Top 14 - Mallia, fidèle aux postes avec le Stade toulousain

La polyvalence est une vertu cardinale à Ernest-Wallon, plus que jamais cultivée sous l’ère Ugo Mola, lequel répéte que "le numéro dans le dos des joueurs importe peu". Dans ce domaine, Juan Cruz Mallia n’a pas d’équivalent. Arrivé à Toulouse comme joker médical en janvier 2021, le Puma (25 sélections), titularisé au centre en l’absence des Guitoune, Holmes, Fouyssac ou Tauzin, avait marqué le seul essai des siens en finale de Champions Cup quatre mois plus tard contre La Rochelle. Cinq semaines après, il était sacré champion de France, en position d’ailier. Poste qui est d’ailleurs celui qu’il a le plus occupé en deux ans avec les Rouge et Noir (quinze fois en vingt-six titularisations). Mais c’est avec le numéro 15, dont il est le propriétaire en équipe nationale depuis un an et demi, qu’il s’est aussi illustré, notamment durant les blessures de Melvyn Jaminet et Romain Ntamack ou le replacement de Thomas Ramos à l’ouverture. Il est aujourd’hui le 10 toulousain pour les doublons. Le demi de mêlée Martin Page-Relo, son partenaire à la charnière contre Montpellier, en sourit : "Juanchi (son surnom, NDLR), il sait tout faire, c’est un Argentin ! Il est bon à l’aile, à l’arrière, au centre. Pareil en 10. Si tu le mets à la mêlée, il sera bon." Ne tentez pas trop Mola…

"Un super joueur de rugby"

Plus sérieusement, le manager apprécie particulièrement l’activité et la palette complète du garçon. Conscient de ses limites dans l’alternance, pour lui qui découvre le métier d’ouvreur au haut niveau, le technicien savait qu’il devait innover sans Ntamack, Ramos ou Dupont, et comptait d’abord sur les qualités intrinsèques de Mallia. Pas vraiment un coup d’essai, puisque l’intéressé avait glissé en numéro 10 en cours de match à Bayonne et à La Rochelle. Avec succès les deux fois. Certes, face au MHR, il a connu quelques lacunes dans l’occupation en première période. Mais, dans une équipe qui avançait devant après la pause, il a impulsé la majorité des mouvements toulousains, apportant de la vitesse et de la maîtrise technique, et fut décisif dans ce succès bonifié. "Ça s’est super bien passé, je me suis régalé avec lui, indique Page-Relo. On a envoyé du jeu (sic) et on n’a pas fait que taper dans le ballon, comme certains auraient pu le croire." Il serait dommage d’être frileux avec son profil atypique à la conduite du jeu. Ses partenaires en sont conscients.

"On s’adapte, explique Dimitri Delibes. C’est avant tout un super joueur de rugby. Il sait s’accommoder, quel que soit le poste ou le collectif. Jouer avec Juanchi, c’est un régal." Même si son entraîneur Jean Bouilhou tient à préciser : "C’est surtout lui qui s’est très bien adapté. Sur certaines bases du poste et notamment le pied, cela a été un peu compliqué en première mi-temps. Mais il connaît par cœur notre système et a été un excellent animateur ensuite. On savait qu’il avait cette capacité. Je n’étais pas surpris de la qualité de sa deuxième mi-temps. Il a grandement participé à son bon déroulement, en faisant jouer beaucoup les autres. On lui doit en partie cette impression d’un jeu plus fluide." Mallia, l’homme "atout" faire.