On s’habitue aux affaires qui, de droite et de gauche, de Ligue et de Fédé, de pros et d’amateurs, rythment le quotidien de ce sport sans lui faire toujours honneur. Sans dénaturer non plus la valeur profonde des rendez-vous du dimanche, entre copains, où le match et la bière paraissent si déconnectés des querelles de palais.

On s’habitue aux saisons qui passent, aux champions qui rient, aux relégués qui pleurent. On s’habitue à ce grand lave-linge qu’est le rugby mondialisé, qui ne donne jamais une semaine de répit et qui ose ce bras d’honneur de caser 60 semaines de match dans une année.

On s’habitue à tout, oui, et on en perd parfois une fraction du plaisir. Le grand frisson de l’inédit, de la découverte. On s’habitue à tout, sauf à ça : le Tournoi revient. Et c’est comme une première fois.

Fin janvier, il y a d’abord une première vibration. Et puis, début février, la tension vous saisit. Les sens s’éveillent. L’ouïe, peut-être le plus sollicité de tous. Le Tournoi des 6 Nations, c’est d’abord ça. Les clameurs d’un stade, d’un chant ou d’un bar qui entre en éruption. Et ces hymnes, qu’on ne chante pas ici comme ailleurs. Parce qu’ils sont chantés, justement. D’une voix posée sur la ligne de notes, sans être braillés. Du respect, toujours. L’instant est solennel. L’hymne est le climax du match, avant le match.

Ce samedi, "God Save the King" résonnera pour la première fois dans l’histoire du Tournoi des 6 Nations. La reine des compétitions est un marqueur de ses époques. "Land of my father" sera repris par 80 000 Gallois à la sobriété rare mais qui, le temps de cet instant de partage, rangent leur exubérance celte. Et dimanche, la "Marseillaise" reviendra enfin.

À Rome, on ne jure plus de rien. Les Bleus y ont déjà perdu, et plusieurs fois, à l’encontre du bon sens et de la logique sportive. Un ancien international croisé cette semaine nous avançait cette vieille rengaine dont on a fini par se lasser. "Méfiez-vous, les Italiens ont progressé !" Oui, d’accord. Dans la dernière année, ils ont effectivement battu l’Australie et triomphé sur la pelouse du Millennium de Cardiff, en clôture du dernier Tournoi. Deux exploits qui portent la trace d’un homme : le Toulousain Ange Capuozzo, encore étincelant le week-end dernier en Top 14 et dont il faudra se méfier plus encore.

Pour autant, il ne faut pas vendre la peur. L’Italie, certes en progrès, ne devrait pas dominer ici une équipe classée numéro 2 mondiale et qui se revendique comme un prétendant au sacre suprême, dans huit mois. Ces Bleus, même amoindris par une cascade nouvelle de blessures, iront à Rome avec le devoir de lancer leur Tournoi des 6 Nations du meilleur pied. En route vers un exploit inédit : aligner deux grands chelems consécutifs. Avant d’en arriver là, il y aura Rome. Puis l’Irlande, dans huit jours. Le grand rendez-vous. À condition de ne pas trébucher sur la première marche.

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